Obscures chimères

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Bonsoir, ce chapitre met en scène des Petits monstres ! J'espère que ce chapitre vous plaira!

Un nouveau jour se leva sur la ville de Saint-Pétersbourg, mais le jeune russe était toujours d'une humeur maussade. Rien n'avait changé par rapport à la veille si ce n'était cette lourdeur qu'il ressentait en lui. C'était comme si quelque chose pesait sur sa conscience. Il était victime d'un nouveau fardeau dont il ignorait le contenu. À moins que la fatigue accumulée tout le long de son séjour ne commençât à lui jouer des tours. Par automatisme, il entreprit de se lever, mais il eut envie de se recoucher. Il n'en avait plus la force. Il n'en possédait pas non plus l'envie. Il avait l'impression que se lever était inutile. Il était persuadé que cela ne changerait rien. Qu'il fût debout ou allongé, tout se déroulait sans cesse de la même manière. Il avait beau vouloir enrayer la machine du monde, il n'y parvenait pas. Il avait beau fournir tous les efforts possibles, il revenait toujours au point de départ. Aujourd'hui, il était tout simplement las de se lever car tout demeurait inchangé. Pour la première fois depuis longtemps, il ne possédait aucune raison de se lever le matin. Pourtant, il savait pertinemment que se morfondre ne servait à rien. Et on viendrait forcément le tirer de force de son lit. Il y resta donc suffisamment pour y réfléchir. Soudain, il se rendit compte qu'il ignorait comment gérer la situation. S'il était honnête envers lui-même, il ne l'avait jamais su. Il s'était contenté de composer avec les cauchemars sordides qui lui tombaient dessus. Comme toujours, il s'adaptait aux misères que la vie lui offrait. L'unique chose qui changeait, c'était le fait qu'il se sentait démuni. Il pensait qu'on l'avait privé de tous ses moyens de survie. Il se retrouvait seul face à ses inquiétudes sans aucune protection psychologique.

Sa première barrière avait cédé lorsqu'on lui avait ravi l'équitation. Il savait pertinemment qu'il n'était pas assez en forme pour monter sur un cheval. Pourtant rien que voir Raspoutine lui aurait suffi. Hélas, on le lui avait interdit. Il n'y avait aucune raison à cela, si ce n'était qu'il pouvait y demeurer des heures et s'oublier. Cet endroit avait le don d'apaiser ses pires tourments. Alors, il avait tendance à oublier le reste du monde. SI on le laissait agir à sa guise, il aurait pu se construire un lit de camp à l'intérieur du box de son fidèle destrier. On le lui avait reproché, mais ça ne l'avait pas empêché d'y retourner. Non, la seule chose qui le réfrénait dans cette envie, c'était son géniteur. Il ne voulait pas qu'il vînt salir son havre de paix. Il avait peur qu'il s'en prît à la bête ou qu'il trouvât le moyen de l'en éloigner. Pour protéger son cheval favori, Dimitri avait cessé de se rendre au ranch depuis la sordide incursion de son patriarche. Il avait donc été privé de ce refuge hippique. Tout cela à cause d'un père violent et d'un stupide acte d'héroïsme. Le reste de ses défenses étaient tombées lorsqu'on lui avait interdit de s'aventurer dans la ville de nuit comme de jour. Il n'avait plus le droit de s'aérer l'esprit. Il ne pouvait plus s'émerveiller de chaque recoin de sa ville natale. Il était désormais incapable de s'abandonner au charme de la capitale sans en subir les conséquences. Prisonnier de son cocon familial, il avait cru frôler maintes fois la folie. Sans ses promenades quotidiennes, il ne se sentait plus vivant. Il n'éprouvait plus cette étincelle de curiosité animer son regard. Il se sentait vide, évidé de toute ambition. Cloitré entre quatre murs, il ne ressemblait plus qu'à l'ombre de lui-même.

Il ne lui restait plus grand-chose et cela l'avait brisé. Il ne possédait plus de protection face à ce monde de brute. Il avait donc dû trouver de nouvelles échappatoires pour reconstruire cette carapace. Celle-là même qui était si rassurante et qui la protégerait de tout. Hélas, tandis qu'il cherchait à la reconstituer, un fossé s'était creusé entre lui et ses cadets. Il ignorait s'il en était vraiment le seul responsable. Il savait qu'il allait devoir se rattraper. Pourtant, ses cadets allaient devoir attendre. Il ne pouvait pas prétendre se rapprocher d'eux alors qu'il était instable, faible, vulnérable. Il fallait qu'il trouvât une solution au plus vite. Malgré tout l'amour qu'il éprouvait envers les jumeaux, il avait peur que leur lien ne vînt à se rompre. Il craignait qu'ils en vinssent à le haïr comme lui haïssait leurs procréateurs. Il ne voulait pas que son incapacité les séparât. Il devait trouver un moyen de se protéger et vite. Peu importait ce que cela était, il devait trouver un autre ancrage. Il devait trouver un autre moyen de demeurer raisonnable. En bref, il devait rapidement redevenir ce grand frère exemplaire qu'ils admiraient tant. Même si ce n'était qu'une illusion, il devait développer un autre stratagème pour être stable. En tout cas pour être suffisamment équilibré pour veiller sur ces deux petits blondinets.

Hiver de débaucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant