Shine on you crazy diamond, Pink Floyd
Emerik s'affale sur mon lit. Pendant ce temps, moi, j'essaye de me remettre de ce qui vient de se passer et d'enlever le goût de sang qui persiste dans ma bouche.
Même si c'est seulement la deuxième fois que ça m'arrive, je suis déjà tanné, et tout ce que je souhaite, c'est que ça cesse.
-Je sais pas comment tu supportes ça, il me dit.
-C'est pas comme si j'avais le choix. Dis-je en m'affalant à côté de lui.
On reste quelques secondes en silence avant qu'il ne reprenne.
-Ça fait combien de fois que ça t'arrive.
-Les seuls fois, tu étais là, donc, deux fois.
-Deux de trop!
-En effet, dis-je en riant.
C'est plus agréable prendre les choses en riant que désespérer pour chaque accros de la vie.
Je tourne ma tête vers lui, et je le voit qu'il admire ma chambre au grand complet, il l'analyse de fond en comble.
-Qu'est-ce que tu regardes? Lui demande-je avec un sourire en coin.
-Ta chambre, répond-il tout simplement. J'aime la décoration.
-Il n'y en a presque pas. Je lui fais remarquer.
-C'est pour ça que je l'aime!
Je le regarde avec des points d'interrogation dans les yeux. Il se décide enfin à me regarder. Quand il voit que je ne comprends pas, il m'explique:
- Je n'aime pas quand tout partout est plein, qu'il n'y a pas de place, qu'il n'y a plus de place pour la poussière sur les bureaux. J'aime bien quand il y a de la place que c'est aéré qu'on ne se sent pas pris dans une cage. Ça doit être mon côté claustrophobe. Dit-il en riant.
-Je te comprends.
Je pense aux décorations de ma chambre. Comme je l'ai dit, elle est très simple. Seulement quelques cadres recouvrent mes bureaux ici et là. Souvent les photos représente ma famille et moi, où des paysages de places importantes pour moi.
Emerik se lève et moi je m'assois sur mon lit pour observer ses gestes. Il marche jusqu'à ma bibliothèque et prend un portrait de ma famille et moi et se met à la contempler.
C'est une photo au lac qu'il y avait en face de ma maison. Sur le portrait on peut voir mes parents qui se tiennent la main sur la gauche et moi en train de rire aux éclats, campée sur le dos de mon frère qui lui fait un sourire en coin. Sur la photo, je dois avoir 15 ans et min frère dois en avoir 17. Ces moments me manque, ma famille me manque, tout me manque!
-Tu as l'air heureuse là-dessus. Me dit Emerik doucement.
Je m'approche de lui et arrive à sa hauteur. Nos épaules se touchent et je souris doucement en repensant à ce moment qui est illustré sur la photo.
-C'est parce que je l'étais. Je chuchote presque.
On continue à regarder le cadre en silence pendant quelques instants.
-Si ce n'est pas trop indiscret, qu'est ce qu'il leur est arrivé?
Je savais que cette question allait arriver un jour où l'autre. Quand il m'a entendu dire que je n'avais plus de famille, je savais qu'il allait vouloir savoir.
-On revenait d'une de mes compétitions de tennis, et... et, un conducteur soûls nous est rentré dedans.
Je chuchote tout l'histoire parce que je n'ai pas la force de la raconter à voix haute.
- L'impact a tué mes parents qui étaient assis à l'avant. Mon frère, lui quand il a vue que l'auto nous fonçait dessus il s'est jeté... devant moi pour me protéger des morceaux de verre. Il est mort... quelques jours après à l'hôpital.
Je sens son regard peser sur moi, mais je n'ai pas la force de le regarder.
-Quand je me suis réveillée à l'hôpital, ils m'ont fait passer des tests pour savoir si je n'avais pas de séquelles par rapport au choc, et c'est là qu'ils ont découvert mon cancer.
Comme je n'ose pas le regarder et que je continue de river mon regard sur le portrait de ma famille, Emerik glisse son bras sur mon épaule. J'accote ma tête contre son torse parce qu'il est trop grand pour que j'atteigne son épaule.
Il ne dit rien et je n'en demande pas plus. Le silence n'est pas gênant il est reposant. En plus je me sens bien dans ses bras. Il est rassurant et ça fait du bien des fois de se dire qu'on est pas seul.
Dehors il fait assez noir, mon cadran affiche 9:30. Je b'ai pas souper mais je n'ai pas faim. Je crois que ce soir je vais sauter le repas.
Je sens encore le regard d'Emerik sur moi, et je ne me suis pas résolue à le regarder.
-Comment ça se fait que tu sois ici tout les jours, tu n'as pas d'école toi?
-Oui, mais en ce moment c'est le temps des fêtes, et j'essaie de le passer le plus possible avec ma soeur parce que ça risque d'être le dernier qu'on passe ensemble.
-Personne ne devrait jamais devoir à vivre ce que tu vis. Dis-je en décidant enfin de tourner la tête vers lui.
Mes yeux rencontre la couleur vert forêt des siens, et même si le seul éclairage présent est celui de la lumière du couloir qui passe par l'entre bâillement de la porte, je peux clairement voir l'émotion qui se reflète dans ses yeux: la tristesse.
-Pourquoi tu me dis ça? Ce que tu as vécu est pire que ce que je dois affronter.
-C'est faux, toi, tu devras apprendre à vivre sans ta soeur, toute ta vie.
-Et toi, tu as dû faire la même chose mais pour toute ta famille.
-Oui, mais pas pour longtemps, je vais les rejoindre bientôt, et il n'y aura personne pour souffrir de ma mort. Et c'est parfait comme ça, c'est mal faire souffrir les gens.
-Pourquoi tu dis ça? Et moi, et Alicia?
-Vous n'aurez qu'a m'oublier.
-Non, oublie cette option.
-Pourquoi?
-Parce qu'en ce qui me concerne, j'en serais incapable.
-Et pourquoi ça?
-Parce que c'est impossible oublier quelqu'un sur commande.
-Tu vas m'oublier au fur et à mesure. Plus le temps va passer plus les détails de mon visage vont devenir flou, jusqu'à temps que tu te souvienne aucunement à quoi je ressemble.
-Impossible. Même si je le voulais je ne pourrais pas t'oublier.
-Pourquoi?
-Parce que je ne peux pas oublier une fille, à qui depuis le premier jour j'ai le goût de faire ça.
Il s'approche de moi et et pose ses lèvres sur les miennes.
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Heureuse malgré tout (en pause)
RomanceJ'ai le cancer et je dois rester à l'hôpital. J'ai 17 ans et mon cancer dégénère vite. Les médecins savent que je vais mourir d'ici trois mois et ils me maintiennent quand même à l'hôpital. Mais quel entêtement! Vous savez que je vais mourir, laisse...