Pause hivernale

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Bonsoir, je suis désolée car c'est encore un chapitre court que je vais sûrement réécrire...Mais je suis malheureusement humaine, ce qui m'empêche parfois d'écrire comme je veux ! Je vous propose de profiter de ce chapitre court, mais intense qui suit le thème Hors-saison  que j'ai quelque peu modifié! Bonne lecture !


 Le lendemain, Dimitri était toujours aussi amorphe. -Il demeurait là étendu dans son lit. Et rien ne paraissait pouvoir le faire sortir de cette transe léthargique. Il semblait se sentir à l'aise dans cette position. Alors que cela ne pouvait que lui nuire. Il n'était plus que l'ombre de lui-même. Un spectre qui se serait perdu entre les dimensions et aurait atterri dans ce monde réel. Cependant, si Dimitri eût rêvé de se trouver autre part qu'ici, il était encore malheureusement en Russie. Il n'avait pas bougé d'un iota. Il était toujours allongé dans cette chambre qu'on lui avait assignée dès sa naissance. Seul, il ne s'inquiétait pourtant pas de ce qui se passait autour de lui. Comme s'il était bloqué sur un mode ralenti que rien ne pouvait faire revenir à la normale. Il reposait tel un semi-cadavre à ressasser toutes ces idées morbides qui lui passaient par l'esprit. Il se demandait pourquoi lui avait survécu. Il se demandait ce qui lui servait de vivre maintenant qu'il avait ce fardeau qui lui écrasait la poitrine. Il pensait qu'il valait mieux rester allongé. Au moins, dans cette position, tout ne pouvait que lui passer au-dessus de la tête.

Et il avait plus ou moins raison. La preuve était que tous les stratagèmes employés pour le faire sortir de son lit se concluaient par un malheureux échec. Nul membre de sa chère famille ne sut lui insuffler assez de force pour l'obliger à bouger. Même ses frères qu'il aimait tant ne réussirent pas à le réanimer. Au mieux, ils réussirent à lui faire esquisser un sourire. Mais c'est tout ce qu'il pouvait leur offrir. Il ne parvenait pas à leur rendre ce fabuleux grand frère qu'ils admiraient tant. Il ne pouvait pas faire renaître de ses cendres cet aîné si fougueux et désireux de contredire toute autorité qu'on tenterait de lui imposer. Non, tout ce qu'il pouvait leur garantir était l'illusion qu'il allait bien. Il ne pouvait que leur donner la certitude que ça allait s'améliorer avec le temps. Qu'il avait juste besoin de repos pour récupérer ce qu'on lui avait ôté.

Hélas, c'était un mensonge. Et les adultes s'en rendirent rapidement compte. Contrairement aux garçons qui lâchèrent rapidement l'affaire, les deux femmes qui l'avaient élevé se liguèrent pour lui mener la vie dure et le faire se remuer. Hélas, leurs efforts furent vains. Elles avaient beau l'asperger d'eau froide, ouvrir en grand les volets, faire un vacarme de folie, il n'esquissait pas le moindre mouvement. Il ne produisit non plus le moindre bruit alors que le Dimitri que tous connaissaient aurait hurlé depuis longtemps. À croire qu'elles l'avaient perdu. Cela ne découragea pas son aïeule. Elle avait beau être marquée par les rides de l'âge, elle n'en demeurait pas moins une mère de famille chevronnée. Que ce fût ses enfants ou ses petits-enfants, elle en avait déjà vu de toutes les couleurs. Et elle n'avait jamais abandonné. Elle ne comptait pas laisser tomber maintenant. Elle menaça alors la prunelle de ses yeux de plus horribles tortures que l'on pût perpétrer dans le cas. L'une d'elles serait de l'ensevelir sous la neige avec ce lit de malheur. Elle eut beau le menacer et appliquer certaines de ces menaces, il ne réagit pas.

Il resta agrippé à son matelas comme s'il s'agissait de sa bouée de survie. Le lâcher serait comme perdre tout son oxygène. Il perdrait son seul moyen de survie en cet univers cruel. Il ne pouvait s'en extraire sous peine de dépérir. Peu importait ce que tout le monde disait, il n'était pas prêt. Il n'était pas prêt de se remettre de cette tragédie. Il ignorait quand il le saurait et au fond, cela n'avait que peu d'importance. Tout ce qui comptait était de gagner le plus de temps possible à s'ancrer dans cette torpeur dénuée d'agitation. Malgré tous ces humains qui gesticulaient devant ses pupilles vides, il resta avachi sur son lit tel l'être malade qu'il était. Après de multiples tentatives pour le ramener à la vie, son entourage abandonna tout espoir de réussir. Personne ne semblait connaître suffisamment le jeune homme pour lui faire émettre la moindre réaction. Aucun habitant de cette maison n'était à même de le comprendre ni de l'aider. Le fossé qu'il avait si habilement creusé les séparait sans possibilité d'être jamais comblé. Son mutisme n'aidait pas et nul d'entre eux n'avait su briser ces murailles invisibles qu'il érigeait autour de lui. Ceux-là mêmes qui partageaient son sang étaient incapables de le faire revenir parmi eux. Ce qui ne voulait pas dire que personne ne pouvait y parvenir. En effet, la mère de Dimitri eut un éclair de génie et fit appel à la seule personne qui pourrait lui venir en aide. Elle était leur dernière chance de briser sa si résistante carapace. C'était ainsi qu'avait débarqué une farouche tempête brune aux yeux verts du nom d'Ania. Une fois qu'elle fut invitée à entrer et qu'elle salua ses hôtes, on lui indiqua que la chambre de Dimitri était la première porte à droite. Elle se dépêcha donc de monter, elle avança jusqu'à la porte indiquée et, la porte étant grande ouverte, elle se figea devant ce qu'elle voyait.

Hiver de débaucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant