un Chapitre une Histoire

L'héritier du temps

Un jour de plus qui commence, un jour de plus dans cette entreprise où je n'ai aucun avenir, un jour de plus dans cette ville qui empeste le carbone, un jour de plus dans ma vie insipide. Je m'appelle Angella, j'ai 32 ans et suis développeur dans une grosse entreprise. Évolution rapide et augmentation chaque année m'avait-il vendu, au lieu de ça, je suis au même poste depuis 8 ans et mon salaire a à peine évolué. Pourquoi ne pas démissionner ? Je cherche figurez-vous, mais dans ma branche, le travail est rare et le salaire proposé est souvent inférieur à ce que je touche actuellement. Alors je reste dans ma petite vie morose, profitant des rares moments qui sortent de l'ordinaire pour redonner du goût au quotidien.

En ce moment j'ai deux divertissements, mon voisin de bureau qui m'a invité à dîner ce soir et le petit nouveau qui est arrivé en début de semaine dans l'entreprise. Un beau brun au regard envoûtant qui te donne l'impression d'être le centre de l'univers lorsque tu parles avec lui. Dommage, si jamais 10 ans de moins, c'est avec lui que j'aurai rendez-vous. Au lieu je me contente de le regarder de loin se faire draguer par les petites jeunes de la conta, mais c'est assez drôle à voir.

- "Arrête de le regarder comme ça ! Les gens vont finir par se poser des questions", lança Maria, une de mes collègues, avant de s'asseoir à côté de moi.

- "Est-ce un crime de regretter le temps qui passe ?", demandais-je en lui lançant un regard triste.

- "Oh allez déprime pas, tu es encore magnifique pour ton âge !", clama la jeune femme.

- "Oh oui, je sais, à mon âge canonique de 32 ans j'ai déjà un pied dans la tombe", lançais-je en sûr jouant la détresse.

- "T'en fais pas ma belle ! Avec une bonne crème et une alimentation saine tu vivras encore longtemps !", affirma Maria très sérieux.

Pauvre petite, comment peut-on sérieusement penser cas 32 ans on est vieux. Quoique je ne doive pas la blâmer. Dans notre société si à 30 ans, si tu n'es pas en marie avec un gosse ta rater ta vie. Alors une fille comme moi, libre et sans attache, je passe pour une paria.

- "Oh mais j'y pense, c'est ce soir ton rencard avec le Richard non. Tu me raconteras ! C'est peut-être le bon !", murmura Maria tout excité.

- "Oui bien sûr", répondis-je en imitant son excitation.

Je n'attends pas grand-chose de ce rendez-vous. Richard est gentil, mais très ennuyeux. On verra bien, la bande-annonce du film vend du rêve et le restaurant est bien noté.

- "Bon je te laisse je vais essayer de parler au petit nouveau, il n'y a pas de raison pour que tu sois la seule à t'amuser ce soir", termina la jeune femme avant de remettre sa poitrine en place et de prendre la direction de la salle de repos.

Je laissais échapper un long soupire d'exaspération avant de me remettre au travail. Lorsque 18 heures, Richard se tourna vers moi un peut gêner.

- "On... on y va ?", me demanda-t-il sans oser me regarder dans les yeux.

- "Je te suis", lui répondis-je en prenant mon sac.

Notre soirée commença au cinéma, voir la dernière comédie romantique sortie, où je résistais de toutes mes forces pour ne pas m'endormir. Moi qui pensais voir un film d'enquête c'est rapper, je me ferais plus attention la prochaine fois. Ensuite nous sommes allées au restaurant, où j'ai été fortement dessus. Les plats trop ou pas assez cuit, la sauce sans saveur et le personnel aussi accueillant que des portes de prison. Sans parler des sujets de conversation de mon collège qui était aussi intéressant que le fond de mon assiette.

Après un repas interminable, il me raccompagna à pied à mon domicile. La meilleure partie de la soirée. Le calme de la nuit, mariée aux lumières tamisées de la ville et au silence de mon partenaire rendait le moment apaisant. Lorsque l'on arriva tout en haut d'un pont, Richard attrapa mon avant-bras d'une main ferme. Je me tournais vers lui et le regardais dans les yeux.