Embrase-moi Tome 2

Chapitre 4 - Elle

Les lumières passant à travers les rideaux, s'infiltrent sous mes paupières closes. Des bruits de fonds me parviennent. La circulation, les gens à l'extérieur. Mon corps s'éveille doucement. Ma conscience suit le même chemin alors que je me repositionne confortablement dans le lit. J'aime ce moment le matin. Cet entre-deux pendant lequel tu es réveillé sans vraiment l'être. Ce moment où tu profites du cocon chaud que forme la couette. Tu apprécies la douceur des draps sous ton corps. C'est agréable, apaisant. On a pas encore à se soucier du travail, des enfants, du patron. De ces milliards de choses qui n'attendent que nous. Tu profites, tout simplement. Tu grapilles quelques secondes de sommeil supplémentaires. Je me fiche que tout le monde s'accorde à dire qu'il faut se forcer à se lever dès que l'on est en mesure de le faire. J'ai besoin de ce temps pour moi. C'est le seul moment pendant lequel je ne pense pas. Mon esprit n'est pas occupé par les dettes. Les calculs ne tournent pas encore en boucle dans ma tête. Je ne réfléchis pas à ce que je vais devoir faire, ni aux mensonges que je vais dire.

Je savoure seulement.

Un souffle chaud s'échoue sur ma nuque me faisant frissonner. Un sourire étire mes lèvres quand je sens une main se plaquer contre ma hanche. La chaleur de Maximus vient se fondre dans la mienne. Mon cœur accélère alors que son torse se plaque contre mon dos. Mon sang se réchauffe quand ses doigts viennent agacer mon téton. La fièvre s'installe doucement dans mon corps. Ma peau se couvre de frissons. Mon souffle se raccourcit. Je sens le désir se diffuser dans mon être. Il embrase mes sens. Mon entrejambe fourmille alors que mes cuisses s'écartent. Je gémis sous l'assaut de sa bouche dans mon cou. Ses dents râclent délicieusement mon épaule. Il vient coller son bassin contre moi. Contre mes fesses, je sens son sexe en érection. Je me frotte contre lui et me délecte de ses soupirs. Contre mes reins, ses abdominaux se contractent. Mon sang pulse dans mes veines. Il afflue vers mon centre névralgique. Mon clitoris palpite de désir. Je me cambre alors que sa main glisse le long de mon ventre. Un gémissement m'échappe quand ses doigts me pénètrent. Je me retourne brusquement, me collant à lui. Je veux le sentir plus proche. J'apprécie les battements de son cœur contre ma poitrine. Alors qu'il colle son bassin au mien, son parfum envahit mes sens. Mon nez se fronce, ce n'est pas son odeur.

— J'ai tellement envie de toi, Scarlett.

A l'entente de cette voix, mes muscles se crispent. J'ouvre brusquement les yeux et réalise la méprise. Ma conscience se met alors pleinement en marche. C'est la douche froide. La chute est brutale. La réalité me revient en mémoire. Elle est crue, froide. Insupportable. Mon cœur se serre brusquement alors que mon client continue ses caresses. Ses mains laissent des marques douloureuses sur ma peau. Mon corps ne réagit plus. Il est comme mort. Je ne ressens ni désir, ni dégoût. Simplement, le vide. Un vide glacial et silencieux. Mes poumons se contractent. Ils m'empêchent d'inspirer normalement. Je ferme les yeux alors qu'il grimpe sur moi. Mon âme se brise un peu plus. Je ne respire plus. Les battement dans ma poitrine se sont stoppés.

J'ai cessé de vivre, d'exister.

Mon cerveau prend le contrôle et passe en pilotage automatique. Mes cordes vocales produisent des sons sans que je leur ordonne. Je m'entends prononcer des paroles qui n'ont aucun sens pour moi. Je ne maîtrise rien, incapable de réagir. Je subis, mais je ne ressens rien. J'ai l'impression de m'être échappée de mon corps. Comme si je flottais au-dessus de lui. Est-ce que l'on peut dire que c'est l'instinct de survie ? Il prend le pas sur ma conscience et fait ce qui doit être fait. Il m'épargne en me dissociant. Scarlett et Athénaïs deviennent deux personnes distinctes. Enfin, si la dernière existe toujours. Pour moi, elle est restée dans la ruelle cette nuit-là. Elle était trop brisée, trop perdue. Maintenant, il n'y a plus que l'escort et cette pâle copie que je montre aux autres.