La révélation

Chapitre 6 : Toucher le fond

- Tu ne peux pas te permettre de dénaturer ta carrière de la sorte, claqua sèchement la voix de l'homme. C'est une chance inouïe que tu as de débuter dans ce milieu si jeune. Je suis extrêmement déçu de te voir gâcher les belles opportunités qui viennent à toi.

- Mais Père, je n'ai jamais voulu de cette carrière... C'est vous qui me l'imposez ! éclata Adrien, le cœur battant la chamade.

- Comment oses-tu ?! lança dans un souffle sévère Gabriel Agreste. Je fais ce qui est le mieux pour toi. Grâce à ces expériences en tant que mannequin, tu te fais un nom dans le monde de la mode, et tu épargnes une somme non négligeable pour ton futur.

- Je voudrais seulement faire la même chose que les autres garçons de mon âge... soupira tristement Adrien en baissant la tête.

- Tu n'es pas comme les autres, Adrien. Tu es un Agreste. Tu ne peux te considérer comme le commun des mortels.

Adrien retint difficilement une réplique acerbe. L'insolence n'avait aucune chance avec son père... Devant son mutisme, Gabriel sembla percevoir de la résilience. Il soupira doucement et posa sa main sur l'épaule de son fils.

- Que ta prochaine séance photo soit parfaite Adrien, ou je me verrais obligé de réduire un peu tes loisirs pour que tu puisses te concentrer davantage dans ton travail.

Adrien releva la tête et dévisagea l'inconnu face à lui. Malgré quelques ressemblances physiques, impossible qu'ils soient de la même famille, songea-t-il. Comment pouvait-il sérieusement songer à lui amputer le peu de temps libre dont il disposait ? Il se demanda furtivement si son père savait ce que signifiait le mot « loisirs », avant de se diriger lentement vers sa chambre.

Le lendemain, au collège, Adrien se sentit plus léger. Il avait ce jour-là plusieurs créneaux de libre du fait d'une réunion des enseignants de l'établissement, et il avait prévu de passer ces précieuses minutes avec son meilleur ami.

Nino lui lança un clin d'œil alors que le mannequin fixait depuis quelques secondes Marinette, assise quelques rangées plus loin aux côtés d'Alya.

- Dis donc, elle t'intéresse beaucoup Marinette en ce moment !

- Quoi ? bafouilla Adrien. Non, non, c'est une très bonne amie.

Marinette croisa le regard du jeune homme qui sentit ses organes fondre comme neige au soleil. Il s'empressa de se tourner vers son ami et d'empêcher ses yeux de dévier vers l'objet de sa tourmente.

- Ouais, une TRES bonne amie... insista Nino avec un sourire en coin.

Adrien choisit de l'ignorer. Il n'avait pas cœur à se lancer dans une argumentation, et étrangement ne voulait pas se confier à quelqu'un d'autre que Marinette elle-même.

La journée se termina dans l'agitation : un akuma venait d'apparaître dans le collège, demandant à Marinette et Adrien d'user de divers mensonges et manipulations pour pouvoir sortir de la salle d'étude dans laquelle ils se trouvaient pour se transformer en toute quiétude. Ces mensonges à répétition commençaient à lasser le jeune homme qui ressentait cruellement le besoin d'un peu de repos psychologique.

Toutefois, cette attaque bien que s'étirant en longueur fut facilement maîtrisée, et il revint au manoir Agreste sans que quiconque ne s'inquiète de ses quelques minutes de retard.

Le soir, Adrien se coucha tard. Perdu dans ses pensées, il n'arrivait pas à se concentrer sur ses devoirs et dût se plonger à plusieurs reprises dans ses problèmes géométriques avant de comprendre qu'il n'avait pas sorti le bon matériel pour travailler correctement.