L'horloge tournait, et la fleur volait

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Il était 12h24, un jeune homme aux yeux bleus profond observait de sa rétine la statue de Fujin, une fourmilière humaines s'était amassée devant la Face-sud du Kaminarimon* à Asakusa**. Il faisait bon malgré la petite brise entourant le Dieu du vent, l'adolescent au coeur tourmenté plongeait dans le lac de ses pensées, le sablier était tourné, la sable de Chronos s'écoulait, la course avait commencé, la fleur voletait mais elle lui échappait.

PDV Kayano

Je reconnais la Kyu Nikko Kaido st, les voitures vrombissantes paralyser mon système auditif. Il n'était que 12h45, et Nagisa m'avait donné rendez-vous à la porte de la foudre à 13h00, je décidai donc de m'arrêter au Seven Eleven tout près d'ici. Le magasin au logo sobre m'attirait, la vitrine était propre tandis que sur le sol, un sac en plastique gémissait tel un chiot quand le vent s'engouffrait dans ses entrailles polluantes. Ce contraste m'attristait, je décidai donc de rentrer dans le magasin pour changer les idées, et après une salutation mutuelle avec le boutiquier je me dirigeai vers le rayon des confiseries. J'avais un peu plus de plus de  300 yens, et avec ça je comptais acheter 2 pouding en cannette et un sachet de friandises piquantes.

Après 3 minutes dans cet havre de la consommation, je me dirigeait vers la caisse. Le vendeur, un homme honorable de 40 ans aux cheveux onyx très court et aux yeux perçants semblait avoir mal au dos, il passa lentement mes articles sous le scanner vieillissant. Le soleil pâle, timide, malade illuminait la face commerciale du  pauvre vendeur, il me dit : " Cela fera 298 yens, s'il vous plaît Mademoiselle ".

Je sortis mes 3 pièces de cent yens de mon portefeuille simple, puis le rangea discrètement dans mon sac à dos, je regardai une dernière fois les Sakura, sur l'avers de ma monnaie. Puis je pris mes articles, les mit immédiatement dans l'espace central du sac et annonça : " Au revoir ".

Il était à présent 12h55, le Kaminarimon se dressait au sud d'Asakusa tel le colosse de Rhodes se dressant sur la ville grecque éponyme. Après avoir traversé les bandes blanches du passage piéton, je me retrouvait devant le monument. Je ne mis pas longtemps à trouver Nagisa, il était le trou absorbant la lumières de mes sentiments, alors comme aspirée vers lui, je me précipitai à sa rencontre.

Il était la coquille vide échouée dans l'immensité de la plage de la réflexion. Il demeurait en transe devant Fujin, un Noroît déplaçait les mèches azur de Nagisa sur ses pommettes rosies par le froid hivernal.

Je me glissait derrière lui autant discrète qu'a mon habitude, je lui mis mes mains chaudes sur ses orbites pénétrantes et lui demanda d'une voix amicale : " Devine qui c'est ? "

-  " Kayano! " me répondit-il d'une voix enjouée.

-  " Ça te dirai qu'on remonte la Nakamise-dori ? " lui demandai je, j'avais ôté mes mains de ses yeux.

-  " Oui, si tu veux " répondit-il d'un ton neutre.

Sur ce Nagisa et moi commençâmes à s'activer, la masse humaine grouillante comme à son habitude nous réchauffait. Des touristes s'attardaient à chaque store, boutique, magasin, ils piétinaient de leurs chaussures les dalles grises de l'allée. Les akachōchin*** indiquaient les izakoya**** dans lesquelles on voyait parfois des travailleurs japonais avec des touristes européens déjà saoul. Les gouttières de l'allée marchande étaient recouvertes de vigne vierge. Certains marchands appâtaient  les potentiels clients avec  du saké chaud dans lequel était disposé une nageoire de Fugu grillée, l'effluve et la chaleur des fourneaux réchauffaient la rue commerciale.

PDV Omniscient

-  " Kayano, tu veux manger des Yokans à Funawa " demande-t-il un peu gêné.

 Un Sourire Pour DeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant