Je n'ai jamais pensé t'avoir oublié, j'ai cru naïvement avoir réussi à m'éloigner. Un rien, un rien a suffi pour que tout me revienne en tête.
Il faisait gris, je me trouvais dans une pièce ancienne. Le parquet craquait, les branches des arbres cognaient sur la fenêtre bien fermée. J'étais le spectateur triste d'une scène à la tragédie toute trouvée. Un adieu, entre une mère âgée aux portes d'un voyage silencieux et éternel et sa fille qui ne retenait plus ses larmes chaudes et sincères qui coulaient sur ses joues. Dans ce moment de la plus grande intimité, qui étais-je ?
Je sortis de la pièce et marchai dans le long couloir jusqu'à la porte, derrière elle apparaissait une silhouette. C'était toi, toi que je n'avais plus revu depuis des mois. Tu te tenais en face de moi, le visage triste et les gouttes qui coulaient sur tes cheveux lisses et désordonnés, sur tes paupières, tes joues crispées et sur ta bouche qui ne souriait plus. C'est étrange, il ne pleuvait pourtant pas. Nos joues s'entrechoquèrent par deux fois. Deux bises qui laissaient sous-entendre un lien, fragile peut-être, mais existant entre nous deux. Alors que tu rentrais dans cette maison, j'alla dans l'autre sens. Le chemin était magnifique et paisible. La terre sur laquelle se posait mes pieds était sèche. Le vent qui semblait si violent quelques minutes auparavant s'était transformé en une brise agréable qui caressait mon visage et facilitait mon avancée vers un petit portail rouillé par le temps. Une voiture attendait en face de celui-ci. Je l'atteignis, ouvris la portière de derrière et puis, plus rien.
Un rêve, était-ce si évident ? Rien de tout cela n'était réel. J'avais eu tant de mal à te laisser partir, à fermer la porte me menant à ton souvenir. Tout ça pour ça. Cette porte, je l'avais ouverte à nouveau, inconsciemment, cédant comme Pandore en son temps à la curiosité. À mon réveil, je me retrouvai ainsi avec ces maux qui blessent l'âme : la tristesse et le regret.
Je me suis rappelé de tout. Ton sourire irrésistible qui accentuait tes pommettes et qui me remplissait instantanément d'une joie intense et inexplicable. Ta voix qui revenait dans mes oreilles comme une douce mélodie dont on ne peut se lasser. Je revis ce moment où tout a basculé, où celle qui fut alors mon phare dans la nuit méta un mot sur ces émotions qui m'envahissaient en ta présence. Elle fut au même instant Cerbère, m'accueillant en Enfer. « Amour », c'était cela, j'étais amoureux de toi.
Je n'étais pourtant personne à tes yeux. Un simple passant dans les couloirs du lycée, un léger souvenir de quelques interactions passées. Qu'aurais-tu fait si tu avais su ? Tu m'aurais ignoré, tu te serais moqué de moi avec tes amis comme le font les lycéens ou peut-être que tu te serais approché de moi pour m'adresser la parole. Oui, tu m'aurais expliqué pourquoi ce sentiment intense n'était pas réciproque, pourquoi je devais le laisser partir. Je t'aurais souri une toute dernière fois.
Alors c'est vrai ce qu'ils disent. On ne peut réellement oublier une personne qu'on a aimée et encore moins la première. On refoule ses sentiments, on espère qu'ils ne resurgiront jamais. On ferme la porte à double tour et on jette la clé. On prétend pouvoir regarder cet être avec des yeux d'une indifférence effrayante. Le cœur amoureux, après avoir été brisé, se soigne et attend de battre de nouveau un peu plus fort pour un inconnu. As-tu seulement regardé ? As-tu seulement remarqué ? Il manque une pièce à ce cœur. Inutile de le rechercher, il s'est accroché, à jamais, à ton premier amour.
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Ce que je n'ai jamais osé dire
Non-FictionCe que je n'ai jamais osé dire, je l'écrirai. J'écrirai mes pensées, mes sentiments bien cachés à l'intérieur. Pour moi, pour eux. Écrire pour se sentir mieux, écrire pour remplacer les paroles, voilà le remède que j'ai choisi.