Partie 2 - Chapitre 8

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L'entrée ne payait pas de mines. Une porte en métal, sans enseigne à part un panneau "entrée". Olivier la poussa comme s'il était chez lui. En entrant, une musique résonnait déjà. Le sol était recouvert d'un parquet marron, ce qui m'étonna vu l'entretien que nécessitait un tel sol.

L'entrée était apparemment gratuite, un physio nous orienta vers le vestiaire. Je leur laissai un pourboire et leur souhaitai bon courage pour la fin de soirée.

Je me dirigeai vers le bar, qui était à l'écart de la piste de danse et donc de la foule - enfin quelqu'un d'intelligent, merci -. Je commandais une tournée de shot pour tout le monde, comme les garçons nous avaient invitées au bar, puis une bière. Nous prîmes ensemble une photo sur le bord de l'eau que je postai en story.

Émilie prit la sienne et me tira vers la piste de danse d'où elle reconnaissait un de ses morceaux préférés. Nous dansions, enivrées par l'alcool et la cigarette, heureuses de ne penser à rien. Federico me manquait, et ce manque me bouffait le ventre, mais je tentai de l'oublier, les cours aussi, les petits soucis du quotidien. Émilie avait un visage serein, elle ne pensait plus à Julian et ça me remplissait de joie. Olivier vint danser avec elle : pas de contact physique, juste une pâle imitation de clip de hip hop dont Émilie finit hilare.

Je finis ma bière et retournai la poser sur le bar. Je m'assis sur un rebord en bois et regardait les ondulations de la Seine face au vent. Je vis Alexandre se poser à côté de moi.

- Tout va bien ? s'enquit-il.

- Oui. Tu veux une clope ? Je proposai.

- Avec plaisir. Tu as surtout besoin de mon briquet c'est ça ?

- On peut partir sur un échange de bons procédés.

Il alluma ma cigarette et je lui en tendis une deuxième.

J'inspirai doucement et laissai la nicotine se propager dans mon corps et ma tête et me détendre rapidement. Trois cigarettes en une soirée : j'allais le regretter amèrement demain et mon asthme aussi. Mais j'avais toujours été très égoïste envers moi-même. Je soufflai la fumée vers lui et riais en le voyant grimacer.

- Sale crado, ronchonna-t-il en se tournant vers moi.

Il me souffla dessus si fort que je me mis à tousser et mes yeux me brûlaient avec la cigarette.

- Ça va ? dit-il en voyant que je m'étais longtemps à m'en remettre.

- Mais oui ça va, tu m'as pris pour qui !

Une mèche de mes cheveux glissa devant mes yeux. Il fit se geste très romantique et pourtant tellement vu et revu de remettre ma mèche derrière mes oreilles. Mais je n'étais pas dans un film et on ne me l'avait jamais fait.

A cet instant, et avec son regard brûlant d'envie, je compris que je lui plaisais et que nous n'étions pas vraiment sur une conversation amicale entre deux personnes qui apprenaient à se connaitre.

Sauf que d'une part, je n'étais pas à Budapest. J'étais chez moi, avec un mec qui venait de ma fac et dont nous avions sûrement des connaissances en commun. Je ne pouvais pas juste jouer, puis le jeter ou me faire jeter. D'autre part, je venais justement de me faire jeter, et bien salement. Alors ok, il faut remonter en selle après être tombée de cheval, mais là le cheval m'avait quand même balancé un coup de sabot.

Je regardais ses petites bouclettes blondes. Il avait la tête d'un petit angelo des peintures de la galerie des glaces.

- Tu vas enfin me dire à quoi tu penses ?

- Je ne sais pas. Et toi ?

- Tu es belle. Et j'ai soif.

- Plutôt terre à terre du coup.

J'enlevais la cendre de la clope et tirai dessus.

- Si tu te prends un verre, tu pourrai demander un verre d'eau s'il te plait ?

- Pas de soucis.

Et il s'éloigna vers le bar. Je finis ma cigarette et tentais de replacer cette mèche rebelle dans ma queue de cheval.

- Pour madame, dit-il en me tentant le verre.

Je le finis d'une traite.

- Merci beaucoup.

- Je t'emmène danser ? proposa-t-il.

- Avec plaisir.

Il glissa sa main dans mon dos, et nous retrouvâmes Olivier et Émilie toujours en pleine démonstration de hip hop.

Laisse tomber j'ai plus malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant