Acte I, 6e Epître - Ange contre Mortel

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Ailleurs, dans ce qui semblait être un centre technique, plusieurs dizaines d'ingénieurs s'activaient devant des écrans d'ordinateur gigantesques. Ils pianotaient frénétiquement sur des claviers invisibles en suspension devant eux, chaque touche pressée générant une lumière bleutée. La pièce baignait dans un vacarme permanent, les opérateurs égrenant des informations pour des interlocuteurs distants, probablement des troupes tactiques sur le terrain. Soudain, un des écrans vira au rouge, et un message d'alerte le barra entièrement, déclenchant une vague de panique dans la salle.

« - Que signifie tout ce raffut ? demanda une entité filiforme en s'approchant du technicien d'où provenait l'alerte.

- C'est l'unité AZ17-20, Seigneur Métatron, répondit l'ingénieur. Il semblerait qu'elle rencontre des difficultés avec son matériel.

- Montrez-moi...

- Tout de suite, s'exécuta le subalterne, faisant apparaître en quelques clics les images de Ben frappant l'Ange et lui retirant son casque.

- Surprenant... Déconnectez le heaume de l'unité 17-20 du réseau, et ordonnez-lui de revenir au Palais sur le champ. Nous devons procéder à une maintenance complète de son équipement. Un dysfonctionnement doit être à l'origine de cette anomalie...

- Seigneur Métatron... L'unité 17-20 ne répond pas à mes injonctions... Et ses constantes s'affolent complètement, s'inquiéta le technicien.

- L'imbécile. Il laisse la colère obscurcir son jugement... Archange Zahikël, continuez à transmettre l'ordre de repli à l'unité 17-20. Tenez-vous également prêt à envoyer une force de circonscription, au cas où la situation dégénèrerait... »

L'entité répondant au nom de Métatron leva son visage figé vers l'écran, plissant les yeux en regardant Ben ôter le casque de sa tête.

Dans les ruines des immeubles sociaux de Vladeck Houses, Maners jeta de rage la visière par terre, celle-ci ne lui ayant laissé voir qu'un message d'erreur. Ses espoirs d'avoir des réponses sur le sort de Mary-Ann étaient de plus en plus ténus, mais il avait encore une carte à jouer avec la jeune Moissonneuse à ses côtés. Il avait le pressentiment qu'elle était liée d'une façon ou d'une autre à l'homme qui parlait avec sa femme à l'hôpital, et il avait bien l'intention de lui tirer les vers du nez dès qu'il se serait débarrassé du géant. De son côté, Kim s'était recroquevillée sur elle-même, craignant le retour de flammes suite à l'attaque de l'homme dont elle avait plaidé la cause. Les Anges n'étaient pas réputés pour leur clémence envers ceux qui enfreignaient la Loi divine, et rosser un de ses représentants ne faisait clairement pas partie des actions tolérées. Dire que sa journée avait si bien commencé...

« - Allez, suivez-moi, l'interpella Ben. Il faut partir d'ici avant que ce grand benêt reprenne ses esprits !

- Ne vous approchez pas de moi ! Je ne veux plus rien avoir à faire avec vous, vous m'entendez ? Dire qu'après tout ce que vous avez fait, j'ai essayé de vous aider ! Et comment m'avez-vous remercié ? En me mettant une cible sur le dos !

- Depuis tout à l'heure, vous me mettez la tête au carré avec vos soi-disant « Anges », et tout ce que j'ai vu, c'est un gros baraqué avec un équipement de pointe qui se fait étaler en deux coups de poing dès qu'il n'a plus ses joujoux high-tech pour le protéger ! Après c'est vous qui voyez : soit vous venez avec moi, soit vous restez ici en attendant que l'autre empaffé se réveille ! Vous préférez quoi ?

- Je pense qu'elle n'aura pas le loisir de choisir parmi tes deux options, mortel, l'interrompit une voix d'outre-tombe venant de derrière lui.

DIES IRAE - Cycle I : L'AngicideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant