7. Shape of my heart

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Shape of my heart, Sting

Après m'avoir brossé les dents, je me rends à la « vraie » salle de jeux du bloc terminal. J'entre et vois plusieurs enfants qui sont déjà en train de jouer à des jeux. Cette vue me rend triste, les enfants ne devraient pas se retrouver ici. Moi, même si je suis encore mineure, ça ne me dérange pas tellement d'être ici, parce que je n'ai pas tellement d'autres vie possible. Mais eux, ce sont des jeunes remplis d'énergie et de joie de vivre, il ne devrait pas se retrouver ici.

Au fond de la salle, je vois une jeune fille d'environ huit ou neuf ans. Elle est assise dans un coin et regarde dans le vide. Elle me semble perdue dans ses pensées. Je m'approche et m'assois à côté d'elle. Elle ne dit rien et moi non plus. Nous n'avons rien besoin de nous dire que nous savons clairement ce que nous pensons. Soudain, elle brise le silence.

-Pourquoi ils s'entête à ne rien me dire? Je suis peut-être jeune, mais je comprends que je ne vais pas bien et que je meurs petit à petit.

Wow, je ne m'attendais pas à ça venant de la part d'une fille de neuf ans. Elle reprend de plus belle.

-Je sens que je m'affaiblie, je marche par réflexe, je ne sens plus le sol sous mes pieds. Des fois je me réveille avec des membres engourdis et ça reste comme ça pour plusieurs jours ou semaines. Il y a quelque chose qui ne va pas et ils ne veulent pas me le dire.

-Tu sais, je pense pareille comme toi. Les médecins s'entêtent à me garder ici à l'hôpital. Pourtant je sais que je vais mourrir. Ils le savent aussi et ils ne veulent pas me laisser vivre le peu de temps qu'il me reste. Des fois ils pensent qu'ils t'aident en faisant certaines actions mais ils te nuisent, et je ne sais pas comment leur ouvrir les yeux.

-Et je sais que si les médecins ne te disent pas la vérité c'est parce qu'ils pensent bien faire, mais tu es en droit de savoir. Et entre nous, je crois que tu est vraiment assez mature pour savoir la vérité. Veux-tu que je te dises la vérité?

-Oui

-Même si elle est dure à supporter et à entendre?

-Oui je suis prête.

-Je n'aime pas faire ça, mais je supporte encore moins l'idée que les médecins te mentent et que tu ne sache pas la vérité. Donc,... C'est quoi ton nom?

-Alicia.

-Donc, Alicia, comme toutes les patients dans ce bloc de l'hôpital, tu vas mourrir dans un court délai de temps. Tu as sûrement le cancer comme la plupart des personnes ici présente, mais avec les symptômes que tu m'as nommée, j'ai l'impression que tu as la sclérose en plaque. Les personnes qui sont dans ce bloc, sont tout sur le bord du précipice mais ce n'est pas tous dû au cancer.

- Je savais que j'allais mourrir, je le savais au fond de moi. Mais les médecins avaient toujours ignorés le sujet de la cause de ma perte. Merci de me l'avoir dit.
Quand elle me dit ça, elle me donne un câlin. Comme à chaque fois que quelqu'un me touche, je me crispe et tout mes muscles se tendent. Elle ne me lâches pas et je reste toujours aussi crispée quand elle me dit:

-Je ne sais pas ce que s'est la sclérose en plaque, mais je vais faire des recherches.

Et je pense que pour une fois dans ma vie, Dieu a eu pitié de moi, parce que deux personnes ont pointé le bout du nez dans le cadre de porte. J'ai reconnue Emerik qui est en présence d'une femme élancée qui à l'air stricte avec sa queue de cheval haute et serrée. Je la reconnais comme la mère d'Emerik parce qu'ils ont les mêmes yeux. Ils s'approchent de moi et d'Alicia. Dès que celle-ci voit les deux personnes qui se tiennent devant nous, elle se lève et leur fait un énorme câlin. Attends? Alicia est la fille de cette dame? Elle est donc la soeur d'Emerik. Ce qui explique leur ressemblance. Je me lève et passe à côté de la famille. Je marche jusqu'à ma chambre. Rendue là, je prends mon téléphone et mes écouteurs. Je met des chansons déprimantes. Je marche dans un couloir jusqu'à arriver à une fenêtre avec un large rebord. Je m'assois sur le rebord, replie mes jambes contre le mur face à moi et accote ma tête contre la fenêtre froide. Je regarde Montréal sous un soleil haut dans le ciel. Les rayons du soleil se reflètent sur la neige blanche. Je regrette de ne pas pouvoir sortir dehors. Une larme de rage coule sur ma joue. Ma vie est injuste, mais ça je peux l'accepter, ce que je n'accepte pas, c'est plutôt le fait que je ne peux remédier à cette situation, que je ne contrôle en aucun cas ma vie. J'essuie ma larme solitaire et regarde la vue qui s'offre à moi. Quelques instants plus tard, je sens une présence près de moi. Je tourne la tête et tombe face à face avec la mère d'Alicia en colère.

Heureuse malgré tout (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant