➵ Chapitre 52

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   La nuit était silencieuse. Il était presque onze heures, et Alice dormait déjà. Il fallait dire que la perspective du contrôle de maths de demain n'était pas très ragoûtante et que manquer de sommeil pour l'occasion serait bien dommage.

Quant à moi, je m'efforçais de lire un peu pour me détendre, mon téléphone en lampe torche pour seule lumière. Le cours de musique de demain après-midi me réjouissait bien plus que le cours de maths, même si j'avais bien compris le-dit chapitre. N'arrivant pas à me détendre, je finis par poser mon livre. La musique, elle, saurait bien me faire oublier qui je suis, au moins le temps d'une chanson.

J'hésitai à renvoyer un message à Caitlin, Mike et Luke pour leur expliquer que oui, ce contrôle ressemblait à un monstre tout droit sorti des abysses, tandis que je n'étais qu'un frêle voilier. Peut-être que j'exagère. Je suis plutôt un sous-marin avec des rivets mal soudés.

Je ne pris même pas la peine de taper mon message et lançai à la place un album de Coldplay. Voilà qui saura sans doute me détendre...

Je me laissai bercer par les instruments, la voix du chanteur, et autorisai mon cerveau à voguer librement d'histoires en histoires inventées, de personnages en personnages créés. Une heure plus tard, je laissai la Lune m'emporter avec elle dans sa folle course à travers la nuit.

L'affreux réveil d'Alice me tira de mon lourd sommeil. Je me frottai les yeux en grimaçant. Ce ne sont pas de deux cafés dont j'aurai besoin, mais d'au moins trois ! Je bus quelques gorgées de la bouteille d'eau posée sur ma table de nuit, puis entamai mon rituel du matin : j'enfilai mes chaussettes, mon pantalon, mon teeshirt et ma chemise à carreaux noirs et rouges avant de filer rejoindre Alice à la salle de bains.

    Lorsque nous fûmes prêtes, nous descendîmes prendre notre petit-déjeuner à la cafétéria. Une tasse de café, du pain et de la pâte à tartiner plus tard, nous avions rejoint Antoine qui mangeait seul sur une grande table. J'écoutai distraitement Alice et Antoine échanger quelques banalités, les yeux rivés sur la fumée cotonneuse s'échappant de ma tasse. Lise nous rejoignit en grognant :

— Clara a de la chance de ne pas commencer à 8 heures par un contrôle de maths...

— Au moins, c'est fait. On n'a pas le temps de stresser, objecta Antoine

— Parle pour toi, marmonnai-je en buvant une gorgée de café

— Ce n'est pas toi qui a peur du contrôle, c'est le contrôle qui a peur de toi, affirma Lise en jaugeant sa tasse de café

— Super, maintenant je vais rire toute seule en lisant l'énoncé parce que j'imaginerai les exercices fuir en voyant la tête d'Emmy, soupira Alice.

— Au moins, on n'a pas physique aujourd'hui, positivai-je

— On a deux heures de français ! se réjouit Lise

— Et une heure de svt, une heure d'allemand, d'anglais, de latin et enfin les deux heures de musique ! compléta Antoine

— J'espère qu'elle rendra les commentaires de texte en latin ! lançai-je en terminant ma tartine

— Moi aussi ! appuya Lise. Je crois que c'est ma séquence préférée, la tragédie ! Étudier Médée en latin, c'est quand même sacrément intéressant, surtout quand on remarque un chiasme dans le texte !

— Heureusement qu'on n'avait pas à traduire le texte, en tout cas, remarqua Alice. On n'aurait jamais eu le temps !

J'hochai la tête pour appuyer ses dires et me levai pour me resservir une deuxième – et dernière – tasse de café, vue l'heure tardive. Lise me suivit.

Tout pour la musique (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant