48. Aurore

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Aurore se précipita vers Raphaël, le cœur cognant dans sa poitrine et résonnant dans ses oreilles. Il était allongé par terre, une flèche enfoncée dans le dos, les yeux clos. Elle eut d'abord peur qu'il ne soit mort, avant de s'apercevoir que sa poitrine se le vaitet s'abaissait. Lentement, certes, mais c'était toujours une preuve qu'il était en vie.

S'agenouillant devant lui, elle croisa ses mains sur sa poitrine et se concentra. Des volutes de magie colorée s'étirèrent vers la plaie d'où sortait la hampe de la flèche. Comme si de l'acide le rongeait, le métal se désagrégea, mais la blessure ne se referma pas. Aurore avait beau se concentrer de toutes ses forces sur la peau de son meilleur ami, celle-ci refusait de répondre à ses attentes. Elle n'arrivait pas à cicatriser la plaie.

Aurore : Non ! Non, non, non !

Poussant un cri mélangeant rage et douleur, elle essaya encore. Et encore. Mais rien n'y faisait, la lésion ne se refermait pas. C'était comme si elle était dotée d'une volonté propre, comme si elle résistait à la magie de la jeune fille. Elle avait beau forcer avec toute son âme, rien ne marchait. Comble de malchance, la magie d'Aurore lui fut renvoyée à la figure et elle tomba sur les fesses.

Aurore : Mais non !

Comme la flèche n'était plus plongée dans la plaie, Aurore retourna Raphaël et l'allongea sur ses genoux.

Aurore : Raphaël...

Les larmes s'échappèrent enfin de ses yeux, roulant sur ses joues, chaudes et désagréables. Son cœur comprimé lui faisait mal, et son esprit était embué par le déchirement.

Entre ses bras, le garçon remua faiblement et ouvrit les yeux.

Raphaël : Au... rore...

Son seul nom, coupé en deux par la souffrance, sembla lui couter énormément d'efforts. Le brun suait à grosses goutes, goutes qui ruisselaient sur son visage, son cou et ses bras. Son t-shirt était déchiré et trempé de sang, ce même sang qui coulait sur les jambes d'Aurore sans jamais vouloir s'arrêter.

À cet instant, la princesse comprit qu'il ne survivrait pas. Il perdait trop, ses forces étaient au plus bas, il ne se relèverait jamais. Elle n'était pas prête à le laisser partir, loin de là, mais elle sut qu'elle ne pourrait pas le retenir longtemps. Aussi, utilisant ses dernières forces, puisant au plus profond d'elle-même, elle mobilisa la moindre parcelle de sa magie pour ériger un dôme protecteur autour d'eux seuls. Les autres devraient se débrouiller, mais il était hors de question qu'elle laisse son meilleur ami, l'un des deux garçons qu'elle aimait, mourir seul ou sous les assauts répétés de leurs ennemis.

Raphaël : Au... rore...

Il fut pris d'une quinte de toux et cracha un filet de bave ensanglanté.

Aurore : Je t'interdis de mourir, c'est clair ? Je te l'interdis !

Elle aurait tant voulu que sa magie soit suffisante ! Elle aurait tout donné en échange du pouvoir de le guérir, lui ! Elle aurait pris sa place sans hésiter, même si cela signifiait qu'elle devrait en en mourir.

Raphaël lui sourit faiblement. Il avait les lèvres bleues et tremblantes comme s'il était en hypothermie.

Raphaël : Mais non... Il... en faut plus... que ça... pour me tuer... Je suis... invincible... Aurore...

Aurore : N'importe quoi ! Arrête de parler, tu vas te fatiguer plus qu'autre chose. Et puis de toute façon, tu serais mort plus d'une fois si je n'avais pas été là !

Le garçon prit les doigts de la jeune fille entre les siens et les pressa légèrement.

Raphaël : Toi aussi... tu serais... morte si j'avais... pas été là...

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