J'avais une chance sur combien de me faire poignarder ?
Une sur cinquante.
J'avais une sur combien de me réveiller dans le corps d'une autre personne ?
Une sur un milliard.
Je ne croyais pas à la réincarnation, et pourtant, je me trouve dans un li...
Il est enfin l'heure de quitter les bureaux, pourtant je suis dans les derniers à sortir. Mes collègues, que je considéraient comme mes amis, ont décidé d'aller fêter l'arrivée d'un nouveau dans l'équipe éditoriale, mais en retard sur un projet, j'ai préféré rester pour le terminer. Je suis triste, moi aussi je voulais les rejoindre.
Depuis un an, je travaille dans une maison d'édition en tant que graphiste, j'adore mon métier, mais il peut être fatiguant. Je dois lire et étudier chaque livre dont je fais la couverture pour le cerner au maximum et faire ressortir ces points forts. De plus, je passe parfois des journées devant mon écran d'ordinateur, malgré mes lunettes, mes yeux souffrent.
Arrivée à l'arrêt de bus, je me rends compte que j'ai oublié mon portfolio sur ma chaise. Je soupire et jette un coup d'œil à mon téléphone, bon, si je me dépêche, je pourrais avoir le prochain bus.
Je cours difficilement avec mes talons au pied, quelle idée d'en avoir mis. Ah oui. Je m'en souviens. Je voulais plaire à ce fameux nouveau. On peut dire que ma libido est au maximum ces derniers temps.
Une fois au quatrième étage, je marche rapidement vers mon bureau et une fois à sa hauteur, j'attrape d'une main mon portfolio et le place sous mon bras. Je me tourne pour rejoindre l'ascenseur mais je tombe sur une silhouette noire. Impossible de crier, surprise, je sens une douleur indescriptible au niveau de mon abdomen. Je baisse la tête. Une lame y est plantée. Les larmes brouillent ma vue et j'ai du mal à apercevoir mon agresseur, tout ce que je peux voir, ce sont des yeux gris glacials.
Je m'écroule lourdement au sol, la sensation du sang qui quitte mon corps est désagréable, mais impossible de la comparer à celle de mon abdomen...je ne ressens plus rien.
Alors...c'est comme ça que j'allais mourir ? C'est si triste. Je n'aurais jamais eu d'enfants, je n'aurais jamais pu accomplir mon rêve de faire le tour du monde, je quitte mes amis et ma famille, je quitte ma petite vie tranquille que j'aimais. Et désormais, je ne pourrais même pas connaître le visage de la personne qui vient de m'attaquer sauvagement. Ça n'arrive que dans les films normalement.
Ma mère. Je ne peux pas mourir. Je ne peux pas la laisser seule. Elle ne s'en remettra jamais si je meurs. Non. Je dois me battre. Pour elle, et pour mes amis, je ne veux pas les quitter aussitôt, pas maintenant.
Je veux vivre.
Je me redresse difficilement sur mes avant bras, mais mon agresseur s'accroupit et pose sa main sur une de mes épaules, me plaquant au sol. Avec les maigres forces qui me restent, impossible de me relever.
Espérons que les agents de sécurité ont vu la scène à travers les caméras de sécurité et qu'ils sont en route.
L'homme, que je devine par sa carrure, est toujours près de moi, s'enfuir à l'air d'être le dernier de ses soucis. Ironiquement, je n'arrive toujours pas à voir son visage, ma vue devient de plus en plus trouble.
" P-pourquoi..." murmurai-je dans un dernier élan de curiosité.
Ces lèvres bougent mais j'ai du mal à entendre, il paraît si loin.
Si loin.
Tout devient noir, tout devient silencieux.
Tout devient....
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