CHEMINS CROISÉS

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L'atmosphère hostile entre Becca et moi devient pesante. Ma colocataire n'est pas seulement de mauvaise humeur. Elle est tout simplement difficile à vivre et froide de nature. Aussi glaciale qu'un iceberg. Elle évolue dans la chambre comme si c'était la sienne et non la nôtre. Je n'ai eu le droit qu'à quelques mots en trois jours de cohabitations et cela se résumait à « tu n'as pas vu mon gilet rouge? » et « ne touches surtout pas à cette crème, elle a été spécialement conçu pour moi ». Beurk. Cette fille et moi n'avons absolument rien en commun.

Pendant trois jours, nous n'avons pas prit le temps de faire connaissance et ce n'est pas faute d'avoir essayer. J'ai tenté quelques fois d'engager la conversation mais c'est comme de parler à un mur. Becca n'en a rien à faire d'apprendre à me connaître. J'ai envisagé d'abandonner mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que nous allons vivre ensemble jusqu'à la fin de l'année. Je dois faire de mon mieux que nous ayons un semblant de conversation. Il faut absolument que nous communiquions sinon ces prochaines mois vont être très long à supporter. Je dois trouver un moyen d'arranger les choses entre nous.

-Becca, l'interpellé-je alors qu'elle pianote frénétiquement sur son portable high-tech. On peut parler ?

-Hum, quoi ?

-Tu peux...tu peux poser ton téléphone deux secondes ?

-Pourquoi ? rétorque-t-elle sans cacher son agacement. C'est si important que ça ?

-Eh bien, oui. Nous allons vivre dans la même chambre pendant le reste de l'année et je pense qu'on devrait apprendre à se connaître.

-Ce n'est pas urgent à ce que je sache.

-Euh...non, mais...

-Écoute, me coupe-t-elle d'un ton glacial. Je ne devrais même pas être là, d'accord ?

-Qu'est-ce que...

-Je n'ai jamais voulu vivre en chambre universitaire. C'est ma mère qui a décidé de m'envoyer ici. Elle pense que c'est un bon moyen pour moi de vivre la vie d'étudiant comme tout le monde. Moi, je voulais faire partie d'une sororité ou avoir mon propre appart'. Sauf que je n'en ai pas les moyens.

-Donc tu es ici.

-Exactement. Et je ne compte pas y rester alors, excuse-moi, mais je ne vais pas perdre mon temps à apprendre à te connaître. Enfin, soyons honnête, on est pas du tout le même genre de fille. On ne sera jamais amis.

Son sourire est si suffisant et arrogeant que je me dis qu'elle doit se penser mieux que moi. Cette fille est vraiment un show à elle toute seule. Elle a visiblement déjà décidé qu'on ne serait que deux colocataires. Rien de plus, rien de moins.

-Je suis plutôt cocktail et soirée étudiante alors que tu es plus lecture au coin du feu et bouillotte, tu vois, ricane-t-elle sans lâcher des yeux l'écran de son foutu téléphone. Je ne pense pas qu'on ait quoi que ce soit en commun. Ca ne marchera pas, nous deux. Alors autant économiser notre salive, tu ne crois pas ?

Je la déteste, c'est officiel. A quoi bon me battre, si elle m'insupporte autant ?

-Tu as raison, j'acquiesce résignée.

Le sourire que je lui sers est de loin le plus hypocrite que j'ai en stock. Elle a réduit mes espoirs d'amitié en une fraction de seconde. Je n'ai aucune envie d'être amie avec une fille qui me traite de la sorte. Je regrette seulement d'être obligé de me coltiner sa présence jusqu'à ce qu'elle trouve le moyen de déménager. En plus, cette blonde à la dégaine sophistiquée et ultra féminine me rappelle quelqu'un qui m'a pourri la vie. Elles sont typiquement le même genre de fille qui se croit trop bien pour le commun des mortels. Becca ressemble à Angie.

Attraction irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant