La Prophétie du Phénix (2)

Prologue

Octobre, dans les Pyrénées

Raphaël se réveilla avec difficulté. Il n'arrêtait pas de cauchemarder ces dernières nuits, mais il ne se souvenait de rien au réveil. Après quelques minutes, il se leva et se dirigea vers la salle de bain. Après avoir baillé à s'en décrocher la mâchoire, il se regarda dans le miroir. Il vit que son coté reptilien empiétait de plus en plus sur son côté humain. Mais cela ne le dérangeait pas, il en était même content. Son oncle serait de plus en plus fier de lui. Il se souvint alors du regard inquiet qu'Aëla posait sur lui depuis quelques jours mais il s'en fichait. Il se demandait bien ce qu'il avait pu ressentir pour cette fille qui devenait de plus en plus insignifiante à ses yeux. Pourtant, il en était jaloux car son oncle donnait l'impression de plus s'intéresser à elle qu'à son propre neveu. Après avoir enfilé quelques vêtements, il descendit à la cuisine pour préparer son petit déjeuner. Svetlana y était déjà et s'était mise à table. Elle l'accueillit chaleureusement avec un sourire. Raphaël était vraiment impressionné par la beauté de cette femme qui ne faisait pas son âge. Il comprit pourquoi son oncle était avec elle, lui aussi il aurait bien aimé l'embrasser et la toucher... Le jeune homme se mit à rire de ses pensées, il n'en avait pas le droit, la jeune femme appartenait à son oncle. Cela intrigua Svetlana :

— Qui a-t-il de si drôle, mon cher Raphaël ?

— Ce n'est rien Svet, je me remémorais un vieux souvenir...

— Oh tu pensais à Aëla ? Je l'aime bien cette petite, elle est née pour faire de grandes choses, dit-elle innocemment.

Raphaël ne répondit rien. Et voilà que cette soi-disant élue lui volait encore la vedette. Il se mordit la lèvre inférieure pour ne pas laisser la colère l'envahir. Le soir où son oncle avait dévoilé ses pouvoirs, Aëla avait semblé inquiète même si elle n'en n'avait rien laissé paraître. Dorian et Svetlana ne l'avaient peut-être pas remarqué, mais lui il l'avait assez observée pour le deviner. Il avait peur qu'elle ne prépare quelque chose de malsain, c'est pour cela qu'il l'avait autant surveillée ces derniers jours. De plus, après cette découverte, Dorian était venu lui donner quelques explications. Raphaël avait parfaitement écouté et était totalement d'accord avec lui. Il le croyait quand son oncle lui disait que c'était lui qui aurait dû avoir les pouvoirs de l'alpha et devenir l'élu, qu'il n'était qu'une victime dans toute cette histoire. Alors qu'il était pris dans sa réflexion, le jeune homme ne remarqua pas son oncle qui arrivait. Quand ce dernier s'adressa à ses amis, Raphaël sursauta :

— Et bien Raphaël, je ne pensais pas que je faisais si peur !

— Excusez-moi mon oncle, j'ai été un peu pris dans une grande réflexion avant que vous n'arriviez... Répondit le jeune homme, embarrassé.

Dorian s'approcha de lui et observa son visage. Il passa sa main sur la partie écailleuse qui avait grandie. Il en était fier, il pouvait facilement manipuler ce jeune garçon, le serpent était son familier.

— Je suis impressionné par l'évolution de tes pouvoirs.

— Cela me fait plaisir à moi aussi mon oncle, répondit Raphaël tout sourire.

Dorian s'assit à coté de Svetlana, l'embrassa et commença son petit déjeuner. Le repas fut silencieux, chacun étant pris dans ses pensées. Quand la jeune femme se leva, elle demanda à Raphaël d'aller chercher Aëla. Il rouspéta quelques instants mais fit tout de même ce qu'elle lui demandait. Une fois arrivé devant la chambre de la jeune fille, il frappa et attendit. N'ayant aucune réponse, il entra et pensa qu'elle était toujours au lit, au jugé de la bosse qu'il y avait. Il s'approcha doucement et décida de la réveiller lui-même. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant qu'il secouait des oreillers ! Furieux, il descendit les escaliers quatre à quatre et annonça la nouvelle à ses compagnons :

— Elle est partie ! S'écria-t-il.

— Comment ça ? Demanda Svetlana.

— Il n'y a personne dans sa chambre, elle nous a lâché !

Dorian tapa du poing sur la table, il était en colère. Il se doutait bien de qui pouvait être derrière tout ça : Nick. Ça ne faisait aucun doute maintenant, Siriss avait eu raison de le prévenir. Le serpent avait senti sa présence mais Dorian ne pensait pas qu'il oserait s'approcher d'Aëla.

— Ce n'est pas vrai, lança-t-il, nous devons la retrouver ! Il s'arrêta et reprit calmement : Tout compte fait, ce n'est pas plus mal comme ça.

— Que voulez-vous dire mon oncle ?

— Nick est celui qui en sait le plus sur les objets et leurs cachettes. Il pourra alors la guider vers la réussite. Or nous aussi nous avons besoin qu'Aëla améliore ses pouvoirs, comme ça, quand elle s'y attendra le moins, je les lui prendrais !

— C'est brillant ! S'exclama Raphaël, impressionné.

— Je sais. Je vais envoyer Siriss les surveiller, nous ne devons pas perdre leur trace. Je pense qu'ils ne sont pas bien loin. Je dois aussi améliorer tes pouvoirs Raphaël.

— J'en serais ravi, je les sens de plus en plus m'envahir et je dois avouer que cela me satisfait grandement.

Raphaël tendit la main vers son oncle, qui la prit et la serra fermement. Les deux hommes avaient maintenant le même dessein : conquérir Maasym par n'importe quels moyens.