CHAPITRE 12 : JALOUSIE

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"La jalousie est cruelle comme l'enfer, et ses ardeurs sont des ardeurs de feu."

Le Cantique des cantiques, VIII, 6 - IIe s. av. J.-C.



IZABELLE

                               J - 15

- Izabelle sais-tu à quelle heure est censée arriver Vilanelle?

Je lève la tête de ma lecture du matin qui n'est autre que les récentes dépositions ainsi que les déclarations d'interrogatoires, menées avec génie par mon patron.
En plus d'un mois nous avons eu deux cas de vol de bijoux et un petit trafic opium orchestré par des petits jeunes. Cela a été facile pour lui de résoudre toutes ces affaires mais ce qui a été super pour moi c'est qu'il m'est laissé l'assister dans ces enquêtes.
Il est un incroyable professeur, très pédagogue et compréhensif. Et plus nous passons du temps ensemble, plus j'ai l'impression qu'il se détend peu à peu à mes cotés.

- Je ne sais plus. Je lui réponds perplexe et passablement agacée.

Je suis toujours assise sur ma chaise, le dossier en main entrain de traiter l'information jusqu'à mon cerveau, tout en le regardant dans ses yeux bleus.

Ce simple et seul contact à pour effet de faire ressurgir tout ce que je voulais faire disparaitre. C'est à dire le cœur qui s'accélère dans ma cage thoracique, mon souffle saccadé que j'essaye de contrôler, les plaques rosées qui apparaissent sur mes joues dès qu'il me fait un compliment que je tente, tant bien que mal, de camoufler...
Enfin bref, toutes ces choses j'ai voulu arrêter de les ressentir le jour où je l'ai vu embrasser ma sœur.
Je tente toujours de les expulser hors de mon corps mais elles s'obstinent à pousser de plus en plus.
Alors quand je le vois avec au bras Vilannel, je n'ai jamais connu d'émotions qui me faisaient autant de mal que celles-ci.
Cependant j'essaye de faire abstraction de tout ce que je ressens et fais comme si de rien était. Je me suis faite à l'idée qu'il ne me porte pas autant d'intérêt que je ne le voudrais, à ses yeux je ne suis qu'une gamine et la petite sœur de son ami à qui il rends un service.

Et pour être honnête, je prends également conscience au fur et à mesure que le temps passe, que je suis entrain de devenir comme beaucoup de filles de mon âge qui minaude avec des soldats et ça, c'est pour moi un signe de folie précoce. Je savais que j'allais un jour ou l'autre finir dans un asile, (Klaus me le répète depuis que nous sommes nés.) Mais je ne comptais pas y déposer mes bagages dans l'immédiat.

- Bien ce n'est pas grave. Me répond t-il en fronçant des sourcils. De toute manière je pense qu'elle ne devrait pas tarder.

- D'accord.

Je décide de répondre par des choses simples pour qu'il évite de s'apercevoir que les allés et retours de ma grande sœur m'énerve au plus au point.
Mais au vu de mes piètres talents de menteuse il doit tout de même se rendre compte que quelque chose cloche chez moi depuis presque quinze jours.
Et puis ne pas répondre de manière trop longue me permets de ne pas être trop... Désagréable pour ne pas être vulgaire.

- Tu es sûr que tu vas bien tu as l'air...

- Je vais bien merci.

- Si tu veux prendre quelques jours de repos, tu peux, je me débrouillerai durant ton absence...

- Ça va aller, c'est juste un petit coup de fatigue.

Ce qui est un demi mensonge puisque qu'il est vrai que le travail me prend beaucoup de moi-même. Déjà que ma famille me pompe toute mon énergie en temps normal, cela devient compliqué de m'assurer qu'ils ne commence pas à s'entretuer une fois rentrée à la maison.

TROP jeune : Le Fruit DéfenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant