10.Pizza galaxie

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Pizza galaxie, Cowboys Fringuants

Le lendemain, directement en me réveillant, je m'injecte le médicament contre les toux de sang, fait ma routine matinale et me dirige vers la salle de jeu, MA salle de jeu.

Le son des bulles de l'aquarium m'accueille quand j'ouvre la porte. Je ne dirige vers les poissons quand je vois une silhouette masculine debout qui fixe le mur de droite. En fait, il ne regarde pas le mur, mais une de mes nombreuses toiles qui sont accrochées aux murs.

Il pose son doigt sur le bas droit d'une de mes œuvres et lit à haute voix mon nom.

-Florence Bouchard. C'est ton nom? Me demande-il tout en se retournant pour me faire face.
-Il semblerait. Dis-je en m'asseyant dos à lui et face à l'aquarium.

Il vient s'asseoir à côté de moi, et les deux contemplons les poissons sans dire un mot.

-Tu sais, j'adore tes peintures et tes dessins. Je trouve que même sans le vouloir tu imprègnes ta toile de tes émotions. Juste en regardant tes tableaux on peut ressentir tout ce que tu ressentais en peignant.
-Merci.

Nous restons assis en silence quelques instants avant que je me décide à parler.
-Et toi, ton nom c'est Emerick Beauchamps, c'est ça?
-Ouais, j'imagine que tu l'as su grâce à mon adresse courriel? Me demande-il en plantant son regard dans le mien.

Son regard reflète une émotion que je n'arrive pas à déterminer. Il reflète un mélange d'espoir, de tristesse, de désespoir et d'amusement. Je ne sais pas comment dire ça, mais il à l'aire heureux mais plongé dans un profond désespoir.

-Ouais, t'as bien imaginé, c'est à cause de ton adresse. Dis-je en détournant le regard pour le ramener sur les poissons. Il fait de même et me dit:

-Je dois avouer que ce n'était pas trop subtil.

-Si ce n'est pas trop indiscret de ma part, est-ce que je peux te demander c'est quoi que tu as, comme maladie je veux dire.
-J'ai le cancer du sein qui s'est étendu et qui est devenu un cancer généralisé.
-Ok, mais pourquoi hier tu as eu une toux de sang, je ne comprends pas le rapport avec le cancer, j'en connais très peu sur le cancer, mais il me semble que ce n'est pas supposé te faire faire des toux de sang.
-Non, mais le cancer a atteint mes poumons depuis un petit bout de temps déjà, et l'état de mes poumons commence à se détériorer et à s'emplir de sang.
-Ouch, c'est pas tellement fun ça. Mais pourquoi tu n'acceptes pas les soins qu'ils t'offrent?

Je me retourne vers lui et le dévisage.

-Comment tu es au courant pour ça?
-Quand tu es sortie de la salle de réveil, j'étais dans la salle d'attente et j'ai entendu ta conversation avec l'infirmière.
-Pourquoi t'étais là? Alicia à eu un problème? Je commence peu à peu à paniquer.
-Non, bien sur que non, je voulais m'assurer que tu ailles bien avant de partir.

Il semble mal à l'aise quand il me dit ça. Il détourne son regard de sur moi et le repose sur les animaux aquatiques.

Je me lève, et je le vois tourner sa tête vers moi. Je marche jusqu'à la fenêtre d'où on aperçoit Montréal. Je regarde la ville dans toute son activité avant de fermer les yeux et dire:
-En ce qui concerne mon refus des soins, ce n'est pas de tes affaires et si tu veux absolument une réponse dit toi seulement que j'appréhende la mort.

Je me retourne et sort de la pièce.

Je marche jusqu'à ma chambre où je laisse la porte entre ouverte et couche sur mon lit. Je prend mon téléphone et met de la musique rock. Cette musique me permet de me défouler juste en l'écoutant. Pendant quelques heures je reste là à écouter musique. Jusqu'à l'heure du midi. Je presse le bouton sur ma table de chevet et quelques minutes après seulement une cuisinière arrive avec mon plateau laissant au passage ma porte de chambre grande ouverte. Je mange mon repas et quand je l'ai terminé, je remonte la manche de mon chandail et applique un désinfectant sur mon épaule. Les rayons de soleil qui passaient par l'entre bâillement de ma porte se font moins forts. Au dehors des nuages doivent être en train de faire obstacle aux rayons de soleil. Je prend la bonne quantité de liquide de ma seringue et me l'injecte dans le bras. Au moment de l'injection, je grimace de douleur, parce que je n'ai pas plantée l'aiguille pile au bon endroit et ça fait mal. Au dehors les nuages se dispersent et les rayons remplissent la pièce. Je me lève et me dirige vers la salle de jeu pour enfants.

Arrivée là-bas, je vois Alicia assise à la même place que la dernière fois, qui à les yeux plein d'eau.

Heureuse malgré tout (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant