Chapitre 22

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- Qu'est-ce-que vous êtes pour moi?

Demanda Mak en s'asseyant en tailleur près du ruisseau. Au loin, l'horizon commençait à se colorer de rayon de soleil. Une belle journée s'annonçait. Peu à peu, les étoiles avaient disparut sans qu'aucunes des deux femmes ne s'en rendent compte. L'air s'était réchauffé, et les premiers oiseaux chantaient. La nature se réveillait doucement sous leurs yeux. Le temps semblait suspendu. Le vent était tombé, et un silence tranquille régnait. Sur les feuilles des arbres, la rosée perlait, reflétant la lumière un peu partout. Seul le clapotis de l'eau du ruisseau se faisait entendre. Elsa observa un instant son loup. L'alcool n'avait pas tout à fait quitté ses yeux, mais au moins, il ne lui était plus mauvais.

La reine fut surprise par la question. Elle s'attendait davantage à ce que Mak lui demande d'où venaient ses cicatrices, ou ce qu'il était advenu de son père par exemple. Mais non, Mak voulait savoir quelle était la nature de leur relation.

Elsa hésita. Ça aurait été si simple de lui dire qu'avant tout ça, le pauvre loup se serait damné pour elle, et qu'elle l'aimait comme jamais elle n'avait aimé personne. Au moins, les choses aurait été claires et elle aurait pu espérer que Mak envisage de faire renaitre cette relation. Mais ça voulait dire la manipuler en lui mettant une pression supplémentaire. Elsa ne voulait pas de ça. Ne voulait pas que Mak se sente obligée de ressentir des sentiments à son égard. Elle voulait que ça vienne d'elle. Que quelque part, la gamine tombe amoureuse d'elle pour ce qu'elle était, et non parce que c'était ainsi que ça devait être ou, pour la simple recherche d'une quelconque mémoire. Mak devait se rapprocher d'elle de son plein gré. D'autant plus que la reine n'oubliait pas que son loup était à présent une enfant qui avait sans doute d'autres préoccupations que l'amour. Après tout, à quatorze ans, l'amour reste quelque chose de bien vaste.

Elsa sourit, fit taire la voix qui lui disait d'hurler son amour au visage de Mak, puis répondit:

- Une amie.

Bravo Elsa, tu lui demande de te faire confiance et tu commences déjà à lui mentir...

- Je suis votre amie alors que vous êtes une Ficede?

Rétorqua la louve en plissant les yeux, peu convaincue.

Elsa sourit en hochant simplement de la tête, se disant que si son loup avait déjà du mal à accepter l'idée d'être amie avec une Ficede, le jour où elle apprendrait qu'elle entretenait une relation bien plus intime avec cette même Ficede, le scandale serait au rendez-vous.

Le mensonge n'est pas une si mauvaise finalement...

- Pourquoi est-ce-que je ne me rappelle pas de vous alors?

Elsa inspira, comment allait-elle pouvoir lui expliquer ça simplement? Elle n'allait jamais la croire. Toute cette histoire, son histoire, paraissait surréaliste.

- Par mégarde, tu as été victime d'un sortilège qui a effacé une partie de ta mémoire.

Mak détourna son regard du sien, fixant l'horizon, le soleil se noyant dans ses pupilles jaunes. Elsa arrêta de respirer sous cette vision. Tout son corps désirait la toucher, la sentir. Mais elle ne pouvait pas, elle n'en avait plus le droit. Ce corps ne lui appartenait plus. Ses yeux non plus. Elle ne devait rien laisser paraître. Elle se devait d'être, comme elle l'avait si bien dit, une amie, et rien de plus. Elle se força à garder cette distance entre elles. Mak soupira. Elsa sortit de sa contemplation.

- J'essaye de vous croire, je vous assure. Mais c'est pas facile.

Elsa fronça les sourcils, voulant lui répliquer qu'elle lui disait la vérité, mais se ravisa en se mettant à sa place.

Souvenirs Cristallisés (suite de Cristaux Ensanglantés)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant