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Je cours. À vive allure.

Sans même laisser le temps à mon ombre de prendre forme. Les poumons déjà bramés, la gorge en feu, alors que la course venait à peine de débuter. 

J'étais seulement en train de dormir et voilà que l'instant d'après je me retrouve en train d'essayer d'échapper à des Alphas qui veulent ma mort.

Essoufflé, le cœur battant trop vite, je parviens enfin à atteindre la route principale au sommet de la colline. Personne à l'horizon.

Mais alors que j'entamais un chemin ombreux remplit de bois à craquer, croyant m'être enfin repérer parmi toutes ces voies étroites, je réalise en contemplant autour de moi que rien ne m'entoure si ce n'est des arbres à nouveau.

J'aurais peut-être dû rester auprès d'Arian malgré mon inconfort au milieu de ce champs de bataille.

J'aurai dû écouter Harry aussi. Je ne suis en aucun cas prêts à entendre son sermon. Si je survis jusque-là.

Seulement, c'était plus fort que moi, je devais retrouver les autres, les membres de notre meute. Je devais me sentir utile. Pour une fois depuis un an, je voulais me sentir utile.

Je ne sais plus quoi faire. Je ne laisse aucun répit à mes yeux en les remuant de droite à gauche, perdu et apeuré. Je n'entends que le bruit de ma respiration et l'éclat de bruit effrayant qu'émettent les vautours s'accrochant aux branches.

Je m'arrête un instant, essayant de réfléchir et localiser l'endroit écarté de notre territoire. Et peut-être que je devrais retourner à la ruelle principale, y retrouver Nelan. Je n'étais jamais venu jusqu'ici, c'était interdit. Les omégas ne peuvent pas y circuler.

Cet endroit fait partie de la forêt noire. Et je comprends à présent pourquoi on l'appelait comme cela : on aurait dit l'entrée d'un cimetière tellement les arbres colorés d'un aspect sombre créaient de l'appréhension aux yeux des spectateurs. Des lieux plongés dans le noir, les arbres tellement hautes, interdisant toute lumière. La terre sous nos pieds était semblable à de la cendre moisie.

Un épais brouillard semblait recouvrir l'entièreté de cette partie de la forêt.

Elle était noire. Un noir ébène. Horrifiant.

Aveuglant malgré lui.

Repérant du bruit sur ma gauche, je jette un furtif coup d'œil pardessus mon épaule, distinguant au centre de l'obscurité deux jeunes hommes.

Par mécanisme et par naïveté, je fais un pas afin d'aller vers eux – peut-être m'aideront ils à retrouver mon chemin et me mettre à l'abri, mais je raidis complètement en voyant l'air affamé et assoiffé de vengeance aposté sur leur visage.

Je réalise qu'ils ne sont pas là pour m'aider. Je comprends qu'ils se sont métamorphoser à nouveau en humain et qu'ils font partie d'eux.

Je ravale ma salive de travers en marchant à reculons, à pas silencieux.

Je ne pense pas vivre encore très longtemps. Si je ne me fais pas attraper et attaquer par eux, je finirai probablement par sombrer à cause du froid glaciale dans tout les cas. Ou alors mon cœur cesserait de battre après tant de panique et soubresauts que je lui ai fait endurer.

— On parvient à te sentir tu sais. Entendais-je dire, d'une voix malicieuse, reniflant l'air.

L'oméga en moi a extrêmement peur, une peur qu'il n'avait jamais pressentie auparavant. Elle ressemblait paradoxalement à cet effroi que j'ai ressenti lorsqu'Harry m'a rejeté. Lorsqu'il m'a ignoré comme-ci j'étais le dernier de ses soucis. Lorsqu'il a commencé à me haïr dans l'ombre. Je le voyais. Je le sentais. Pourtant il continue à prendre soin de moi. À sa manière. Un paradoxe.

Cigarettes after sex -  [FR - MINIFICTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant