La naissance d'une juge ...

Chrysalide

Le brouillard s'est encore formé sur la façade Dijonnaise en ce jour de rentrée universitaire. Une belle jeune fille, un peu impressionnée mais déterminée, se faufile dans le dédale du grand hall pour accéder à son premier cours. Le changement est radical après avoir passé son été dans la quiétude de la campagne. Elle pénétre enfin dans cette université située sur la pente de la colline de Montmuzard de renommée internationale grâce à sa qualité de vie étudiante.

L'amphithéâtre est bondé mais elle parvient à trouver un siège bien placé.
Elle se sent désormais dans son élément, à boire les paroles de son maître de conférence annonçant le programme et commençant sa présentation. Malgré le travail ardu qui s'annonce, elle a hâte de découvrir toutes les matières proposées : le droit civil, l'histoire du droit, les sciences politiques ... et c'est pas peu fière qu'elle termine cette riche journée, le code civil sous le bras, pour retrouver son amie du lycée qui elle, a intégré la faculté de lettres. 

- Salut Alice ! Ça été ta journée ?
La toute fraîche étudiante en droit raconte avec euphorie à son amie la fierté d'accéder à son but.
- Magali, tu ne m'écoutes pas, là, constate t'elle.
En effet, cette dernière est davantage intéressée par la vie dans la grande ville et ses nombreux attraits qui s'y rapportent que par sa réussite étudiante : les bars, les soirées, les rencontres, l'indépendance dans leur appartement en colocation ...
- Si, si, ment-elle. Mais regarde, la coupe t'elle en lui tendant un tract, y a une soirée étudiante vendredi à la fac de sport, c'est le début de l'aventure, s'exclame t'elle.

Alice est un peu dubitative.
- Je comptais rentrer voir mon père, se désole t'elle.
- T'es pas sérieuse ? Hors de question, tu m'accompagnes !
Devant la moue boudeuse de son amie, elle se justifie :
- Il serait temps de couper le cordon avec ton père, Alice, lui conseille t'elle. Que tu fasses ta vie et lui la sienne, pour votre bien à tous les deux ...
Elle n'obtient pas de réponse si ce n'est les yeux verts de la jeune femme qui s'embuent.
- Ça fait des années que je vous observent, poursuit-elle en lui prenant la main. Vous vous enfermez dans votre deuil sans oser en sortir par respect pour l'autre. Mais tu as le droit de penser à toi et lui il a le droit d'être heureux.

Elle sait qu'elle a raison mais il est bien plus facile de le penser que de l'appliquer.
- C'est fac de psycho que tu aurais dû faire, ironise t'elle pour échapper à ce moment embarrassant.
Les amies s'enlacent amicalement avant de regagner leur logement.

Elle aura finalement eu gain de cause et parvient à la traîner tant bien que mal à la soirée malgré sa visible réticence. La fête bat son plein quand elles arrivent sur le terrain de basket intérieur réquisitionné pour l'occasion.
Si Magali bout d'impatience à l'idée de faire des rencontres, Alice est mal à l'aise dans cet atmosphère bourré de testostérone, d'autant plus dans la robe trop courte et trop moulante que son amie l'a poussé à troquer contre le jean qu'elle avait choisi. Mais après quelques verres bien chargés, elles finiront par se dandiner sur la piste de danse entourées de beaux sportifs sous le charme des deux amies aussi différentes l'une que l'autre.

Le lendemain, pensant bûcher ses premiers cours ou se remettre de sa soirée, Alice se détend sur le canapé mais c'est sans compter sur son infatigable acolyte qui se prépare à sortir.
- Allé, secoues-toi, Miss Nevers, on part en balade !
- Oohh, Mag, qu'est-ce que tu trafiques encore, râle t'elle.
- J'ai fait la connaissance de rugbymen hier soir et ils ont match aujourd'hui, on va aller les supporter, annonce t'elle en la poussant à se lever.
- Tu me fatigues, Miss Beaumont, marmonne t'elle en s'exécutant.
- Je sais et c'est pour ça qu'on est inséparables depuis la primaire, se moque t'elle. Tu avais mieux à faire, peut-être ?
Mais avant qu'elle ne répondes, elle poursuit :
- C'est bien ce que je pensais donc allons-y, se réjouit-elle.