La robe

Le frisson

 A l'autre bout du fil, ma meilleure amie me proposait comme chaque samedi soir une soirée. J'avais pour habitude de toutes les refuser. Je ne voyais pas l'intérêt de participer à ce genre de futilité. Cela ne l'empêchait pas de persévérer.

« Allez Irène, cette fois ce n'est pas une soirée comme les autres, une soirée thématique costumée, je suis sûre que tu vas adorer » m'argua-t-elle. Je soupirais en lui répondant :

« Je ne suis pas certaine que de me faire passer pour quelqu'un que je ne suis pas soit une bonne idée Hannah.

_ Hé ho, détends-toi un petit peu. S'amuser, vivre, s'enivrer, ces mots ne te disent rien ? Arrêtes un peu de vivre recluse dans ta maison, si charmante qu'elle puisse être. »

Et voilà, c'était reparti pour une heure de pourparlers à expliquer que non, je ne souhaitais pas sortir et me sentais bien chez moi, que je n'avais pas la moindre envie de sortir rencontrer du monde pour me divertir. A vrai dire, sortir, voir des gens me terrifiait et me paralysait au plus haut point. Quelque chose qui semblait difficile à comprendre pour mon entourage. Alors que j'allai raccrocher, Hannah me souffla la thématique de la soirée : « Les années 1920 ». Un frisson parcourut alors mon échine dorsale et l'image de la robe du grenier me vint en tête. Le silence dut également s'inviter dans la conversation car j'entendis à plusieurs reprises ma meilleure amie prononcer mon nom avant de reprendre pieds.

« Irène ? Irène ? Tu ne dis plus rien ? Tu es sûre que tout va bien ?

_ Oui, oui, juste une sensation étrange. Ce n'est rien.

_ Ecoute si simplement écouter la thématique d'une soirée te met dans cet état, on laisse tomber...

_Non ! Surtout pas ! »

J'avais presque hurlé ses derniers mots. Un sentiment viscéral en mon for intérieur m'incitait à m'y rendre vêtue de la robe charleston sans que je ne puisse l'expliquer. Malgré l'incompréhension que je pouvais entendre dans la voix de mon amie, elle me communiqua l'heure et le lieu de rendez-vous de cette soirée : j'étais attendue pour 22h dans un petit troquet parisien.