Hiver de débauche

Chant de souffrance

Bonsoir, désolée pour l'énorme retard que j'ai pris sur cette histoire ! Mais je vous partage enfin l'avant-dernier chapitre qui s'articule autour de la Boite à musique qui a été retravaillé ! Bonne lecture !

Il continuait de déambuler dans les rues de Saint-Pétersbourg et voyait la « magie de Noël » se rendre dans toute la ville. Ce n'était pas prudent, il devrait se reposer au vu de son état physique. Hélas, le blond était du genre borné. Et il ne voulait pas rentrer chez lui tout de suite. S'il pouvait être librement écœuré de cette ambiance pendant queil marchait dehors, cela ne serait pas pareil lorsqu'il aurait gagné sa demeure. Il allait devoir se forcer à sourire et feindre de partager cette émotion de plénitude et de joie qu'il ne ressentait absolument pas. Pour lui, cette période n'était que pure hypocrisie. Son avis sur la question ne s'était pas modifié malgré le calvaire qu'il devait endurer depuis le début de ce mois de décembre. Ce qui le répugnait n'était pas tant la fête en elle-même que l'attitude de ces ignobles êtres humains. Chaque année, ce même jour, ceux qui n'étaient que destruction, vengeance et dévastation devenaient comme par enchantement les plus grands des saints.

Dimitri ne croyait pas à ce genre de métamorphose. Il avait peut-être tort de croire que les gens ne pouvaient pas changer. Ou peut-être qu'il avait raison de se méfier de ses congénères. Quoiqu'il en fût, il demeura campé sur ses positions. Pour lui, cette nuit n'allait être qu'une fête chimérique de plus. Un bal masqué où pour le temps d'une nuit tous portaient un air de bienveillance, de charité chrétienne et de joie. Air qui se fanait à l'aube du vingt-sixième jour de décembre. Le jeune russe n'était pas dupe car il assistait à ce bal masqué. Pour une fois, il était autant coupable que les autres. Il ne voulait pas spécialement mentir. Or, il savait que la vérité n'allait lui attirer que des ennuis. Il participait donc à cette folle danse et prenait son mal en patience. Quand la fin de cette valse décadente et s'enfuir loin d'ici.

De cette façon, il ne verrait pas ces humains recouvrir leur véritable visage. Il ne voulait surtout pas assister à la diabolisation de se géniteurs qui perdaient leurs traits aimants et bienveillants. Si certains conservaient leur innocence, les autres retournaient à leur vie de débauche. Encore emplis d'alcool, ils se livraient à des actes peu recommandables pour libérer leur bestialité qu'ils avaient muselée le temps d'une nuit. C'était ce miroir d'illusions qui se brisait suite à ces fêtes qui le répugnait au plus haut point.

Alors non, le réveillon de Noël ne le mettait pas en joie. Contrairement aux autres, il ne parvenait pas à éveiller l'âme d'enfant du jeune russe aux yeux vert-gris. Peut-être parce que ladite âme avait trépassé depuis fort longtemps. Il n'y voyait pas non plus là une occasion de trouver la paix intérieure. Elle semblait inatteignable et irréelle. Ce réveillon de malheur ne ravivait pas son cœur ni lui procurait aucun bien-être. Il n'éprouvait rien de plus qu'un vide intersidéral. C'était ce qu'il était : vide de tout espoir. Son attitude le témoignait car il ressemblait à un mort-vivant. Il avait perdu toute motivation, toute envie, toute lueur de vivacité. Il n'était plus que l'ombre de lui-même. Dépossédé de toute force, il n'avait plus envie d'avancer même s'il n'en avait plus le choix. En ce jour funeste, il semblait ne plus rien avoir à faire sur cette Terre qui lui paraissait si étrangère.

Il n'avait plus de raison de rester ici. Il devrait plutôt fuir pour ne jamais revenir. Après tout, il doutait que quelqu'un vînt le poursuivre. Il ne serait qu'un disparu de plus. Il n'avait plus rien à perdre. Pourtant, il se dirigea à l'intérieur de la ville. C'était la seule échappatoire qu'il avait trouvée pour éviter de se jeter dans un lac gelé. Durant cette nouvelle phase de son escapade diurne, il évita également de monter sur un toit. Il serait capable d'en sauter sans hésiter la moindre seconde. Il se contenta donc de fouler les pavés de sa cité en regardant devant lui sans véritablement observer son environnement. Il ne voulait plus de la vie. Elle ne faisait que le fatiguer et l'insupportait. Cependant, il ne pouvait pas s'en aller si facilement. Il avait promis de ne jamais abandonner ses petits frères et il briserait sa promesse s'il s'adonnait à la mort. Ce serment était tout ce qui l'empêchait de rejoindre l'au-delà. Et cette indécision le soumettait à un étrange état de léthargie. Perdu entre sa fougueuse détermination et un immense désarroi, il ne pouvait agir. Un spectre, voilà ce qu'il était devenu. Alors qu'il vagabondait sans regarder là où il se dirigeait, sa route croisa celle d'un vieux spectre : Nicolaï.