Chapitre 11 : Désolation

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 Petit à petit, mon corps se détend, et je laisse ma tête basculer sur l'épaule de mon ami. J'entends des grognements à côté de moi, mais mes paupières s'alourdissent, et, bien que j'ai dormi une bonne partie de l'après-midi et de la matinée, je m'endors. 

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Des rires et des bruits de moteur me sortent de mon sommeil. Je me frotte les yeux et me redresse de la banquette arrière de la voiture, le dos courbaturé et avec un bon torticolis. Je remarque alors que la voiture est à l'arrêt, et que l'on est au beau milieu de montagnes que le soleil levant colorent de rouge. Je descend et rejoint les autres, qui se sont installés à même le sol et mangent gaiement. L'air est détendu et quand je m'approche de mes amis, je remarque que des sourires colorent leurs lèvres. La perspective que toutes nos épreuves seront bientôt derrière nous réjouit tout le monde. 

Puis je pose les yeux sur mon frère. Il mange une pomme, la tête basse et les yeux perdus dans le vague. Je m'assois près de lui, et il relève la tête, me sourit brièvement puis se pince les lèvres. Je tique immédiatement. Si je n'ai jamais su cacher ce que je pensais, mon frère non plus. Je connais toutes ses expressions par cœur, aussi je suis surprise lorsque je décèle sur son visage une expression d'abattement. 

Je me racle la gorge, bien décidée à savoir ce qui rend mon frère si triste. 

"- Tu es content de quitter la terre brûlée ? je lui demande avec un sourire enjoué. 

Il lève vers moi un regard surpris par ma question débile avant de me faire un sourire forcé. 

- Oui, carrément, me répond-il sans entrain. 

Quelques minutes passent où aucun de nous ne dit rien. Il sait que je me doute de quelque chose et moi je sais qu'il n'a pas l'air décidé à me le dire. 

- Thomas, commençais-je en baissant la voix, dis-moi ce qu'il y a, je t'en prie. 

- Qui te dit qu'il y a quelque chose...

- Ne me la fais pas à moi, je répliques sèchement. Je sais exactement quand tu mens, quand tu caches quelque chose et quand tu es triste, et là en l'occurrence, tu es les trois ! 

Mon frère pousse un soupir avant de lâcher sa pomme et de se prendre la tête dans les mains. Je ne l'ai jamais vu comme ça, pas même à la mort de notre père. Il a déjà été profondément blessé et triste, mais là, cela ressemble à un profond désespoir... Je me met à paniquer. Qu'est-ce qui peut le tourmenter autant ? 

- Tommy, s'il te plaît, dis quelque chose, le suppliais-je en passant un bras autour de ses épaules. Que se passe-t-il enfin ? 

Je lève la tête quelques secondes puis m'aperçois que Newt regarde Thomas et moi étrangement, avec un air suspicieux. A côté de lui, Frypan et Minho échangent aussi un regard inquiet. Je tâche de leur sourire pour ne rien laisser paraître, mais Minho lève les yeux au ciel devant ma piètre tentative de ne rien montrer, et Newt se pince les lèvres, visiblement très inquiet. 

- Elena..., murmure alors mon frère d'une voix étouffée par son visage encore dans ses mains. 

- Qu'y a-t-il ? Thomas ? 

- Je suis désolé Elena... Désolé...

Je reste figée quelques instants, en pleine réflexion. De quoi mon frère pourrait-il bien être désolé ? 

- Mais de quoi ? Tu ne m'as rien fait...

- Pas encore, répond-il dans un sanglot en relevant subitement la tête. Pas encore. 

- Je ne comprend rien Tommy, expliques-toi, annonais-je d'une voix blanche. 

Pour toute réponse, il me fixe de ses yeux débordants de larmes qu'il essaye de retenir. Le voir comme ça me fait tellement de peine que, même si je ne sais toujours pas ce qui tourmente mon frère, je le prend dans mes bras, ne pouvant supporter son visage peiné et désespéré plus longtemps. 

La terre brûlée : des choix pour survivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant