Rencontre inattendue

Chapitre 4

Ils chevauchèrent toute la journée, semant leurs poursuivants en fin d'après-midi. Le crépuscule tomba et ils firent halte pour se reposer. Mengyao mit pied à terre en premier et s’étira. Ce voyage avait été une véritable torture pour lui, tant physiquement que mentalement. Il n'avait pas voulu gêner Xichen donc il s’était tenu aussi droit que possible, les muscles bandés, malgré la tentation de se laisser aller contre ce corps chaud derrière lui. Mais chaque foulé de galop le rapprochait un peu plus de Xichen et ses bras qui l’encadraient n’aidaient pas. Ce dernier s’était raidi quand Mengyao s’était un peu avachit pour soulager ses muscles. Le plus jeune s’était alors tout de suite redressé, pour s’éloigner le plus possible du plus âgé. De plus son esprit, s’était imaginé toutes sortes de scenarios sur les pensées que pouvaient avoir Xichen à son encontre. Passer toute la journée comme ça avait été un calvaire pour Mengyao car il pensait vraiment que Xichen n’était gentil avec lui que par politesse. Lui, un servant, ne pouvait pas être apprécier par un Jeune Maître tel que Zewu-Jun.
Mengyao aida Xichen à monter leur camp. Ils s’étaient arrêtés dans une petite clairière, près d’un cours d’eau. Un fois le feu allumé et leurs tâches terminées, les deux hommes s’assirent en face des flames, côtes à côtes. Ils ne dirent pas un mot pendant un long moment. Puis Xichen brisa ce silence lourd.

- Pourquoi te trouvais-tu près du recoin nuageux ?

Cette question surprit Mengyao. Devait-il dire la vérité ? Mentir ? Omettre des choses ? Mais comme il mit du temps à répondre Xichen enchaîna.

- Ne t’en fait pas, si tu ne veux pas me le dire, je comprends, dit-il en souriant.
- Je… Désolé Zewu- Euh Xichen, s’empressa de rectifier le plus jeune la tête baissée.
- Je t’ai déjà dit de ne plus t’excuser !
- Déso- Oui Xichen ! cria Mengyao suite au regard courroucé de Xichen.

Xichen éclata de rire, ce qui laissa le plus jeune bouche bée. Le rire de Xichen était une douce mélodie aux oreilles de Mengyao. C’était la seconde fois qu’il entendais ce rire et il aimait ça, il en était accro. Il se promit d’essayer de faire rire Xichen le plus souvent possible. Il se mit aussi à rire, accompagnant le plus vieux. Leur fou rire dura quelques minutes puis l’estomac de Mengyao leur rappela qu’il était temps de manger. Un grondement sourd se fit entendre et ce dernier rougis jusqu’aux oreilles.

- Mangeons, dit Xichen, un sourire sur les lèvres.

Le plus jeune fut subjugué par ce sourire radieux.

- Tu es beau quand tu ris, murmura-t-il distraitement.
- Pardon ? demanda Xichen.
- Rien !!! cria Mengyao en agitant les mains dans tous les sens. Je… Je disais que c’était la seconde fois que je te voyais rire, mentit-il.

Il était hors de question que Xichen entende les mots qu’il avait cru prononcer dans la tête.

- La seconde fois ? l’interrogea Xichen, une expression étonnée sur le visage.
- Oui, confirma Mengyao, c’était hier, avant quand nous nous sommes rencontrés.
- Heu… Tu es sûr ? Je… Je ne m’en souviens pas… dit Xichen, gêné, se massant la nuque d’une main.

Mengyao n’en croyait pas ses oreilles, Xichen ne s’en souvenait pas ? Puis il fit le lien avec sa blessure.

- C’est surement dû à la blessure, la perte de sang, suggéra Mengyao.
- Hum… Oui, c’est surement ça, dit Xichen en tendant un morceau de pain au plus jeune. Je suis désolé… Je n’ai pas autre chose à manger…

Mengyao posa les yeux sur le morceau que lui tendait Xichen et remarqua que l’autre partie était dans la main de son compagnon de voyage. Non ! Il ne pouvait pas accepter !

- Zewu- Xichen, je ne peux pas accepter…
- Tais-toi et mange, et n’ose même pas refuser, trancha Xichen d’une voix froide.

Le plus jeune n’osa pas protester, prit le pain et commença à manger. Un sourire fleurit sur ses lèvres. Xichen jeta un coup d’œil vers son acolyte et lui aussi sourit. Il était soulagé que Mengyao aille bien. Pendant le voyage ce dernier lui avait paru mal à l'aise, tendu. Et quand enfin il s’était détendu contre lui, Mengyao s’était de nouveau raidi et éloigné de lui. Xichen ne savait pas pourquoi. La seule chose qu'il avait fait était de se redresser et raidir son dos pour offrir un meilleur appui au plus jeune. Puis l’aîné avait repensé aux mots durs qu'il avait eu envers lui avant de partir. Mais le voir se rabaisser comme ça lui était insupportable et il s’était emporté. Cependant, il était soulagé de le voir sourire maintenant.