17. Parce qu'on vient de loin

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Parce qu'on vient de loin, Corneille

Au début je suis surprise et je ne bouge pas. Mais quand je comprends ce qui se passe, je m'implique dans le baiser. Je met une de mes mains sur sa joue et l'autre sur sa nuque. Tandis que lui, en place une aussi sur ma joue et l'autre sur ma hanche. Son baiser est doux, il ne veux pas me forcer et il se retient ça parait.

Il se décolle de moi, et s'excuse:

-Désolé je n'aurais pas dû, et je...

Je le coupe:

-Hey,...

Je m'approche de lui et pose à mon tour mes lèvres sur les siennes. Je ne veux pas qu'il s'inquiète, tout ce que je veux en ce moment c'est vivre le moment et le restant de ma vie, cesser de penser, et foncer dans la vie les yeux fermer. C'est peut-être pour cette raison que sur le moment je suis en train d'embrasser Emerik, je veux arrêter de me poser toutes sortes de questions, je veux vivre, c'est tout ce que je demande, et en plus je dois avouer que je ne le déteste pas.

On se sépare pour reprendre notre souffle. Il colle son front au mien et me sourit. Je dois avouer que je fais pareil, je lui souris aussi. 

-Qu'est ce que ça veut dire?

Je savais que cette question s'en venait. Je ne veux pas lui briser le coeur, et c'est pour ça que je me dois d'agir tout de suite.

J'ai bien évidemment perdu le sourire, sachant ce que je m'en vais lui dire.

- Rien, ça ne veut rien dire.

Il fronce les sourcils. À l'expression de ses yeux, je peux voir que ma réponse est insatisfaisante pour lui, mais je me dois d'agir ainsi. Mais, je lui doit quand même une explication, je crois qu'il la mérite amplement.

- Emerik, je refuse que tu t'attaches à ce stade-ci, tout ce que ça va t'emmener, c'est de la souffrance supplémentaire, et je suis bien placée pour savoir que tu en auras assez comme ça dans quelques temps, et je ne veux pas être une source supplémentaire pour toi.

- Pourquoi tu dis ça? Je sais à quoi m'attendre, je sais dans quoi je m'embarque.

-Non, tu crois que tu sais, mais non tu ne sais pas.

À ce moment là, je ne suis plus capable de rester près de lui, parce que ça me brise le coeur. Je sors donc de ma chambre et me met à marcher dans les corridors de l'hôpital. J'entends Emerik m'appeler derrière moi, mais je sais qu'il ne connaît pas les autres parties de l'hôpital, c'est donc, là que je me réfugie. Je marche dans l'hôpital sans me demander où je vais, je ne fais que réfléchir et réfléchir encore et encore.

Je me sens lâche d'être partie comme ça, mais je n'avais pas le choix. Si j'étais restée il serait parvenu à me convaincre de rester auprès de lui, et ça me crève le coeur de devoir lui résister, mais c'est mieux comme ça, pour tout le monde. Je ne sais pas comment les choses se seraient déroulées et personne ne le sauras jamais, mais je peux supposer, et tous les scénarios que je m'imagine sont tous pire les uns que les autres.

Si j'étais restée je n'aurais pas été capable de résister à l'envie de l'embrasser, et même si cela à l'air sans importance, cette acte aurait pu être fatal au sens figuré du terme. Il aurait fallut que je lui explique toute ma façon de voir la chose, et il n'aurait pas été du même avis et je suppose qu'il tout fait pour essayer de changer mon opinion. Et je sais que je n'aurais pas été capable de lui résister, j'aurais accepter d'être avec lui. Et ça aurait été la pire des décisions. Parce que les prochains mois seront sûrement les pires de sa vie: il va perdre sa soeur, ses parents vont être en dépression, ils vont peut-être se chicaner ou même divorcer, ça arrive à beaucoup de parents quand leur enfant meurt, il ne seraient pas les premiers, et en plus de tout ça, je devrais le faire souffrir encore plus en mourant à mon tour? Non, ça je ne me le pardonnerais pas. Et je sais que je dois le faire souffrir en ce moment, mais vaut mieux maintenant que pendant la tempête.

Je m'arrête de marcher pour regarder où je suis. Je suis à l'étage des patients que j'appelle « passagers ». C'est des gens qui ont été victimes d'une mauvaise expérience et qu'il se sont retrouvés à l'hôpital. Selon moi, les hôpitaux ne devraient exister que pour ces gens là. Pas que les autres ne devraient pas être soignés, loin de là, c'est plutôt que la vie n'est pas faite pour être passé dans un hôpital. Et que les gens qui ont une maladie et qui doivent rester à l'hôpital ne devraient pas être là. C'est pour ça que les seuls qui devraient être là sont les « passagers », parce que ça peut arriver au meilleur d'entre nous d'avoir de la mal chance parfois, et vaut mieux les guérir, personne mérite de souffrir.

Je marche jusqu'à la fin du couloir où une salle de jeu est installée. Je m'y rend et regarde par la fenêtre la ville qui s'étend devant moi. La fenêtre est immense, en fait, il n'y pas de mur, qu'une énorme vitre se dresse devant moi. Au travers du verre je peux voir Montréal plongée dans le noir. Dit comme ça on pourrait croire que la ville est sombre à cet heure avancée de la nuit, mais il y plein de lampadaires qui éclaire les bancs de neiges de la ville. Et comme c'est une soirée nuageuse, le ciel est recouvert d'un voile orangé, ce qui me rend triste intérieurement. La fille de campagne en moi est déçu par une vue pareille. Chez moi, on voyait les étoiles la nuit et s'il y avait des nuages on pouvait les discerner grâce à la lune, mais en ville, on ne voit jamais les étoiles, même si la journée a été ensoleillée et sans nuages.

J'entends un bruit derrière moi je me retourne et vois...

Heureuse malgré tout (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant