Sombre farce

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Le dernier hiver | 29 min | (Myroire)

Sous le ciel couvert de la colonie de Northwood, Derran réparait inlassablement les moteurs et autres engins qu'on lui amenait. Cet hiver, plus froid encore que les précédents, était difficilement supportable pour ses collègues et lui même, qui travaillaient en extérieur.

Malgré l'épais manteau, l'écharpe les gants et le bonnet qui le couvraient, il continuait de grelotter.

Il avait si froid qu'il commençait à voir des choses.

Des mouvement dans le coin de son champ de vision.

Il paniquait, se retournait, et ... rien du tout.

Il aurait vraiment du changer d'affectation, le froid ne lui réussissait pas du tout.

Il ne l'avait pas fait à temps, et maintenant, il s'en mordait les doigts.

Non littéralement bien sûr, car par ce temps glacial, enlever ses gants était pratiquement suicidaire !

Et voilà qu'il se mettait encore à exagérer !

La situation n'était pas si terrible, Helda, sa femme allait bientôt accoucher et ...

Il stoppa tous ses mouvement subitement. Cette fois-ci, il était certain d'avoir vu quelque chose.

Deux yeux, dans un buisson.

Pourtant, en se retournant, cette fois encore, il n'y avait rien.

Qui donc pouvait bien lui jouer pareille farce par ce temps !

Ses conditions de travail étaient suffisamment difficiles comme ça sans qu'une bande de gamin ou que savait-il encore ne vienne l'enquiquiner !

En pestant Derran reprit le travail.

Ça ne dura pas longtemps.

Il voulut attraper un tournevis à tête plate plus fin, pour venir à bout d'un boulon récalcitrant, mais sa main se referma sur du vide.

Saperliboudieu !

Sa boîte à outil avait disparue ! Avec son contenu !

Derran n'attendit pas qu'un flocon de plus n'atteigne le sol.

Il fixa le buisson suspect. La neige était tombée de ses feuilles sans qu'il ne le remarque.

Il avait donc été secoué par le passage du petit farceur.

Le mécanicien vit rouge.

Il s'empara d'un pic à glace et traversa les fourrés à toute allure.

Il écartait les branches, sautait au dessus des racines et glissait sous les conifères.

Peu après il entendit sa cible, plus loin, écartant la végétation précipitamment.

Il s'approchait, s'approchait, s'approchait.

Ah ha ! Il la tenait !

Il plongea le pic à glace au travers des feuillages, mais ne parvint, une fois encore, qu'à frapper dans le vide.

En traversant ce dernier bloc touffu, il venait d'entrer dans une sorte de clairière enneigée, sans aucune trace de pas pour lui indiquer où aller.

Derran ne comprenait plus rien.

Il fit un tour sur lui même ...

Puis un autre, pour réaliser qu'il était perdu en forêt ...

Puis un coup de vent, et un fracas qu'il reconnut instantanément.

Au centre de la clairière, à moitié ouverte, gisait sa caisse à outil, répandant son contenu métallique sur le sol.

En pestant, Derran s'en approcha et ...

Il s'écroula, sans comprendre, une douleur terrible dans l'abdomen.

En panique, il y passa une main. Elle était couverte de sang.

La douleur le terrassant, la peur fit place à la colère, puis à l'acceptation de sa mort inéluctable.

Il lâcha le pic à glace et le laissa rouler au sol.

Tandis que son meurtrier trifouillait dans ses outils, allongé sur le dos, dans une clairière enneigée, Derran regardait simplement les flocons tomber.

froid glacial et pic à glaceWhere stories live. Discover now