Phase 4 ✔

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Département résidentiel,
17 mai 2155,
06:56,

Je suis là, dans mon lit, sur le dos, à fixer le plafond. Dans quatre minutes, mon réveil va sonner. Il va annoncer le début d'une journée merdique.

Donovan sait qu'aujourd'hui, ce jour du dix-sept mai, il ne pourra pas me faire sourire. Même lui, il a renoncé. Une part de moi lui en veut, l'autre, toujours aussi déterminée à contredire la première, le comprend.

Il y a huit ans, jour pour jour, mon grand-père a quitté ce monde pour rejoindre l'autre. Le mien s'était effondré par la même occasion. Ce dix-sept mai est un jour douloureux, plein de souvenirs mélancoliques, de mes cris de désespoir, de l'indifférence de ma mère.

C'est cette dernière pensée qui me fait la détester encore plus. C'était quand même son père. Et elle n'avait pas versé une seule larme.

07:00.

Mon alarme émit une musique douce. Red Ribbon de Madilyn Bailey, ma chanson préférée. Cette chanson me réveille chaque matin, sauf le dimanche, depuis maintenant huit ans. Je n'avais pas de photos avec mon grand-père, toutes ses oeuvres et affaires avaient été données à ma mère biologique, je n'en ai aucune.

07:05.

Je n'ai pas le courage de me lever pour affronter cette journée. Mais il le faut. J'ai affronté huit jours comme ceux-ci, un neuvième devrait être plus facile que le précédent.

Dans la mesure où je ne serais pas avec Donovan et sa bonne humeur merdique, je pourrais m'en sortir. C'est ce que je crois.

07:10.

J'ai retardé ce réveil beaucoup trop. Il faut que je me lève. J'y suis déjà arrivé. Je peux le faire encore une fois. Je me mets en position assise. Je regarde dans le miroir en face du lit. Je ne parviens pas à distinguer mes traits.

Raison de plus pour porter des lunettes de vue. Je rabats les couvertures d'un côté, puis mets les pieds à terre, l'un après l'autre, comme un enfant qui apprend à marcher. Je me lève doucement et fixe la vitre en face de moi. L'espace. C'est tellement beau. Le soleil est tellement lumineux. Cette boule de feu est celle qui permet au vaisseau de rester en marche. L'énergie solaire est notre source d'électricité. Une source infinie.

Je mets un pied après l'autre jusqu'à la salle de bain. Je m'observe encore dans le miroir. Mes traits sont un peu plus visibles, mais rien de bien distinct.

J'enlève mon pyjama pour me rendre sous la douche. L'eau chaude me brûle la peau, mais j'en ai besoin. Si je ne pouvais pas me réchauffer émotionnellement, au moins je le ferais physiquement. Et la vapeur m'empêchera de penser.

Après m'être lavée le corps, je détache mes cheveux. Des mèches brunes et roses me tombent sur les épaules et dans le dos. Avec ces deux couleurs, je n'ai rien à envier à Léticia. Mais je ne gâcherai pas ma journée plus qu'elle ne l'est déjà en pensant à elle.

Je sors de la salle de bain après m'être brossé les dents, et prends quelques vêtements au hasard. Une chemise que je ne me souviens même pas avoir acheté, un pantalon noir, et la seule paire de baskets que j'ai.

Je me sèche rapidement les cheveux et je m'en vais en prenant mon sac. Il contient tout ce dont j'ai besoin: mes cartes, mes lunettes, mon téléphone, mes écouteurs, et un paquet de mouchoir en papiers. Pas de maquillage pour aujourd'hui. Pas de regard de garce. Pas de remarques acerbes... Enfaite, non, les remarques acerbes et le regard de garce seront toujours là.

07:45.

Je commence à huit heures. Il faut que j'y aille si je ne veux pas être en retard. Même si pour moi aujourd'hui est un jour de deuil, pour ma mère, en revanche, c'est un jour comme les autres.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 20, 2021 ⏰

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