Isabella se lève et part dans le couloir. Lorraine enlève complètement sa robe. Elle passe alors de la crème sur son bleu, en se regardant dans le miroir. Elle inspecte son bleu, légèrement enflé. Elle ramasse la robe, la remet, mais n'arrive pas à la refermer. Elle sort donc dans le couloir et va trouver Isabella au salon. L'Espagnole n'y est pas. Alors, Lorraine ne voulant pas paraitre indiscrète en la cherchant dans tout l'appartement qu'elle n'a pas encore visité, reste dans la pièce. Un piano à queue trône entre le canapé et la salle de bain. Elle se revoit chez son père. Lorraine s'assoit sur le large siège de bois, où pourrait aisément s'asseoir deux personnes. Elle feuillette les partitions qui se trouve sur le pupitre, et trouve un morceau qu'elle connait aussi. Alors, elle se met à le jouet, en mettant la sourdine, un peu timide de faire exploser le son. Isabella, qui se trouvait dans la cuisine, n'y prête pendant quelques secondes pas attention. Elle lève la tête en reconnaissant le morceau, termine de couper sa patate, et ouvre la porte. Elle s'appuie sur le cadre de celle-ci et croise les bras, la tête penchée. Elle observe alors son invitée en souriant. Lorraine lui semble très étrange quand elle joue. Ses épaules sont relevées, et ses coudes se balades à droite, à gauche. Le morceau se termine. Lorraine reste quelques secondes assise, assourdit par le silence, où résonne la vibration de la dernière note du morceau. Ses doigts trainent sur le clavier. Elle se lève en caressant le piano du bout des doigts, perdue dans ses pensées. Et c'est alors qu'en aillant fait un quart de son tour, elle relève la tête pour regarder la pièce, tombant Les yeux dans les yeux avec Isabella, qui n'a pas bougé. Lorraine et Isabella se fixe une minute. Isabella remet une mèche de ses longs cheveux ébènes, rapidement attachés, derrière son oreille. Puis elle s'avance vers Lorraine, s'en perdre son regard. Et se place en face d'elle , de l'autre coté du piano. 

- Pourquoi vous êtes vous arrêtée ? vous jouez très bien Lorraine. 

Lorraine sourit gênée, le regard fuyant

- Vous jouez souvent ? 

- Oui lorsque je suis chez mon père. C'est la première fois que j'en joue à Paris. cela m'avait un peu manqué je dois l'avouer. Je suppose que vous, vous en jouez aussi .

- Vous avez bien fait. Oui évidemment ! Je n'aurais pas de piano au milieu de mon salon sinon!

Les deux femmes se mettent à rire, se rejoignant inconsciemment vers là fenêtre, presque face au siège du piano. Isabella lui attrape le bras en lui disant:

- Allez maintenant venez m'aider à éplucher les patates !

Et les deux avancent vers la cuisine en rigolant. Lorraine en oubliant sa robe ouverte dans le dos. Elles se mettent à éplucher les patates debout, cotes à cotes, face à la porte donnant sur le salon. Isabella va se laver les mains dans l'évier derrière elle. En se séchant les mains sur un torchon, elle se retourne et se met à rire, contemplant le dos nu offert devant elle. 

- Lorraine vous savez j'ai déjà vu votre bleu. Je sais que vous vous êtes fait un peu mal. Vous n'êtes pas obligé de l'exiber comme ça! Je me suis déjà excusée!

Lorraine se retourne intriguée, puis elle hoche la tête en riant

- Je voulais vous demander de m'aider à la  fermer, et puis j'ai oublié. Vous pourriez ...?

Isabella s'approche et ferme lentement les boutons. Lorraine sent les doigts d'Isabella trainer dans son dos. 

- Voilà! Dit Isabella en tapant légèrement sur l'épaule de Lorraine. Elle laisse sa main, puis l'enlève et rajoute : " écrasez ces patates. Je vais faire cuire la viande. " Les deux femmes reprennent la cuisine silencieusement. Lorraine fredonne. Les femmes rigolent, et finalement, elles se mettent franchement à chanter. Le repas est presque près, le bœuf est en train de cuire, alors, elles dressent la table, dans la grande salle à manger . Elles se font fassent, chacune à une extrémité, et mangent silencieusement. Isabella est la plus proche de la cuisine. A sa gauche, deux grandes fenêtres innondent la pièce de lumière. Le mur d'en face, est percé d'une grande verrière noire, qui donne sur le salon.  Lorraine se met enfin à parler pour rompre le silence : 

- C'est très bon, la viande est très tendre.

- Merci ! Vous pouvez aussi vous félicitez ! Vos patates sont écrasées à merveille !

- Oui je trouve aussi, dit Lorraine en rigolant. 

- Mon frère m'a appelée. Il devrait venir pour 9 heure environ. Cela ne vous fait pas trop tôt ? 

- Non c'est très bien. Je n'irais simplement pas me coucher trop tard. 

 - Vous verrez, les enfants sont adorables. Eléonore a 7 ans. Elle est très vive, et curieuse. Paul, est un peu plus réservé. Il n'a que 4 ans. Vous risquez de l'intimider un peu. En plus de cela, vous êtes très grande. Il risque d'être impressionné. Mon frère,Javier, va vous apprécier j'en suis certaine. Ne vous faites pas de soucis. Vous pourrez rester ici le temps qu'il vous faudra. 

- Bien je vous fais confiance. 

Isabella s'essuie la bouche avec une serviette en tissu épais, et se lève , les mains sur la table. 

-Allez dans le salon, je vous rejoins. 

- Non je vais vous aider!

- Allez vous asseoir sur le canapé ! 

- Bien, bien, à vos ordres chefs ! 

Isabella sourit, et se met à ramasser les assiettes. Lorraine la suit dans la cuisine mais l'y laisse pour se rendre dans le salon. Le soleil a considérablement baissé dans le ciel, et la lumière est magnifique. Lorraine s'assoit sur le canapé pour l'admirer, n'en croyant pas de cette journée. Isabella arrive et se place en face d'elle sur le canapé. Les deux femmes se regardent en souriant. 

- Aimez vous lire ? demande Isabella en observant les livres devant elle. 

- J'adore, oui. J'ai un seul livre dans ma valise, mon préféré, "Au bonheur des dames". Je l'ai lu et relu et je ne m'en lasse pas. Et vous? 

- Oh je crois que je ne l'ai jamais lu. J'aime beaucoup le théâtre. 

- Oh moi aussi ! C'est un genre merveilleux. Les enfants aiment-ils les histoires ? Si vous aviez la comtesse de Ségur, ce serait fabuleux.

- Oh mais bien sur! Je ne leur ai jamais lu. Je les aime beaucoup mais je ne sais pas m'occuper d'eux. Ils m'apprécient mais ne passent pas beaucoup de temps avec moi. Ils seront ravis de cette lecture j'en suis persuadée. Et si vous le faites comme vous jouiez avec ce garçon, je ne me fais pas de soucis. 

- Bien! Il fait bon ce soir. Je peux sortir fumer ?

- Bien sûr. Je vous en offre une !

Les deux femmes se lèvent. Lorraine reste en arrière. Isabella ouvre la porte fenêtre à la droite du canapé. Sur le balcon, elles allument leurs cigarettes. Le soleil est désormais très bas dans le ciel. Lorraine, plus proche du mur, est dans son ombre. Son visage est éclairé par la lumière de sa cigarette. Un léger vent passe sous leurs cheveux. Quand la cigarette de Lorraine est fini, elle abandonne son hôte pour aller se brosser les dents et se nettoyer le visage de cette journée dans une ville beaucoup plus pollué que la sienne. Lorraine passe par la porte de la salle de bain qui donne sur le salon pour retrouver Isabella. Elle est toujours sur le balcon, fixant l'horizon. Lorraine s'avance , mais comme Isabella ne l'entend pas, elle lui pose la main sur l'épaule. Isabella ne sursaute pas. Elle ne se laisse pas surprendre facilement. Elle revient simplement à ses esprits et se place face à la jeune brune, en souriant. En lui embrassant la joue gauche, elle lui souffle "Bonne nuit Lorraine" , à l'oreille. Lorraine se retourne et se rend dans sa chambre. Isabella vient de fermer la fenêtre. Elle ferme les volets intérieurs en bois, puis, elle se dirige dans la cuisine pour faire de même, et enfin, dans la salle à manger. Elle allume la lumière de la cuisine, et se met à faire la vaisselle. Lorraine laisse sa fenêtre et ses volets ouverts, pour faire entrer l'air frais. Elle enlève sa robe, et son soutien gorge, puis enfile un débardeur en coton blanc. Elle se fait la remarque qu'il va falloir qu'elle range un peu cette chambre si elle reste. Isabella l'a aménagée comme elle pouvait en une heure mais ce n'est pas encore très commode. Elle se glisse alors sous sa couette, car malgré la chaleur de la journée, la nuit est très fraiche. Elle reste allongée comme un I pendant près d'une heure, ne faisant varier la position que par ses bras. Elle pense rêveuse à demain, à hier, et à ce jour . Elle a oublié son frère et tout ses problèmes. Le vent lui effleure le visage, comme une caresse. Elle entend les bruits de la rue, qui masque presque totalement les bruits de casseroles d'Isabella, qu'elle s'amuse qu'en même à essayer d'entendre. Elle perçoit une légère lummière jaune, qui provient des réverbères de la rue, et qui éclaire son visage. Elle est à peine endormie quand Isabella va se coucher. 

Femme ou le cabanon au fond du jardinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant