Queen of Cards (Version française)

Jour 2 (3/3)

-Non, rien du tout... répondit la jeune femme, déçue.

-On voulait continuer nos recherches dans le salon, quand on a eu l'idée de se cacher dans la salle à manger pour espérer surprendre le Maître.

-Vous êtes complètement tarés, s'exclama Alan dans un fou rire.

-De toute façon, on n'en a pas eu l'occasion. On est à peine sortis de la salle à manger qu'un mur métallique, opaque et coulissant en a bloqué l'entrée. Impossible de forcer le passage. Mais pour ce soir, on restera ici sans broncher.

-Ça ne va pas la tête ? Comment voulez-vous que le Maître puisse nous donner à manger si vous êtes dans les parages ? Je ne tiens pas à mourir de faim ! s'emporta ma meilleure amie.

Tobias se râcla la gorge. Je le soupçonnais fortement d'avoir préparé tout un discours argumentatif à l'avance.

-On se cachera, il ne nous verra même pas. On va réussir à le prendre en flagrant délit ! Et si personne ne vient jusqu'à vingt-et-une heures, on s'en ira pour le laisser mettre les plats.

-Et si c'est trop tard et qu'il ne nous donnera plus rien ? Arrêtez un peu votre cirque, le Maître n'est pas débile, si la pièce s'est verrouillée après votre passage, c'est qu'il nous surveille et qu'il voit nos moindres faits et gestes. En plus, vous voulez vous cacher où ? Sous la table peut-être ?

Rachel était incontestablement à cran. Je serrai les poings, prête à défendre mon amie. Ce n'était vraiment pas le bon moment pour l'embêter. Tant pis si le groupe devait faire face à une rupture brutale. De toute façon, je ne portais ni Tobias, ni Olivia dans mon cœur. Je ne détestais pas Olivia pourtant. Elle ne m'avait rien fait de mal. Ces deux-là pouvaient sortir ensemble s'ils voulaient, cela m'était bien égal. Mais, en même temps, j'étais irritée rien qu'à cette idée. Je me sentais trahie par leur complicité. Pas jalouse, non, car je ne ressentais plus rien pour Tobias, si ce n'était de la déception. Mais je ne pouvais nier le fait d'être possessive. J'aimais que l'on m'accordât de l'attention. J'aimais le fait que les gens avaient du mal à se passer de moi.

La tension dans l'air était palpable. Rachel et Tobias se fusillaient du regard. Alice décida d'intervenir, sa douce voix calmant les esprits.

-J'ai l'impression qu'on est tous un peu tendus à cause de ce fichu jeu... Et si on allait faire un peu de musique, tous ensemble, comme au bon vieux temps ? Histoire de se relaxer un peu ?

-Ça, c'est une excellente idée ! la soutint presque aussitôt Mark.

-Je suis partant, dit Alan, tout en levant la main.

-Je vous suis, ajouta Logan.

Alice nous regarda, les yeux emplis d'espoir. Elle souhaitait vraiment que les choses s'arrangeassent. Et il le fallait bien. Une telle atmosphère ne serait propice qu'à la Reine. Et encore. Il serait bien difficile de vivre dans cette ambiance pendant plusieurs jours, voire plusieurs mois. Il valait mieux faire une trêve.

Je pris doucement la main de Rachel, et me levai, un sourire aux lèvres.

-Dans ce cas, qu'est-ce qu'on attend ?

Nous nous dirigeâmes tous ensemble dans la salle de musique. Ses murs légèrement orangés et parfaitement insonorisés me réchauffèrent le cœur. Nous installâmes les instruments luisants dans le silence le plus complet, la tension entre les membres ne s'étant pas encore complètement dissipée. Alice paraissait atterrée par cette ambiance, mais je me rapprochai d'elle et la rassurai immédiatement : tout cela disparaîtrait dès les premières notes de musique, j'en étais certaine. Son visage s'illumina et elle me sourit, reconnaissante, tout en installant son micro.