Jour 1 : La journée, les joueurs sont libres de leurs mouvements (1/3)

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Je m'étais rarement senti en aussi piteux état. Un mal de crâne m'empêchait d'avoir les idées claires, et un sifflement atroce bourdonnait dans mes oreilles. Mes yeux restaient désespérément clos, et je peinais à les ouvrir. Au terme d'efforts surhumains, je pus enfin prendre conscience de l'environnement dans lequel je me trouvais. Une pièce minuscule. Un cagibi, dirais-je même. La lumière y était bien trop faible pour que je pusse apercevoir quoi que ce soit. Que s'était-il passé ? Je ne me souvenais d'absolument rien. Et ce mal de tête ne m'aidait pas vraiment. A croire que j'avais reçu un coup de batte de baseball tellement la douleur était insupportable. Je me frottai doucement le crâne, mais ne sentis aucune bosse ni égratignure. Bon, au moins, je n'avais pas forcément besoin de soins médicaux en urgence. Ce qui était rassurant, quelque part.

Mes yeux s'habituèrent peu à peu à la pénombre. Je pus notamment apercevoir une poignée sur le mur d'en face, qui était vraisemblablement une porte. Comme tout humain enfermé, ma première pensée fut de l'ouvrir. Je me levais péniblement, mes membres engourdis m'obéissant à peine. Depuis combien de temps étais-je ici ? Ma tête me tournait alors que je m'appuyais de tout mon poids sur la poignée. Bloquée. Bien évidemment. Cela ne me surprit guère. Je fis le point sur la situation : je me trouvais dans une pièce visiblement sans issue, et ce depuis un bon moment si l'on tenait compte de mon état. Pourquoi m'avait-on enfermé ici ? Au vu du manque de lumière et de vivres, on ne comptait pas vraiment me laisser en vie. Néanmoins, si l'on voulait ma mort, je ne serais très certainement déjà plus de ce monde. A moins qu'il ne s'agît d'un psychopathe se plaisant à laisser agoniser ses victimes ? Cette pensée me fit froid dans le dos. Mais je me ressaisis vite : si psychopathe il y avait, il serait plus enclin à voir ses victimes souffrir qu'à simplement les abandonner. J'avais donc encore une chance de m'échapper lorsqu'il passerait voir mon état. A moins que... il me pensât déjà mort. Dans ce cas personne ne viendrait me chercher... Toutefois, la porte ne serait pas bloquée si l'on me pensait incapable de m'enfuir.

Alors que toutes ces pensées tournaient inlassablement dans mon esprit, j'entendis un grésillement, comme si quelqu'un avait soudainement branché un micro. Cela me fut confirmé quelques secondes plus tard par le son d'une voix extrêmement grave et distordue.

-Bien dormi, Logan ?

Premièrement : d'où provenait la voix ? Je n'avais pas vu de haut-parleur dans la pièce... et j'entendais la voix bien trop distinctement pour que cela provînt d'un appareil minuscule. Et deuxièmement : comment cet individu pouvait-il connaître mon prénom ? Il avait probablement dû me surveiller depuis un bon moment déjà... Et ce constat était loin d'être rassurant. Non seulement cela signifiait que l'acte était prémédité, et donc que l'agresseur avait pensé à chaque détail, mais en plus qu'il m'en voulait personnellement... En quelques mots, s'échapper risquait d'être une tâche extrêmement ardue.

-Je sais ce que tu penses, continua la voix. Tu es perdu, fatigué, tu te demandes ce que tu fais ici... Je tiens tout de suite à te rassurer, je ne te tuerai pas. En fait, je ne toucherai même pas à un seul de tes cheveux, et une rencontre entre nous est loin d'être dans mes plans.

Un psychopathe fantôme ? Voilà qui était curieux. Il parlait de manière calme et réfléchi, ce qui laissait supposer que ses soi-disant « plans » étaient infaillibles. Au moins, j'avais une chance de ne pas finir découpé en morceaux, ou torturé à mort.

-Je cherche simplement à m'amuser. Et quoi de plus amusant que de participer tous ensemble à un petit jeu ?

Mauvaise idée. J'avais vu assez de films d'horreur pour savoir que ce futur jeu ne présageait rien de bon. Ce serait très certainement un survival. Et très honnêtement, quelles étaient mes chances de survie dans un combat à mort ? Je n'étais pas très fort, même si j'étais un peu musclé. A moins que je ne trouvasse une arme ainsi que le courage de l'utiliser, je serais le premier à périr. Mais une expression dans sa phrase avait attiré mon attention : « tous ensemble ». Y avait-il d'autres personnes dans le coup ?

Queen of Cards (Version française)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant