Sur Scène

94 20 1
                                    


Il fait noir.

Sombre.

On ne voit rien, elle ne voit rien, ils ne voient rien.

Elle sent le stress monter. Un petit fourmillement dans le ventre, qui devient peu à peu une contraction. Alors, elle inspire profondément, expire profondément, pour expulser cette sensation désagréable. Et ça marche. Peu à peu, elle se sent plus paisible. Elle imagine un océan calme, son océan à elle.

Et elle est prête.

Elle doit être prête, elle sait qu'elle est prête.

Puis, d'un coup, se yeux brûlent. Elle est aveuglée par cette brusque lumière. Elle regarde rapidement autour d'elle. La lumière éblouissante se reflète sur les planches, et celle ci l'empêche de voir les maintes personnes qui doivent la fixer. Et c'est mieux comme ça. Elle sait qu'ils sont là, elle sent leurs regards sur elle, mais l'obscurité l'empêche de se concentrer sur leurs visages.

Ensuite, ça commence.

Tout d'abord un simple filet de son, puis peu à peu la musique se complexifie.

Et elle, elle inspire, expire, comme des vagues dans son océan intérieur, pour se détendre. Elle se concentre sur cette musique, qu'elle a entendu tant de fois qu'elle pourrait la fredonner dans son entièreté. Elle sait exactement quand commencer. Elle compte les temps, laisse son esprit s'emplir de la musique.

Puis, elle s'élance.

Elle a l'impression de voler, elle oublie tout, les gens, la lumière et se laisse porter par la musique. Elle tourbillonne, court, saute, exactement dans le rythme voulu. Elle connaît tout parfaitement, elle sait qu'elle ne peut pas se tromper.

Et, elle sourit. Elle sourit de vivre, de bouger, de se laisser tirer par son corps. Son océan de calme est devenu une tempête tourbillonnante.

Elle est seule.

Seule au millieu de tout ça, et ça la rend heureuse.

Elle ne veut plus s'arrêter.

Elle est la rivière, puis le torrent, puis la cascade. Elle est le vent, la tornade, la pluie, la tempête.
Elle est tout.
Elle a l'impression d'être tout, de vivre enfin pleinement. Elle est libérée de tout. Elle n'est plus alourdie, elle est libre, légère, vivante.

Mais tout a une fin.

Alors, tout s'arrête.

Elle redevient comme avant.

Elle est alourdie, prisonnière de son propre corps fatigué mais cela ne la dérange plus. Car elle sait qu'elle a été libérée. Car elle a ressenti, car elle a vécu, et cela lui suffit.

Puis, le noir.

Et elle part. Elle part le sourire aux lèvres, car elle heureuse. Heureuse d'avoir réussi. Heureuse de l'avoir fait. Et elle sourit encore lorsque qu'elle sort sous le ciel étoilé, et elle sourira encore lorsque qu'elle se laissera porter dans le sommeil.

[14.02.20]-mainhigr

Éclats [recueil abandonné]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant