~ALUMETTE NOIRE~

4 3 0
                                    

Je m'en veux toujours atrocement,
Ça saute aux yeux et ça brise les tympans.

J'ai jeté mes larmes de la falaise,
Dans des flacons de verre.
Elles se sont fracassées dans la glaise
Avec autant de violence qu'hier.

Je m'en souviens encore.
T'étais sapée comme reine de pique,
Une boîte d'allumettes contre ton corps;
Un regard noir et les yeux statiques.

Sur ta boîte t'en as flambé une.
Et avec une minutie sans faille t'as fait tournoyer l'alumette.
La, dans l'appartement nocturne,
T'avais découvert la grise amulette,

La photo aussi.

Perçant ainsi a jour ma double facette.
Ma double amourette.
Tout se trouvait là, dans ma livide malette.

D'un geste délibéré, l'objet mortel a volé,
Dessinant quelques plaintes atroces dans les airs.
Avant de s'embraser.
Brûlant ton coeur de fer.

Dans une braise incandescente,
L'alumette a entamé sa descente.

Afollée,
Déboussolée,
Aveuglée,
Tu as commencé à doucement t'en aller.

Âtre flamboyant couleur cerise,
Étincelles qui s'amoncellent.
Tes yeux crépitèrent pour la dernière fois Élise,
En une explosion de teintes sanguines qui se mêlent.

Sans mot dire, impuissant; je t'ai dis adieu.
Mes tripes grignottaient mon coeur et mon âme à chaque inspiration.
Le teint cadavéreux et laiteux,
Face au feu brûlant de mes pulsations.

Aujourd'hui, un pas désespéré dans le néant.
Un moment sans sentiments,
Où je gomme mon existence,
Pour ne plus supporter le poids de mes erreurs qui m'agressent le coeur en silence.

Le ciel offrait ses divines courbes, ses divins aspects, sur cette gigantesque aquarelle.
Dans le même temps un homme s'embourbe, et viens tremper cette fresque bien trop belle.








Midnight (Recueil de poèmes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant