Chapitre 48

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Je me réveillais après avoir entendu des pas. 

J'avais l'impression d'avoir dormir deux jours de suite. C'était peut être le cas. 

Doucement, je me remémorais de la dernière fois où j'avais été éveillée. De brefs souvenirs surgissaient. J'étais pratiquement sûre d'avoir entendu Eliad avouer ses sentiments. 

D'avoir dit qu'il m'aimait. 

Oserais-je croire ma mémoire? J'avais peur que cela ne soit qu'un produit de mon imagination. Le sédatif m'avait laissé dans un univers brumeux pendant assez longtemps. 

Un nouveau bruit se fit entendre. C'était celui d'un versement d'un liquide dans un récipient. Je sentais des effluves de café. 

J'ouvris les yeux et tourna la tête vers l'origine du bruit. Mon regard croisa celui surpris d'Anton. Peut être que ce dernier ne s'attendait pas à me voir réveillée. 

Mon coeur se serra lorsque son visage adopta une mine dure. 

- Anton, murmurai-je. 

Je tendais ma main vers lui, espérant qu'il la prenne. 

Mais il resta immobile, à une large distance de moi. Je laissai retomber mon bras, comprenant qu'il ressentait encore de la colère. 

Il me tourna le dos, comme s'il voulait à tout prix éviter mon regard. 

- Je t'ai fait du café. Je ne voulais pas te réveiller. 

Je dégageais ma couverture et me mis difficilement en tailleur. Un violent vertige me pris, surement du aux derniers traces du sédatif dans mon organisme. Je gémissais en oubliant que Anton était dans la pièce. 

Il se tourna vers moi et accourut l'air inquiet. Il s'agenouilla à mon niveau et m'observa. Je me tenais la tête en grimaçant mais lorsque ses doigts entrèrent en contact avec les miens, j'eus une mine surprise et mon regard croisa le sien.

Il se renfrogna d'abord puis au bout de quelques secondes il replongea son regard dans le mien. Je n'avais pas bougé d'un cil. J'étais surprise par notre promiscuité. Je la savourais pensant qu'elle m'avait été définitivement défendue. 

- Où est-ce que tu as mal? Me murmura-t-il. 

Je frottai l'endroit qui m'avait foudroyé quelques instants plus tôt. 

- Ici... Ca m'a pris lorsque je me suis levée. 

Il leva la main, la stoppa pendant une fraction de seconde. Il sembla hésiter. Puis il finit d'hésiter et caressa doucement l'endroit que j'avais frotté précédemment. 

Je fermai les yeux,  savourant son contact.

- Ca va mieux maintenant, murmurai-je.

Il enleva sa main et se leva rapidement, comme s'il était honteux de ce qu'il venait de se passer.

- Anton... Je suis désolée...

Il me tourna le dos et ne répondit pas de tout de suite. 

- Anton? 

Il se retourna vers moi et m'apporta une tasse fumante. 

- Tiens ton café, dit-il distant.

Après me l'avoir donné, il commença à se diriger vers la sortie. Je le regardais avancer mais lors qu'il s'apprêtait à ouvrir la porte, je brisais le silence. 

- Anton je ne suivrais pas ton plan. 

Il resta silencieux. 

- Je ne me présenterai pas devant les scientifiques d'Endemol pour jouer la comédie et faire semblant que leur traitement fonctionne. 

Il ferma les yeux et soupira longuement. 

- Tu as vraiment décidé que tu n'allais pas me faciliter la tâche?? Explosa-t-il. 

Il s'avança vers moi, soudain plus du tout hésitant à combler la distance entre nous.

- Tu sais ce que je risque pour toi? Est-ce que tu as une seule idée de ce que je sacrifié pour toi? Insista-t-il. 

Son ton agressif me poussa à hausser le ton moi aussi.

- A quoi bon te sert-il de faire ça si tu me déteste!? Lançai-je presque désespérément. 

Il s'arrêta et eu l'air agacé. Il cacha longuement ses yeux avec ses mains et respira fort. 

- Mais je ne peux pas te détester!! Me cria-t-il.

Je restais sans voix, bouleversée par sa sincérité. Mes larmes coulaient toutes seules, je ne les sentais pas. 

- Tu sais que je ne peux pas, répéta-t-il à demi-voix. 

Il se rapprocha de moi et s'assied à mes côtés sur mon lit. 

- Ton nom est trop connu maintenant. J'ai bien cherché et c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour te protéger. 

Il caressa ma joue tendrement. Je fermai les yeux et me rapprocha de sa main.

- Tu es sûr qu'il n'y pas une autre solution? Demandai-je en murmurant. 

Il secoua la tête. 

- Non. J'ai déjà cherché. 

J'observais son regard pour le sonder. II disait vrai. 

Je me rapprochais de lui et l'étreignit. A mon contact, il se raidis puis se détendit lorsque je prolongeais mon étreinte.

- Bien... J'irais.

Il se détacha et me regarda avec inquiétude. 

- Ils doivent venir après-demain. Promets-moi que tu seras là.

- Je te promet, murmurai-je.

- Je ne serais pas là. Je dois partir en déplacement urgent après la purge des opposants d'Endemol dont Eliad t'as surement parlé. Ce sera lui demain qui te donnera les conseils nécessaires.

Je hochais la tête. 

                                                                               ***

- Alors la salle où tu vas entrer est composée uniquement de grands écrans. Il y aura un miroir transparent sur le côté. Je serais derrière avec des ordinateurs et des informaticiens. Tout est ok? 

Je hochai la tête.  

- Bien, alors c'est parti, dit Eliad en ouvrant grand la porte qu'il venait de décrire. 

Je pénétrai à pas lents. J'observai la salle. Eliad avait raison, toute la salle était composée d'écrans noirs et devant moi se trouvait un gigantesque plexiglas. 

La voix d'Eliad résonna dans un haut parleur.

- Ok Nina, on lance les vidéos dans 3... 2 ...1. C'est parti.

Les écrans s'allumèrent et un nouveau compte à rebours de type anciens films s'afficha. 

Les vidéos que j'allais voir avaient été crées dans le but de manipuler les individus à qui la drogue avaient été injectée. Cette drogue, à laquelle j'avais pu échapper, rendait ses utilisateurs dociles. Ces vidéos avaient pour but de terroriser, d'attrister et surtout, de mettre en colère. 

Je ne me faisais pas d'inquiétude quant aux images que je m'apprêtais à voir. Malgré le cinéma qu'on m'avait décrit, j'imaginais  que ces vidéos étaient surtout choquantes lorsque les individus étaient sous drogue. 

Je n'étais peut être pas prête à ce que j'allais voir.

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