Nouvelle journée qui s'annonce dans le cycle devenu routinier de ma vie. Ouvrir les yeux, tendre le bras, mettre une raclée au réveil comme s'il était responsable du fait que je n'ai consenti à céder au sommeil qu'au moment où le soleil songeait à se lever, tenter une réanimation via une douche glacée, enfiler les premières fringues qui passent avant de sprinter à travers les rues de New-York en priant pour que mon manager ne me voit pas arriver une énième fois en retard.
Voilà plus d'un mois maintenant que j'ai retrouvé un statut honorable aux yeux de la société par le biais du travail. J'ai pourtant un mal de chien à reprendre le rythme. Tous ces mois passés sans activité, ou tout du moins, occupée à des activités non rémunérées, ont eu raison de moi et de mon horloge interne. Je vis complètement en décalé du monde. Dormir le jour et vivre la nuit. Quoi de plus naturel quand on sait que la créativité ne se manifeste qu'à ces moments où les rêves sont programmés pour se présenter à nous ? Après tout, ne dit-on pas que la nuit porte conseil ?Je ne dis pas que je suis mécontente de voir une opportunité de carrière qui se situe dans la continuité de mes études se manifester, simplement, je n'arrive pas à me résoudre de stopper pour autant ce que j'aime le plus au monde : le dessin.
J'ai conscience de la frivolité de cette passion qui ne peut mener nulle part dans la vie. Mon père m'a suffisamment rabâché combien il était important que je sois indépendante financièrement, que je sois à la mesure des capacités qu'il me prêtait. Ce n'étaient pas des paroles égoïstes, bien au contraire. Il ne veut que le meilleur pour moi, je le sais. Car il est à mes yeux et en toute modestie, le meilleur de tous les hommes.
Quand ma mère nous a quittés, mon père, ma petite sœur et moi pour retourner au Japon, le pays de ses origines, ça a été une épreuve terrible pour lui. Du haut de ma douzaine d'années, je voyais bien qu'il souffrait. Mais plutôt que de s'apitoyer, il a travaillé, encore et encore afin de pouvoir nous offrir de prestigieuses études à Sayuri et moi. Alors j'ai tout fait pour le rendre fier de moi, autant que je l'étais de lui. Aujourd'hui, j'ai un poste au sein de l'une des plus grandes entreprises New-Yorkaise et Sayuri vient d'entrer à l'université dans la petite ville de Mystery Spell, qui m'était jusqu'à lors inconnue, où elle travaille comme jeune fille au pair pour goûter elle aussi à l'indépendance.Je ne dois cependant pas me reposer sur mes lauriers. Car le poste que j'occupe actuellement ne m'appartient pas. Je ne suis que remplaçante. La jeune femme que je supplée vient en effet de partir en congé maternité et, ayant déjà effectué quelques prestations ponctuelles chez Carter Corp une fois mon diplôme en poche, j'ai pu obtenir le poste vacant sans trop de difficultés.
D'autant que Matt, mon adorable collègue, a largement plaidé en ma faveur auprès du manager du service, Gabriel Simons. Je me demande ce que je ferais sans lui. Et surtout, comment j'ai fait pour rester sans le fréquenter durant de si longs mois !
Je dis fréquenter en tout bien tout honneur car il se trouve que la détentrice du congé maternité n'est autre qu'Aurora, sa femme. Et puis ce n'est pas comme si Matt m'intéressait. Je n'ai pas le temps de m'intéresser aux hommes de toute façon. Je n'ai pas l'âme d'une romantique. L'amour, il y a longtemps que je n'y crois plus. Sûrement que l'exemple que m'a donné ma mère en quittant l'amour pour se concentrer sur sa carrière au Japon ne m'a pas aidée.
Qu'importe, je suis parfaitement heureuse comme ça. Je n'attends rien de personne et c'est très bien comme ça.En revanche, il y a quelqu'un qui semble attendre quelque chose de moi ce matin. Je sens les pattes impatientes de mon affamé de colocataire venir doucement gratter la couette avec laquelle je tente encore de me constituer un bouclier contre la réalité de ce réveil des plus difficiles. Je soulève un pan de la couverture et la frimousse de mon filou de félin envahit aussitôt mon champ de vision.
— Sérieux, Pastabox, t'es conscient que tu t'exposes aux mêmes risques que le réveil, là ?
Je sais. Qui appellerait son chat Pastabox ?. Eh bien moi visiblement. Je n'ai pas pu résister. Quand j'étais étudiante, je me nourrissais quasi exclusivement de ces petites boites toutes faites. Simples, rapides et efficaces, quoi de mieux. Et lorsque l'une de mes amies, dans la même promotion que moi, s'est ironiquement inquiétée pour la survie de l'animal, sachant que je suis asiatique et donc censée manger des chats à tous les repas, j'ai nommé mon nouveau compagnon du même nom que ma source principale d'alimentation. Et je ne regrette rien, car il me suffit de prononcer son nom pour avoir aussitôt le sourire.
VOUS LISEZ
Casser les codes
FanfictionOne shot destiné aux shinning awards, concours de Noël pour lequel j'ai emprunté quelques uns des plus " charmants" personnages de l'univers is it love 😁 Parce qu'il en faut pour tous les goûts 😅🤷