La prison

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« Le désespoir, c'est la conscience du temps comme prison. » Claude Mauriac


Le lendemain du diagnostic.

6h30, le réveil de Lucie se mit à sonner. J'étais réveillé depuis 2h, peut-être plus. J'avais passé mon temps à essayer de faire le point sur ma vie. La nuit, mes pensées me paraissaient toujours plus sombres et plus intenses. Dans mon état, inutile de préciser que j'avais surtout broyé du noir. à cause de mes excès de la veille, j'avais également un mal de tête et la bouche pâteuse.

Lorsque Lucie s'assit sur le lit pour se lever. Je me suis rapproché d'elle afin de lui dire bonjour en me blottissant contre son dos. Elle accepta ce câlin et prit ma main.

« Je te rejoins dans cinq minutes, lui dis-je lorsqu'elle fut debout.

— Tu es en arrêt mon babouin, profites-en pour te reposer.

— Je suis réveillé de toute façon et je veux te filer un coup de main avec les enfants.

— Ok, c'est à toi de voir. répondu-t-elle en quittant la pièce.

Je me suis recouché et j'ai un peu fermé les yeux. Je cherchais un peu d'énergie avant d'attaquer la journée. Je sentais malgré tout une grande fatigue.

Tu ne dors pas la nuit et quand il faut se lever tu as envie de dormir. Faudra que t'essaie d'être un mec normal à l'occasion.

En tout cas c'est bien ce que tu fais. Tu vas te lever comme n'importe quel autre jour et t'occuper des enfants. Comme ça, ils verront que tout est normal et que tu peux assurer ton rôle. Allé, c'est parti, on va aller se boire un bon café.

Étrangement, je n'arrivais pas à sortir du lit. Je restais là, les yeux ouverts, immobile. J'avais l'impression d'avoir comme un poids sur moi qui m'empêchait de bouger. Il me fallut un bon quart-d'heure avant de quitter la chambre parentale.

Lucie était de poste de jour aujourd'hui. Une fois cette dernière et les enfants partis, je me suis resservis une grande tasse de café noir. J'ai ensuite enfilé ma vieille veste pour aller fumer ma seconde blonde de la journée. Le temps était maussade et pluvieux.

Bon, ça va être une journée à la maison. Qu'est-ce que tu vas pouvoir faire ? Tu trouveras bien. Essaie juste de rester occuper pour ne pas penser. Au pire, fait le ménage, ça fera plaisir à Lucie. Oui c'est bien ça, pour une fois que tu as une bonne idée.

En rentrant, je vis mon arrêt maladie ainsi que mes médicaments posés sur le buffet de la salle à manger. J'avais encore du mal à accepter que je sois en arrêt. C'est surtout le diagnostic qui était le plus dur à digérer.

Dépressif...

J'ouvris ma boîte d'antidépresseur avant de me servir un verre d'eau pour en avaler un.

Allé c'est parti, premier jour de traitement. T'es fier de toi ? Tu pourrais être sur le trajet du travail comme n'importe quelle personne normale. Mais non, tu es là à gober des cachets.

Je m'assis et pris mon téléphone. Je n'avais pas encore prévenu le boulot. Ce fut Murielle qui décrocha :

« Cabinet d'Architecte Ballin, Murielle bonjour.

— Oui salut Murielle c'est Jérémy, comment ça va ?

— Ah salut Jérémy. Oui tout va bien merci et toi ? me demanda-t-elle

— Je ne suis pas au top. Je t'appelle pour te prévenir que j'ai vu mon médecin hier et qu'il m'a mis en arrêt pour trois semaines.

— Trois semaines ! s'étonna Murielle. Qu'est-ce qui t'arrives ? Rien de grave ? »

Mes trois meilleures amiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant