𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐍°𝟏𝟏

277 75 16
                                    

║𝟚𝟘𝕙𝟛𝟠║

"Ton pouls est faible."

Je relevais mes yeux vers mon patient. Son regard semblait préoccupé et son visage crispé. Ou alors c'était juste moi qui m'imaginais des choses. Je ne savais plus, je ne savais pas. Je le voyais flou, je n'arrivais même plus à sentir ses mains sur moi.

Peut-être parce qu'elles n'y étaient plus.

"Vous m'avez piégée, n'est-ce pas ?" murmurais-je. "C'est vous qui êtes responsable de tout ce qui se passe dehors. Parce que tout le monde sait le meilleur moyen de contrôler des fous, c'est de les laisser sortir de leur prison et de les enfermer dans une plus grande prison."

Il ne parlait plus. Mais il me suffisait d'entendre sa respiration s'accélérer très légèrement pour sentir que je touchais juste. Et c'en était tout simplement terrifiant. J'avais terriblement peur, en cet instant, mais mon corps était comme paralysé.

"J'ai volé ça à l'infirmière pendant notre dernière consultation." déclara mon patient, après un long moment de silence. "Ça ne fait pas dormir, ça paralyse. Ça nous permettra de continuer notre jeu, mais différemment." s'amusait-il.

J'entendais quelque chose tomber au sol, et rouler jusqu'à se cogner contre le pied de la table. Il m'avait enfoncé une aiguille, je ne savais où. Mes sens étaient comme éteints. Mais je sentais parfaitement la panique s'emparer de moi.

J'avais flanché une seule fois, et il en avait habilement profité en touchant un point sensible de ma vie avant de s'approcher de moi, tout sourire, pour venir me consoler. Le pire, c'était que je n'avais rien vu venir. Comme une débutante.

Mon patient passait ses bras autour de mon ventre, déposait sa tête dans le creu de mon cou et se mit à me trainer en arrière. Il ne tardait pas à m'asseoir sur ma chaise, à me sourire, puis à aller chercher les chaînes qui jonchaient le fond de la salle.

Mes yeux dérivaient vers les pieds de la table, et ne tardaient pas à remarquer une seringue vide. Je gardais mes yeux rivés sur ce simple objet alors que mon patient revenait vers moi, ces fichues chaînes en mains, avec un grand sourire aux lèvres.

"Je dois avouer adorer t'entendre parler, alors j'espère que cette merde ne fera pas effet très longtemps." il maugréa en passant derrière moi et en commençant à m'attacher sans douceur.

La froideur des chaînes me fit légèrement grimacer. Il tirait si fort dessus que mon dos rencontrait violemment le dossier de la chaise. Mais aucun bruit ne sortait de mes lèvres. Je me contentais de fermer mes yeux, tout en essayant de contenir mes larmes.

Il les liait brusquement, puis terminait de me les attacher, en quelques secondes. Je continuais de fixer cette seringue, en me demandant simplement quand est-ce que j'allais enfin pouvoir essayer de me défaire de tout cela tandis que lui restait dans mon dos.

Il décidait finalement de retourner sur sa chaise, sans me regarder. Puis, lorsqu'il fut finalement assit, il se décidait enfin à poser ses yeux sur moi. Ses yeux brillants d'excitation. Un frisson de peur me parcourait l'échine. Oui, j'étais bel et bien terrifiée.

"AeJi."

Surprit, il fronçait ses sourcils.

"Beau nom." déclara-t-il en haussant les épaules. "Mais, maintenant, ce n'est plus ça qui m'intéresse." me sourit-il.

Ses mains se déposèrent sur la table, elles y glissèrent jusqu'à moi. Il les claqua par la suite violemment sur celle-ci, me faisant presque sursauter. J'aurais dû sentir mon cœur s'emballer, mais j'étais toujours dans cet état second.

"Maintenant, EunJi, ce que je veux savoir, c'est pourquoi tu as tué ta sœur." me murmura-t-il. "Pourquoi est-ce que tu l'as assassinée, celle qui était sensée représenter une amie, une épaule, un journal intime, ton double ?"

"Je... Je ne... L'ai pas... Pas tuée..."

Ma bouche était lourde, je n'arrivais pas à formuler un seul mot correctement. Et je sentais mes yeux papillonner de fatigue. Était-il réellement sûr d'avoir volé le bon produit ? Ou était-il aussi débutant que ça ? J'en doutais. Mais alors, que m'arrivait-il ?

"EunJi, EunJi, EunJi..." soupira-t-il gravement en secouant la tête. "On sait tout les deux que tu l'as tuée. Et on sait aussi que ça t'as plu. Avoues, EunJi. Avoues le que tu as adoré assassiner ta chair, ton sang, ton double. Avoues le."

Je secouais faiblement la tête.

"Je... Je l'ai... L'aimais..."

"C'est faux. Tu l'as détestais. Tu voulais qu'elle meurt." contesta-t-il. "Alors dis-le moi. Dis-moi que tu as aimé voir toute trace de vie quitter son corps, dis-moi que tu as aimé cette odeur de sang envahir tes narines, et dis-moi aussi que tu as aimé voir cette peur dans son regard, juste avant... Juste avant qu'elle ne meurt. Par ta faute."

Mes larmes coulaient d'elles-mêmes sur mes joues. Je narrivais même plus à le contredire. Je n'arrivais plus à mentir. Je voulais juste m'endormir, et ne plus jamais me réveiller. Je voulais ne plus faire partie de ce monde.

J'étais une erreur.

Une erreur qu'il fallait supprimer.

Une erreur qu'il fallait supprimer

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

846

༄❛Moᥒ⳽tᥱɾ❜Où les histoires vivent. Découvrez maintenant