Toi, mon bol de riz

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Il était une fois un bol de riz brun,
Émigré de la folle chaleur des continents,
Il atterrit chez l'idole Marianne un matin,
Après avoir rissolé le long des océans.

Les gourmands et gourmandes étaient aussitôt conquis
Par la beauté subtile de ses particules roussies, 
Car ses grains étaient aussi facilement yeux d'Asie 
Que leur membrane sublime peau d'Afrique.

Cette diversité gastronomique
Tapait dans l'œil des critiques, 
Qui avides d'y goûter, 
Tentaient une vile approche ;
Mais le riz n'était pas prêt, 
Remettez la langue dans votre poche !

Certes, le riz ravissait les sens, 
Et mettait le cœur des gourmands en émoi, 
Mais il fallait le prendre avec baguettes et bon sens, 
Car c'était un bol solidement délicat.

Pourtant il est vrai qu'il laissa un jour, 
Un autre aliment venir à lui. 
Entre eux, ce n'était pas encore de l'amour,
Mais le nouveau venu se fit une place dans son nid.

Celui-ci était femelle méfiante et se nommait Saumon, 
Et plus que charmée par le riz brun, 
Avait remonté le cours de la rizière à tâtons,
Effrayée, mais voulant connaître leurs intérêts communs.

Saumon, lentement, laissa tomber sa méfiante couverture, 
Contre une fine cape filée de riz mûr. 
De couteaux en fourchettes, ils se rapprochèrent,
Tandis que doucement leur provenait l'appel de la chair. 
Appel, qui fut entendu lors d'une belle journée,
Durant laquelle le riz, tendu, se laissa goûter.

Alors que celui-ci passait enfin à la casserole, 
Le saumon fut frappé par la douce mollesse que lui offrait son bol. 
Le riz était si attentionné et tendre à la vapeur, 
Que le saumon laissa s'envoler toutes ses peurs ;
Et pour ne rien gâcher, si croustillant d'humour à la poêle,
Qu'il se mit à nu jusqu'à la moelle.

À dire vrai, tout deux envoyaient paître leurs craintes 
Et se donnaient entièrement et sans feintes. 
Ainsi le saumon et le riz s'enlacèrent dans une étreinte infinie,
Et tout deux formèrent ce qu'on appelle un sushi,
Qui sain et riche de rires et de saveurs fines,
Était la parfaite illustration de la grande cuisine.

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Voilà un poème écrit pour mon copain (malgache pour la compréhension du texte), il y a maintenant plus d'un an. Sachant que c'était son cadeau, je lui ai demandé la permission pour le publier.
Enfin bref vous remarquerez mon amour inconditionnel pour les sushis haha !

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