I lost my baby, Jean Leloup
Qu'est-ce qu'elle a elle? Pourquoi elle me regarde comme si j'étais dans le chemin. Je suis assise sur le rebord d'une fenêtre je ne peux en aucun cas être dans ses jambes, donc, pourquoi elle fait cette face?
J'enlève un écouteur et la regarde aussi croche qu'elle envers moi.
-Oui? Demande-je avec arrogance et sarcasme.
-C'est quoi ton problème? Pourquoi te permets-tu de dire des choses semblables à ma fille?Pendant quelques instants j'ai le goût de remettre mon écouteur et de regarder par la fenêtre, mais soudain une toute autre envie me prend de court. Je regarde d'un œil distrait le corridor pendant que je structure mes pensées. Dans le fond je vois Emerik debout, accoté à la porte de la chambre de sa soeur. La tête penchée par en arrière, les yeux fermés et se pince l'arrête du nez avec son index et son pouce.
Je retourne mon regard vers MADAME et elle attend clairement ma réponse.
-Madame, votre fille est loin d'être naïve. Elle est très mature et intelligente surtout pour son jeune âge. Peut-être que je n'étais pas la personne qui devait lui dire quelque chose d'aussi important, c'est vrai. Mais si je l'ai fait c'est que personne ne le faisait. Ni les médecins, ni sa famille, ni les personnes qui compte pour elle. Donc, si les personnes en qui elle a confiance ne lui dit pas, qui s'en chargera? C'est pour ça que j'ai cru bien faire en lui disant. Parce que Madame, en fait d'expérience, je peux vous dire que quand on meurt, mais on ne sait pas de quoi, c'est vraiment déconcertant et frustrant. Et maintenant qu'elle sait de quoi elle est souffrante, elle pourra canaliser sa douleur et sa colère sur cette maladie. Elle déchaînera toute sa haine contre la maladie et non contre vous. Donc, en quelques sortes, je vous ai quelques peu aidée. Et si tout ce que je vous ai dit ne vous a pas fait changé d'avis sur ma personne et que vous me détestez encore autant, vous pouvez vous rassurer parce que d'ici quelques semaines je ne vous causerai plus aucun soucis car je serai six pieds sous terre. Je lui souris, remets mon écouteur et tourne ma tête vers la fenêtre.
Malgré la musique qui joue dans mes oreilles, j'entends le bruit caractéristique des talons qui claquent sur le sol, s'éloigner de plus en plus de moi.
Je regarde mon reflet dans la fenêtre et voit quelqu'un derrière moi qui me regarde. Je reconnais mon jolie petit blondinet. Il me fixe à travers la vitre et nos yeux se croisent et restent encrés les uns dans les autres. Après quelques instants je me jette à l'eau.
-Quoi? Ouais j'avoue que s'était pas la question du siècle.
-C'est vrai que t'es malade?
Je me retourne vers lui et lui fait face, je suis confuse par sa question.
-Bien sûr, tu pensais que je faisais quoi ici sinon?
Il a l'air chagriné par ma révélation.
-Je sais pas je pensais que t'étais comme moi, que tu venais voir un proche.
-Il faudrait que je commence par avoir des proches avant de venir les voir. Dis-je trop bas pour qu'il m'entende.
Ses yeux s'écarquillent et à ce moment là j'ai vraiment peur qu'il m'ait entendu.
-Tu veux dire que tu n'a pas de famille...
Il n'a pas le temps de finir sa phrase que je suis assaillie par une énorme quinte de toux. Je tousse encore et encore. Je ne m'arrête pas.
Emerik à l'air inquiet de ce qui m'arrive. Et je dois avouer que moi aussi, je ne réussi pas à reprendre mon souffle, et des picots rouges apparaissent dans le creux de mon coude.
Emerik met une main sur mon épaule et essaie de ne rassurer le mieux possible. Quand il voit que je commence à cracher du sang, il semble paniqué et commence à appeler les infirmières et médecins pour qu'ils viennent m'aider.
Cassandra arrive en courant et avec l'aide d'autres infirmière m'installe sur une civière. Je continue à cracher du sang et ma vue commence à s'affaiblir ainsi que tous mes autres sens. Je comprends que mon cerveau manque d'aire et que si je continue comme ça je vais m'évanouir. Ma vue se floue petit à petit et la dernière image qui m'apparaît est Emerik qui court derrière les infirmières et qui me suit. Il a l'air déterminé à me suivre partout. Dans ses yeux je vois qu'il panique et qu'il essaie de se contrôler.
Cette vue me rend triste et je ne comprends pas pourquoi, je ne connais même pas ce garçon, en tout cas pas personnellement.
Je ferme les yeux pour ne pas être confrontée plus longtemps à cette vue attristante. Et je sombre dans l'inconnu.
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Heureuse malgré tout (en pause)
RomanceJ'ai le cancer et je dois rester à l'hôpital. J'ai 17 ans et mon cancer dégénère vite. Les médecins savent que je vais mourir d'ici trois mois et ils me maintiennent quand même à l'hôpital. Mais quel entêtement! Vous savez que je vais mourir, laisse...