Chapitre 11 - En territoire ennemi

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Léonore

Dos collé au battant, je tente d'apaiser ma respiration. Inspire. Expire. Au bout de deux minutes, j'arrive à recouvrer mon calme bien que mon cœur frappe encore avec force dans ma poitrine. Certes, je ne m'étais pas attendue à un accueil cordial de Xavier, mais je n'avais pas imaginé qu'il éprouvait tant de rancœur à mon égard. J'avais visualisé nos « retrouvailles » teintées de gêne, et non comme un aller simple au pilori.

Toutefois, je suis fière de ne pas avoir baissé la tête. Fini la Léonore soumise qui préfère se taire plutôt que mettre de l'huile sur le feu. Non pas que je jubile à l'idée que tout parte en flammes, mais je n'ai plus peur de monter au créneau. Maintenant, je compte bien faire en sorte d'agir au mieux pour moi.

Le téléphone sonne et je me précipite vers mon sac à main, posé sur la console non loin de la porte d'entrée. Quand je découvre l'identité de ma correspondante affichée sur l'écran, je me détends et décroche aussitôt.

— Marjo ! la salué-je, heureuse de parler avec mon amie.

— Salut, ma belle ! Alors, bien arrivée au gîte ?

— Oui, le taxi est parti il y a de ça, quoi... trois quarts d'heure environ.

— OK ! Et tu es bien installée ?

Mon regard dévie sur mes bagages.

— Pas encore, je n'ai pas défait mes valises. Il faut dire que j'ai été interrompue par la venue inopinée de Xavier. Dès qu'il a su que j'étais de retour, il m'a rendu une petite visite... et pas de courtoisie !

— RACONTE-MOI TOUT ! beugle Marjorie, tant et si bien que j'éloigne l'appareil de mon oreille.

Je ris – un peu jaune – face à sa curiosité, mais me plie volontiers à sa demande de détails sur la confrontation qui a eu lieu tout comme mon arrivée sur place. Cela me permet aussi de revenir sur notre conversation avec du recul. Ma colère s'apaise légèrement quand je réalise qu'au final nous avons chacun nos griefs envers l'autre. Ceux de Xavier sont tout autant justifiés que les miens, et j'espère que nous aurons l'occasion de passer au-dessus de ça afin de nous concentrer sur l'avenir et les importantes décisions qui nous incombent.

— Et pour le bébé ? Tu ne lui as rien dit ? me questionne mon amie.

— Tu sais bien ce que j'ai décrété !

Elle souffle, dépité de ne pas avoir plus de croustillant à se mettre sous la dent.

— Oui... oui... D'abord : phase d'observation, puis prise de position.

— Exactement ! Je veux m'assurer qu'il s'agit de gens bien avant de lâcher ma bombe et de me retrouver liée à eux pour l'éternité.

— Je sais, mais tu avais quand même l'air de dire que Lucien était un gentil monsieur et que son accueil était toujours aussi chaleureux.

— Certes, mais j'ai encore besoin de voir où je mets les pieds avant de leur annoncer la nouvelle. Comme on dit « prudence est mère de sûreté ».

— Et d'ennui mortel, grommelle mon interlocutrice. Bon et Xavier ?

Son intonation mutine ne laisse aucun doute sur ce qu'elle sous-entend sur cette dernière question.

— Je ne suis pas là pour ça ! m'offusqué-je.

Mes joues chauffent et un coup d'œil dans le miroir de l'entrée confirme qu'elles arborent une teinte pivoine. Ridicule puisque Marjorie ne peut pas me voir !

— J'espère juste qu'on va réussir à communiquer sans nous crier dessus, reprends-je dans un soupir.

— Et si ce n'est pas le cas ?

Nuit d'orage et petites complicationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant