Partie unique

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Je n'aimais pas cette odeur. Ça sentait le brûlé. Ça sentait la panique. Ça sentait la fin. J'avais du mal à comprendre se qu'il se passait, tout ce que je savais c'était qu'il y avait un sentiment d'urgence en moi et que ça me rendait malade. Je ne savais pas où était ma famille. En avais-je une au moins ? Je n'en étais pas très sûr. Il y avait du bruit autour de moi, des gens qui couraient, des larmes tellement nombreuses que j'étais incapable de les compter. Puis d'un coup, tout se calma, comme si on avait mis la scène en pause. Plus de mouvement, plus de bruit, plus de désolation. Plus rien.

J'étais dans un endroit qui m'était familier mais je n'étais pas vraiment certain. Ma maison peut-être. La même odeur de brûlé vint chatouiller mes narines. Est-ce que ça venait d'ici ? J'entrai dans une pièce pour constater que tout y était détruit. Sur le sol, un cadre avec une photo. En dessous, il y avait un nom : Kim Seokjin. C'était moi ! J'étais la seule chose qu'il restait dans ce champ de ruines. Ma photo et moi. Je me souvenais. Mes parents n'étaient pas là de la semaine. J'étais de sortie moi aussi hier soir mais impossible de savoir où. Toutes les maisons s'étaient mises à brûler, sans que le feu ne se propage à autre chose que nos habitations. Il avait fallu attendre que la nuit se termine pour constater les dégâts. Tout était noir mais pas chaud, ce qui était étrange. Normalement, tous les bâtiments, les arbres, les voitures, tout aurait dû périr. Pourquoi seules nos maisons étaient touchées ? Ce n'était pas normal. De nouveaux bruits se firent entendre. Cette fois, ils venaient de la grande rue qui ne se trouvait pas très loin. Je sortis de chez moi précipitamment. De nouvelles personnes courraient et le soleil brillait tranquillement. Je voyais bien les gens fuir mais je ne les suivais pas. Je voulais savoir d'où ça venait. Mes jambes se mirent à bouger et je courus jusqu'au carrefour. Arrivé au croisement, je pus voir la grande rue plus qu'agitée. En plein milieu, un énorme... je ne savais même pas. Un moyen de transport, une machine de guerre plus haute encore que les immeubles de la ville. Elle faisait de l'ombre dans toute la rue. Les gens qui couraient se faisaient tirer dessus. Pas par des balles, non, mais par des faisceaux de feu qui les faisaient tomber et parfois disparaître. Ça avait un air d'apocalypse.

Je ne bougeais plus, incapable de le faire alors que mon corps était venu tout seul ici quelques secondes avant. Les bâtiments commençaient à prendre feu aussi. Seuls ceux qui ne bougeaient pas, comme moi, n'avaient rien. A croire que notre immobilité nous sauvait. Je ne savais pas ce qui nous attaquait mais ce que je savais, c'était que j'étais sur le point de défaillir. Je n'entendais plus rien, mes oreilles bourdonnaient. Je voyais les choses mais je n'arrivais pas à les analyser. Soudrain, le gros vaisseau s'ouvrit pour laisser sortir un oeil énorme. Juste un oeil, qui riait sans même avoir de bouche. Certains le regardèrent et un flash vint éclairer la pénombre de la rue. Je papillonai des yeux quelques secondes et quand je pus enfin voir correctement, quoi qu'un peu flou, je pus voir les immobiles bouger pour attaquer d'autres immobiles. Il n'y avait donc aucun moyen de se sauver de là. Mon coeur battait trop vite, comme pour me dire d'aller me cacher. Je ne pouvais pas. J'allais mourir, je pouvais presque sentir les doigts de la faucheuse caresser ma nuque, prête à m'offrir mon dernier baiser. J'eus l'impression de basculer en arrière mais un visage apparut dans mon champ de vision. C'était un jeune homme qui me parlait. Je n'entendais toujours pas ce qu'il disait mais ses traits déterminés me rassurèrent. Il emmena plusieurs personnes à l'intérieur d'un bâtiment, ne se retournant pas quand l'un d'eux était touché. S'il le faisait, nous étions tous morts. Dès que je fus à l'intérieur, je pus respirer. Je ne savais pas depuis quand je me retenais mais ça ne m'aidait sans doute pas à me sentir bien. Je montai les escaliers, suivant le troupeau, toujours dirigé par l'inconnu. Je ne savais pas combien d'étages nous avions fait quand il nous arrêta enfin.

Nous étions dans un grand hall et l'un des murs était une baie vitrée. De l'autre côté, il y avait une terrasse installée comme un petit jardin. D'ici, on pouvait voir qu'il y avait beaucoup de luminosité. De l'autre côté, dans notre dos, il y avait tout un tas de petit box, des petites pièces avec rien à l'intérieur. A peine une chaise, pour certains, sinon il n'y avait rien. Un énorme remu ménage se fit entendre à l'extérieur et l'inconnu nous pressa.

My saviorWhere stories live. Discover now