L'Espoir du Paradis [en réécriture]

Chapitre 13

Malgré le fait qu'elle ait hésité, Charlie avait pris son courage à deux mains et m'avait rejoint dans ce café. Elle faisait plutôt bien semblant, car si je ne l'avais pas vu peser le pour et le contre derrière la porte d'entrée pendant pas mal de secondes, j'aurais alors pensé que cette fille dégageait une confiance monstre. Or, ce qu'elle venait de me démontrer, c'était qu'en dépit de ses doutes, elle respirait le courage.

J'appréciais ce trait de caractère chez quelqu'un même si j'ignorais pourquoi elle avait accepté mon invitation. À vrai dire, je ne savais pas trop ce qui m'avait pris la veille de lui balancer ça comme ça. Je n'étais pas forcément doué pour ce genre de choses, ce n'était pas moi qui faisais le premier pas et cela faisait relativement longtemps que je n'avais pas abordé une fille. Au lycée, les sachant toutes à mes pieds, je n'avais jamais eu à faire d'efforts alors que là, j'étais vraiment très intimidé par la lilliputienne qui me faisait face et qui m'observait de ses grands yeux ambre.

— Alors comme ça, tu es en première année ? me demanda-t-elle après avoir pris une gorgée de son frappuccino.

J'avais remarqué la veille qu'elle semblait apprécier cette boisson, alors j'avais pris l'initiative de lui en commander une pendant que je l'attendais histoire d'avoir quelque chose à faire de mes mains. Et visiblement, je ne m'étais pas trompé. La première chose qu'elle avait faite, après m'avoir observé comme si elle pesait le pour ou contre, cela avait été de tremper ses lèvres roses dans la boisson glacée.

— C'est ça, soupirai-je.

— Tu es la nouvelle chair fraîche du campus, me taquina-t-elle en se détendant de plus en plus à chaque seconde qui passait.

Il en était de même pour moi car je devais avouer que j'étais relativement nerveux. Mon coeur tambourinait à mort dans ma poitrine, mes mains transpiraient, les rendant moites, et je ne cessais de titiller mes jambes, signes évidents de la nervosité que j'avais de plus en plus de mal à cacher. Il ne me manquait plus que me mordre l'intérieur de la joue ou me mordiller les ongles et le tour serait joué. Sauf que j'étais également excité à l'idée d'être ici avec elle et cela compensait largement les désagréments que mon corps me faisait subir.

— Donc... continua-t-elle, hésitante, cela veut dire que tu as... dix-huit ans ?

— Bientôt dix-neuf en réalité, avouai-je d'un sourire en coin.

Elle fixa son café après avoir lâché un "Cool" qui en disait long sur ce qu'elle devait penser à propos de mon âge. Je n'étais pas stupide, même si elle ne les faisait pas, Charlie était sans aucun doute trois ou quatre ans plus âgée que moi. Toutefois, ses grands yeux innocents auraient pu la faire passer pour une fille un ou deux ans plus jeune.

— Un problème avec la différence d'âge ?

— Et toi ? répliqua-t-elle, malicieuse.

Mais je sentais qu'elle esquivait. Je pouvais comprendre qu'elle éprouve une sorte de réticence puisque la plupart des gars de mon âge ne pensaient qu'à s'amuser et à faire les imbéciles. Pour ma part, ce n'est pas ce que je recherchais. Certes, je comprenais ceux qui voulaient vivre ce genre d'expériences, mais j'avais commencé à déconner à un âge tellement précoce, que j'en avais tout simplement marre.