[L'encrage du dessin, avec un bout de la colo (j'avais oublié la petite photo)]
La tempête.
Simple métaphore ou image qui tendait à se faire réelle ?
En guettant le ciel à peine voilé de quelques nuages, Lyssandre chercha à déterminer quel malheur pourrait s'abattre sur le château.
Il n'avait pas eu le loisir de s'interroger outre mesure à ce sujet. Il avait occupé les deux heures qui avaient suivi aux derniers préparatifs. Les hommes avaient été rassemblés au palais et étaient prêts au départ. La stratégie avait été ajustée et chaque soldat savait précisément quel était son rôle. Plusieurs unités avaient ainsi été créées afin d'optimiser les chances de percer les lignes ennemies. Le général Artell et l'ancien chevalier Alzar s'étaient attendus afin de régler au mieux les détails de cette offensive. Il avait été convenu que le général accompagnerait les soldats et le roi tandis qu'Alzar veillerait sur le château.
La Cour s'était rassemblée sous les arcades et observait l'étrangeté de la scène. Soann avait maintes fois quitté le palais à la tête d'une armée, mais personne ne s'imaginait voir un jour son dernier né suivre ses pas.
Lyssandre se faisait violence pour ne rien laisser deviner de son angoisse. Seule la nervosité de son étalon qui piaffait sous sa selle laissait entendre une appréhension bien plus grande que celle qu'avait pu nourrir Soann à sa place. Il croisa le regard de Calypso et celle-ci hocha la tête. Les paroles de réconfort n'avaient jamais été l'un de ses atouts, mais elle avait promis de garder un œil sur les membres du conseil et sur tout le beau monde qu'accueillait le château.
Nausicaa se tenait au milieu de la Cour, parfaitement intégrée à cet ensemble homogène. Tybalt lui avait adressé un regard avant de rejoindre l'avant du convoi et, malgré elle, l'impression d'être abandonnée à son sort la pesait. Ce statut de promise laissée dans l'enceinte protectrice du château en attente du retour de son fiancé lui déplaisait fortement.
Sans qu'elle n'ait remarqué sa présence, la femme avec laquelle Nausicaa s'était disputée un peu plus d'un mois plus tôt, la rejoignit pour lui souffler :
— Eh bien, il semblerait que votre futur époux soit de ces hommes désireux de se couvrir de gloire.
— Mon futur époux est de ceux qui servent Loajess, rétorqua-t-elle.
Nausicaa se savait rancunière. Elle pardonnait rarement, surtout lorsque cela concernait l'une de ces vipères qui, l'air de rien, cherchaient à l'atteindre. Montrer que leur vile entreprise fonctionnait, c'était leur donner raison. Il s'agissait de l'une des premières leçons qu'avait retenu Nausicaa lorsqu'elle avait fait son entrée dans le monde. Sa mère, une femme peu démonstrative, mais rôdée à l'exercice, au jeu des apparences, lui avait soufflé quelques conseils. Sa fille unique ne les avait jamais oubliés et avait d'ailleurs très vite compris que ces femmes, ces hommes aussi, pouvaient prétendre une amitié, cela ne les empêcherait pas de la trahir à la première occasion.
— Qu'en est-il du vôtre, madame ?
La courtisane s'empourpra. Le fait que son époux écumait les tavernes et dépensait leur fortune jusqu'à s'endetter aux jeux n'était un secret pour personne. Si Nausicaa avait été d'humeur plus mauvaise, elle aurait ajouté une remarque sur ses nombreuses infidélités. Les courtisans qui faisaient l'objet des pires rumeurs s'acharnaient toujours plus que les autres à humilier leurs semblables. La noble ne pouvait compter que sur l'argent de sa dot pour subsister à la Cour et fuir les moqueries qui s'attaquaient tantôt aux habitudes de jeu de son époux, tantôt à sa tendance à découcher et à s'éveiller dans les bras de plusieurs prostitués dans les beaux quartiers d'Halev.
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Longue vie au roi [BxB]
Fantasy« Longue vie au roi ! » Jamais Lyssandre n'oubliera ces clameurs. Le trône lui est promis à la mort de son père et ce cadeau empoisonné ne se refuse pas. Hanté par le souvenir des défunts et par la mémoire d'un frère auquel il a volé la place, Lyss...