Prologue :

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Orphésya était l'un des petits villages qui composaient la ville de Millstone dans le nord de la France. C'était une commune plutôt calme et écartée de la civilisation. Malgré les petits potins matinaux, les habitants avaient l'air amicaux et respectueux entre eux. Enfin, il y avait bien un sujet oui un seul et unique sujet qui pouvait alors faire basculer la sérénité d'Orphésya. Et ce sujet, c'était celui de ma famille: les Kane. Issus d'une descendance nombreuse, très très nombreuse, propriétaires du manoir le plus vertigineux de tout Millstone et famille ayant survécue à de nombreux meurtres. Les Orphésiens avaient commencé à nous surnommer: les survivants en raison du fait que l'on soit " toujours en vie ".

Maman et Maxyne m'avaient prévenu dès ma naissance, que cette vie allait être difficile mais elles m'avaient également dit " abandonner sa famille c'est s'abandonner sois même". A partir de ce jour, Maxyne, ma grande sœur, avait accroché cette phrase en haut de mon lit à baldaquin. C'était à présent MA phrase à moi et personne du monde extérieur ne pouvait la lire.
Ma famille s'était petit à petit agrandit avec l'arrivée de Tom et Jade : des jumeaux. Cette période fut suivie par une phase de deuil dû au décès de mon père, Christophe Kane. Maman nous avait dit que c'était un basique accident de voiture lui avait ôté la vie et que, par conséquent, celle ci devait reprendre son cours. Suite à cet épisode tragique, Maxyne disparut de plus en plus dans sa chambre. Et malgré nos 2 ans de différence, je voyais bien que l'adolescence l'avait frappé au visage tel une tornade incontrôlable en hiver. Mais bon après tout, ça n'était pas très grave. On avait juste à barrer le nom de Maxyne inscrit sur le mur de la cabane du groupe. On pouvait lire à présent : Élisa, Tom et Jade.

Entre nous, on évitait d'en parler. Le départ de Maxyne nous faisait mal au cœur mais au fond de nous, on savait qu'elle allait finir par revenir un jour ou l'autre. Alors, on continuait quand même nos réunions du vendredi soir après le collège, ainsi que de regarder des films jusqu'à pas d'heure le samedi. Mais le truc que l'on adorait faire était d'apeurer les gens du village. Il suffisait juste de s'approcher d'eux pour qu'ils soient effrayés.
Maman nous avait dit que c'était dans nos gênes et que si les gens avaient peur de nous, c'était tout simplement à cause de notre passé et à vrai dire je n'avais jamais eu l'occasion de creuser plus loin.
Au collège, les gens ne nous appréciaient pas. Je croyais qu'ils avaient peur de nous mais en réalité, ce n'était pas ça. On avait fini par penser que ces gens étaient bizarre : ils nous fuyaient dans les couloirs, certains nous fusillaient du regard...
Mais un jour, Maxyne nous avait présenté Paul : son petit ami. Méfiant, on avait fini par se demander ce qu'il passait par la tête de Maxyne : fréquenter des garçons !!! C'est vraiment n'importe quoi !
Et puis, plus le temps passait, plus Paul se montrait bon garçon envers ma sœur : il l'appelait chaque soir rien que pour lui murmurer un je t'aime au creux de l'oreille, il composait des chansons rien que pour elle, prenant soin de la raccompagner à la maison chaque soir. En fait, il veillait sur elle comme un ange gardien. Puis, un vendredi soir, alors que l'on était en réunion, Maxyne avait décidé de prendre la parole :
"- C'est fini avec Paul, nous avait-elle simplement dit."
Elle avait alors fini par partir de la chambre de Tom, où se passait la réunion ce soir là, en pleurs. Cette soirée là, on avait tout essayé pour la consoler. On avait fait un gâteau que l'on avait dégusté en regardant un film comique dans sa chambre, on avait joué à son jeu de société préféré, on lui avait même préparé le petit déjeuner et on était restés ensemble toute la journée. Mais apparemment, ces gestes n'avaient abouti à rien puisqu'elle continuait à pleurer Paul.
Maman l'envoya enfin en consultation chez un expert. Je crois qu'elle aussi était un peu perdue. Les jours passaient et les rendez vous chez la psychologue de Maxyne se rapprochaient. Je commençais à penser que plus jamais je ne reverrai ma grande sœur ; alors , j'avais décidé de faire une réunion de toute urgence concernant tout le groupe sans exceptions et ce soir là, une promesse avait été faites : Fini les garçons ! C'était la nouvelle et unique règle. Interdiction de fréquenter ces briseurs de cœur. Bien évidemment, Tom avait été une sorte d'exception. Etant notre frère, on l'avait épargné de son sort. Cette réunion avait été bénéfique pour Maxyne. A la fin de celle ci, elle était enfin redevenue la Maxyne souriante, drôle et passionnée.
Et puis le jour où elle est entrée en 3ème, elle nous quitta une nouvelle fois avec son groupe d'amies. Elle nous avait donc laissé comme ça. On attendait encore ce moment où sa petite frimousse d'enfant rêveuse referait surface.

Et puis, on était à dix mille lieux de savoir ce qui allait se passer...

Les enfants au médaillon d'argentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant