Attraction irrésistible

MISE AU POINT

Max

Je ne sais pas ce qu'elle fait là. Je n'en reviens toujours pas d'avoir vu Leah dans ce restaurant. Dans cette ville. Sur ce continent qui est le mien. Elle devrait être en Australie. C'est de là qu'elle vient, après tout. Sa présence ici n'a aucun sens.

Ca fait des semaines que je me demande ce qu'elle peut bien faire ici. Semaines pendant lesquelles je me suis forcée à ne plus y penser. J'ai bien du mal à en faire abstraction mais je suis si occupée que j'y parviens la plupart du temps.

Mes journées sont rythmés par les cours, le travail au restaurant et les entraînements quotidiens avec Cami. En plus de ça, je sors régulièrement avec Jo que je ne vois pas sur le campus. Ne pas étudier dans la même école, nous éloigne bien plus que ce que nous le voudrions. Je me passionne néanmoins pour mes cours qui sont tous plus intéressants les uns que les autres. Les quelques projets que l'on nous donne me prennent beaucoup de temps. Si bien que mon appareil photo est presque toujours collé à ma main.

Ensuite, mon boulot au dîner me plonge dans le monde du travail. Kristie a été d'une aide incroyable pendant ma formation. Elle nous a conseillé, Jo et moi, pour que nous nous fassions au métier de serveuse au plus vite. Je m'améliore de jour en jour. Je ne casse plus aucun verre et ne me trompe plus de commande. J'ai fais quelques erreurs au début mais cette époque est révolue. Je m'en sors bien mieux qu'il y a un mois.

Quant aux entraînements de danse, ils sont plutôt intensifs. Cami ne me ménage pas. Elle me fait répéter les mouvements vus en cours jusqu'à ce que je ne tiens presque plus sur mes jambes. Je me muscle de jour en jour, d'ailleurs. Ses entraînements en plus des footings réguliers que je fais avec Jo me sont très bénéfiques. J'ai gagné en endurance plus que ce que j'espérai. Mon corps et moi sommes de plus en plus coordonnées et à l'aise l'un avec l'autre. J'apprends à me servir de mes membres et à les utiliser sur le rythme de la musique. Les débuts n'ont pas été faciles. J'en ai bien bavé même. Je ne compte pas le nombre de fois où je suis rentrée au dortoir complètement épuisée et à deux doigts de m'endormir sur mon bureau.

En parlant de dortoir, ma relation ne sait pas amélioré avec Becca. Ma colocataire fait tout pour m'ignorer le plus royalement possible. Nous n'échangeons que quelques mots pour jour si ce n'est aucun. J'ai abandonné l'idée que nous soyons un jour amies. Je sais pertinemment que ça n'arrivera pas et je me suis faite à l'idée. D'ailleurs, je n'en ai même plus envie. Cette fille est à l'opposé de moi. Nous n'avons rien en commun. Elle avait raison quand elle disait que nous n'étions pas faites pour nous entendre. Ce n'est pas une grande perte pour moi. Cette fille est infecte. Ses amies que je croise de temps en temps le sont tout autant. Ce ne sont qu'une bande de garce qui se croient plus important et plus douée que tout le monde.

Heureusement, les relations que j'ai créé avec Cami et Jo rattrapent le désastre d'avec ma camarade de chambre. Je me suis fait là de vraies amies. Elles se sont rencontrées récemment et elles s'adorent. Je crois avoir formée une belle bande. Nous nous voyons souvent toutes les trois pour boire un verre ou seulement traîner ensemble. Bien souvent, Oliver se joint à nous. Lui aussi a trouvé sa place dans notre petit groupe. C'est le bout-en-train de notre groupe. Il est toujours là pour faire le pitre et nous faire mourir de rire par la même occasion. Nous l'avons adopté.

Mais, dans tout ce bazar de bonnes ondes, une seule chose me perturbe toujours. Et cette chose porte un nom. Gabriel.

Il n'a pas quitté mes pensées. Même quand je suis la plus occupée du monde, il n'est jamais loin. Il campe dans un coin de mon esprit et en surgit à chaque occasion qui se présente. J'essaie de refréner mes démons mais ils ne partent jamais loin. Je ne peux pas m'empêcher de revoir cet inconnu qui lui ressemblait tant. Parfois, je me dis que c'était bien lui. Puis, ensuite, je me souviens qu'il est à des milliers de kilomètres de moi. Et ça me brise le coeur. Le manque de lui est parfois tellement insoutenable que j'en ai mal aux tripes. Dans ces moments-là, le souffle me manque et j'ai l'impression d'étouffer. Comme si j'allais mourir dans l'instant s'il ne venait pas, s'il n'apparaissait pas devant moi. Je me demande si la douleur partira un jour. Bien souvent, je pense que non. Qu'elle sera toujours présente, là, pas loin de moi. Je tente bien malgré tout de me faire à cette situation mais la tristesse infinie que je ressens chaque fois que je pense à lui me ronge. Je l'aime et le déteste en même temps. Je me déteste tout autant de l'aimer encore.

Gabriel

Je n'aurai jamais rêvé meilleur endroit pour vivre et faire mes études. Los Angeles était la ville de mes rêves et je ne le savais même pas. Les cours de théâtre sont géniaux et la vie là-bas est bien plus agréable que ce que j'avais imaginé. Je ne me suis jamais senti aussi bien qu'en ce moment. Enfin, à un détail près.

En dehors de mes cours géniaux et de ma vie à la coloc', je passe mon temps à l'éviter. Elle est partout. Sur le campus, je ne cesse de la croiser et suis obligé, à chaque fois, de me cacher ou de faire un détour pour ne pas qu'elle me voit. Je la vois souvent dans les couloirs aussi. Chaque fois que j'aperçois sa chevelure blonde, mon coeur manque un battement. Je me sens terriblement mal à chaque fois que je la vois. Et dire qu'elle ne sait même pas que je suis là. Je fais tout pour qu'elle ne le sache pas. Je sais qu'un jour viendra le moment où elle le découvrira mais je ne suis pas encore prêt à accepter cette réalité. Je préfère continuer à me cacher.

Heureusement pour moi, Leah et Reed sont un véritable anti-dépresseur. Sans qu'ils ne le sachent, ils me permettent de ne pas sombrer ni de péter totalement les plombs. Je fume de plus en plus pour apaiser la tension qui s'accumule en moi. Mais, mes deux colocataires sont tout aussi efficaces. Leah est la voix de la sagesse. Elle me rassure et me pousse à parler quand j'en ai besoin. Tandis que Reed passe son temps à me faire rire. Tout se passe bien entre nous. A l'appartement, la vie est plutôt cool. Nous avons quelques engueulades parfois, évidement. La répartition des tâches n'est pas toujours évident. Mais nous finissons toujours pas nous arranger au mieux.

Ma mère est toujours aussi inquiète chaque fois qu'elle m'appelle. J'ai tout de même instaurer une règle entre nous. Pas plus de deux appels par jour. Si je la laissai faire, elle serait sans arrêt au bout du fil. Aaron est bien plus détendu lui. Nous conversons par message tout les jours et il m'appelle même de temps en temps. J'appelle Trevor tout les deux ou trois jours également. Je ne veux pas perdre le contact trop longtemps avec eux. Mes frères représentent presque toute ma vie. J'ai besoin de les entendre et de les voir pour ne pas défaillir. Ils me sont vitales.

Elle aussi m'est vitale. Bien que je la déteste jusqu'au plus profond de moi, mon coeur n'est pas de cet avis. Elle lui manque terriblement. Je ressens le manque d'elle chaque jour un peu plus. C'est une véritable torture de la savoir si près alors qu'elle est pourtant si loin. Je cherche par tout les moyens à l'effacer de ma mémoire. Je ne veux plus d'elle dans ma tête. Je ne veux plus d'elle dans ma vie.

Je la hais et pourtant je l'aime toujours. Je m'en arracherai le coeur pour ne plus ressentir ce besoin d'elle qui me bouffe à chaque seconde. Il faut que ça cesse. Je ne supporterai pas de l'aimer plus longtemps.