Le repas de ce soir

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Bazar chinois | 26 mins | (Sabbat)

J'avançai dans la rue bondée et bruyante.

Pourquoi fallait-il que l'on m'envoie faire les courses ici, de tous les endroits possibles.

Il est vrai qu'au manoir, on manquait d'un certain nombre de denrées, des épices notamment, mais je n'avais aucune envie de déambuler difficilement dans l'étouffante populace entassée dans cette rue.

Et en période de nouvel an chinois en plus !

Qu'est-ce que je pouvais détester Chinatown.

Je m'approchais des étales, précipitais mes achats et repartais aussi vite que j'étais arrivé.

Du gingembre par ci, de la cardamome, de l'anis étoilé aussi.

Ah, des clou de girofle et de la cannelle, on m'avait bien spécifié d'en ramener.

Quelques fruits exotiques ne feraient pas de mal à la table du manoir non plus.

Au bout d'une bonne heure, j'avais enfin terminé.

Quel soulagement, j'allais pouvoir rentrer !

Je fus retenu par les pleurs d'un enfants, visiblement perdu.

Je soupirai.

Je supposais que je pouvais bien prendre sur moi un peu plus longtemps.

Je m'approchai de l'enfant et le salua.

Il sembla prendre peur, alors, avec un grand sourire, je lui montrai mes mains, signe que je ne lui voulais pas de mal.

Il ne parlait pas ma langue ce qui compliqua les choses, mais à grand renfort de signes, et de traduction par smartphone interposé, nous parvînmes à nous comprendre.

Je lui proposai de l'aider à retrouver ses parents, qu'il avait perdu de vue.

Je le comprenais, parmi tout ce peuple, comment un enfant pouvait-il espérer retrouver qui que ce soit.

Ces parents auraient tout de même pu faire attention à ne pas le perdre ...

À moins que ça n'ai été leur intention ...

Il semblait bien nourri, aussi était-ce là peu probable.

Quand bien même, je proposai mon aide au garçon.

Les minutes s'égrainèrent, puis une heure passa.

Nous avions fait trois fois le tour du quartier et les larmes avaient quitté les yeux du garçon. Il était désespéré.

Et bien, au moins avais-je essayé.

À contre-cœur, je me penchai vers lui, et avec difficulté parvint à obtenir son attention.

Je lui proposai de rentrer avec moi, le lendemain on les retrouverai pour sûr avec l'aide de la police.

Il hésita, regarda une dernière fois autour de lui, et acquiesça.

Quelques minutes plus tard, nous montions dans la voiture, et Régis nous conduisit à la maison sans poser de question, ce n'était pas son boulot de toute façon.

À peine arrivés, nous fûmes accueillie par la maîtresse et un regard désapprobateur.

- Tu es en retard Geri.

- En effet, et je m'en excuse. Il y a eu ... un imprévu, dis-je en faisant descendre l'enfant.

Elle le toisa, et son expression changea, plus chaleureuse.

- Et qui est-ce exactement ? Demanda-t-elle, manifestement joyeuse.

- Un enfant perdu. Ses parents sont introuvables, alors j'ai décidé de le ramener. Je lui ai dit qu'il pouvait dormir ici cette nuit et que nous ferions appel à la police demain.

- Tu as bien fait petit chiot, tu as bien fait. Viens adorable petit sacrifice, entre donc ! Invita la sorcière avec un large sourire que l'on pourrait facilement prendre pour chaleureux et compatissant si on ne la connaissait pas bien.

Bazar chinoisWhere stories live. Discover now