Chapitre 1 : Une vastaya dans l'arène

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Les rugissements de l'arène. Cette odeur de sang, d'humidité, et de sueur. Maintenant, je les connaissais par cœur.

Replaçant correctement ma protection à l'avant-bras droit, je traçais une croix dans le sable pour y planter une plume. En plein dans le mile, comme d'habitude, pensais-je avec un sourire en coin.

Le peu de lumière de fin de journée filtrant à travers le plafond de pierre fit rétracter mes rétines aquilines, dirigeant mon regard vers celle-ci. Une inspiration, un soupir. Mes plumes allaient voler aujourd'hui encore.

Mes griffes s'enfoncèrent dans la poussière pour commencer ma marche vers le centre de l'arène, me dévoilant maintenant totalement face au public. C'était la première fois que je foulais le sol de cette zone de mort ionnienne. J'avais plus l'habitude de me battre à Noxus. Mais finalement, ça revenait au même.

Seuls les cris de stupéfaction de voir une vastaya résonnèrent, avant de redevenir cet éternel brouhaha assourdissant, avide de mort et de sang.

Mais ils ne m'auront pas.

Seule une personne s'avança, du haut de ses gradins privilégiés. Une capuche... pourtant, mes oreilles se tournèrent dans sa direction. Il semblait... sincèrement surpris. Et différent ? Enfin, qu'importe, un homme de plus ou de moins ce n'était pas bien important.

Mon adversaire entra à son tour, un géant de bien deux mètres de haut, tout en muscles. Il s'amusait avec la foule, pensant à un combat gagné d'avance.

« Je vais te déplumer ma jolie. »

Mes prunelles dorées se levèrent vers le ciel, avant de se planter dans les siennes. Réajustant ma capuche, qui ne cachait pourtant pas mes grandes oreilles duveteuses, j'avais bondi vers lui et lançai deux plumes qui lui tranchèrent les côtes.

« Pas mal... mais il va falloir apprendre à viser poulette. »

Il essuya son sang de façon moqueuse, me faisant froncer les sourcils. Les humains, tous les mêmes.

Dans un grognement, ma cape de plumes améthyste m'enveloppa quelques secondes, me procurant une ombre violette qui accélérait mes mouvements. Un déluge de plumes s'abattit sur lui, alors que j'esquivais ses attaques lentes avec ses poings. Si j'en prenais ne serait-ce qu'une, je ne donnais pas cher de ma peau.

Mes plumes disparaissaient avec le temps, je ne devais pas trop tarder non plus. Occupée à compter les plumes encore visibles dans le sol, j'avais esquivé une seconde trop tard un de ses coups, me faisant valser dans le sable.

J'avais un peu toussé en m'arrêtant dans ma trainée. Berk, c'est vraiment dégueu le sable. Je vais lui faire goûter !

Essuyant le sang qui avait coulé dans le coin de mes lèvres couleur prune, je me sentis observée. Evidemment vous allez me dire, mais pas par ces types avides de violence. Non, par ce même homme à capuche, qui semblait serrer fortement la rambarde de bois sur laquelle il s'appuyait.

Hm, un moins fou que les autres, me disais-je sans y prêter plus attention.

Cette erreur, je la devais uniquement à ce radin qui ne me donnait jamais assez à manger, tsk. Mais au moins, je pouvais prouver à ces humains que je n'avais pas besoin de toutes mes forces pour les écraser.

Feintant la fatigue et la douleur, incapable de me relever, mon adversaire s'approcha sans méfiance.

« Si tu m'implores, je ne te tuerai pas... pas tout de suite, en tout cas, ahahah ! »

Cette arrogance, cette négligence... Bien digne d'une saleté d'humain dans son genre !

J'avais lancé une seconde double dague, le transperçant dans son torse, avant de bondir dans les airs. Préparant une salve de plumes, il se releva pour attraper ma patte et m'écraser au sol.

« Ça, tu vas me le payer poulette ! »

Comment c'était possible ?! Il saignait pourtant ! J'avais quand même eu le temps de lancer mes plumes qui formaient un joli arc de cercle autour de lui. Mais je ne pouvais pas bouger, pour la simple et bonne raison qu'il m'avait attrapé par les oreilles, avant de plonger sa main dans ma cape pour en arracher une pleine poignée de plumes. Un cri de douleur m'échappa, il n'y avait rien de plus douloureux pour une vastaya de mon type.

Le sang recouvrit l'endroit mis à nu, je le regardais, essoufflée par la douleur mais loin d'avoir abandonné.

Il allait le payer.

« Arrêtez le combat, c'est un ordre ! »

Je regardais l'homme qui venait de sauter dans le sable. L'homme à capuche, encore lui. Qu'est-ce qu'il voulait ?!

- Hey, j'ai gagné ! En quel honneur j'devrais la laisser en vie ?!

- Parce que je te l'ordonne, abruti. »

Alors là, je ne comprenais plus rien. Depuis quand on arrêtait un combat d'arène ? Qui il était pour si facilement donner un ordre si farfelu ? Le pire, c'est que ce type m'avait lâché !

- Tu peux te relever ? me demanda-t-il en se baissant vers moi, sous la foule ahurie et mécontente.

Je pus alors l'observer, quittant mon air surpris pour reprendre un visage impassible. Il avait les yeux dorés, semblables aux miens. Une cicatrice latérale sur le nez, barrant son visage. Des cheveux presque de la même couleur que moi, et un manteau avec une fourrure trop voyante pour être anodine. Et cette odeur... ? Mon sang devait me jouer des tours...

Je lui adressais un regard déterminé, et méfiant. Levant un peu ma main à plat pour faire revenir mon index, seuls trois mots passèrent mes lèvres.

« Appel des lames... »

Toutes les plumes que j'avais planté vinrent transpercer le corps de cet idiot qui m'avait tourné le dos. Il s'écroula dans le sable, mort, se vidant de son sang dans un silence surpris de la foule.

- Alors, ça a quel goût le sable, sale humain ? marmonnais-je en vastaya.

Ce type qui avait voulu arrêter le combat me regarda, surpris aussi. Enfin, un seul de ses sourcils était relevé.

Je me levais, essayant de montrer que je n'étais pas affectée par ma blessure.

- Je ne me souviens pas avoir abandonné, humain. »

Sans attendre de réponse, je repartis par le même couloir par lequel j'étais venue, me dépêchant d'aller là où je me sentirai le mieux pour soigner ça, loin de tous. En hauteur, le plus possible. Alors le toit du bâtiment le plus proche fera très bien l'affaire, pour profiter du calme et de l'obscurité de la nuit maintenant tombée.

Amour & Haine : Le choix d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant