25. Un peu plus haut un peu plus loin

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Un peu plus haut un peu plus loin, Ginette Reno, Céline Dion, Jean-Pierre Ferland

Je me réveille et regarde instinctivement la télé. Je pensais avoir manqué le film, mais on est rendu au bout que je préfère: la bataille de beige dans le vieux port de Québec. En tout cas, je fini le film et ensuite m'installe à mon bureau. J'attache mes cheveux en un chignon lâche sur le haut de ma tête et me met un sarrau sur le dos. Je commence à dessiner un pommier en fleur au printemps. Je dessine grâce à des crayons de plombs. J'ai toujours un crayon derrière l'oreille droite parce que je sais que si je le met sur mon plan de travail, je vais le perdre.

Quand il est rendu 11:15 je fini enfin mon dessin. Mais quand je le regarde je trouve qu'il manque quelque chose. Je prend les pots de peintures qui se trouve toujours à la même place dans mon armoire. Je fais quelques mélanges de couleurs avant d'appliquer de la couleur que sur les fleurs du pommier. J'en peint environ une par minutes et en plus j'en ai environ une cinquantaine a peindre. Je me met donc une bonne playlist pour que le temps passe bien.

Quelques minutes après que j'aille commencé à peindre mes fleurs, j'entends des coups retentir à ma porte.

-Entrez! Je réponds.

Je continue de peindre pendant que quelqu'un entre dans ma chambre. Une mèche me retombe dans la figure et je souffle sur le haut de mon visage pour la faire partir, mais je sais que ça ne sert à rien et qu'elle continuera à me tomber dans la figure.

L'intrus qui se promène librement dans ma chambre se laisse tomber sur mon lit. Je me retourne pour enfin voir qui est là, et sans surprise je découvre un Emerik étendu en étoile sur mon lit.

Il pousse un soupire à fendre l'âme et je le regarde amusé.

-Seigneur, ça va pas à matin!

-Ben oui ça va, c'est juste qu'on dirait que tout le monde a oublié que c'est Noël tellement que l'ambiance est lourde dans cet hôpital.

-C'est peut-être à cause de l'ambiance mais je pense plus tôt que c'est à cause qu'on est le 24 et que c'est demain Noël. Répondis-je le sourire au lèvres en me retournant vers mon dessin.

-T'as tellement raison! C'est juste que j'ai toujours fêté Noël le 24 c'est pour ça que dans ma tête c'est Noël, mais dans les faits c'est demain. Donc, les gens sont peut-être pas aussi bête que je le croyais.

-Premièrement, je sais que j'ai raison, j'ai toujours raisons.

-Ben oui, clairement! Dit-il amusé de ma réponse.

-Et deuxièmement, pourquoi tu dis que le monde est bête? Demande-je en me tournant pour lui faire face.

-Parce que chaque personne à qui je disais « joyeux Noël » il y en a pas un qui m'a répondu.

-Ah... Mais si ça peut te remontrer le moral, aujourd'hui, c'est une journée importante quand même! Devine pourquoi.

-Pourquoi?

-Je t'ai dit de deviner!

-Oui mais je sais pas moi.

-Ben essaye de quoi!

-Je sais pas... c'est la veille de Noël? Dit-il pas sur de lui.

-Ok laisse faire, je vais te le dire parce que ça l'air que t'es vraiment pas bon pour deviner. Aujourd'hui c'est... ma fête! Ça veut dire que j'ai 18 ans et que je peux aller signer les papiers comme quoi je peux sortir de l'hôpital!

Son visage se décompose, et je dois avouer que je ne m'attendais pas à ça.

-T'as pas l'air content?

-C'est sur que je suis pas content! Tu pensais que j'allais sauter de joie? Tu vas t'en aller, TU VAS T'EN ALLER! Pourquoi je serais content?

-Non, Emerik je ne part pas de l'hôpital, je n'ai nul part où aller, mais je vais pouvoir sortir à ma guise à partir d'aujourd'hui, je vais juste avoir plus de liberté. Dis-je contente de la perspective qui s'offre à moi.

-Pis tout ça pour quoi... 6 semaines? Dit-il empli de tristesse et colère, la tête penchée par en avant avec ses yeux qui regardent le plancher.

-Eh bien, il n'en reste plus que 5. Dis-je moi-même un peu déçue par cette affirmation, ce qui me surprends.

Il relève subitement la tête pour me regarder droit dans les yeux.

-Florence, s'il te plaît accepte les traitements, dit-il en se levant et en se postant devant moi. Il me surplombe de toute sa hauteur moi qui est assise et lui debout devant moi.

-Pourquoi? Pourquoi je devrais les accepter? Ma famille est morte au complet, j'ai une vie de merde, je n'ai personne! Et ces traitements ne vont qu'allonger ma vie et non guérir mon problème.

-Tu as moi Flo. Dit-il avec une voix emplie de tristesse. Je te l'ai déjà dit, mais je vais te le répéter. Florence, depuis le tout premier jour que je t'ai vu, je t'ai aimé. Dès le premier instant j'avais le goût de t'embrasser. À chaque fois que je te vois je ne suis pas capable de penser à autre chose qu'à toi, même quand tu n'es pas là mes pensées sont dirigées sur toi. Et je sais que tu ne veux pas être avec moi et je respecte ça. Mais au moins, aimes-toi, parce que si tu n'est pas capable de t'occuper de toi personne ne le sera. Et ça me tue de te voir mourrir chaque minutes de ma vie sans que tu ne fasse rien, parce que moi je t'aime et je trouve que ton existence en vaut la peine.

-Emerik, pour être claire, ce n'est pas que je ne veux pas être avec toi, c'est pour te protéger toi, parce que je sais ce que c'est de perdre des gens. Et je peux te dire par expérience, que perdre les gens qu'on aime tous en même temps, ça fait plus que mal. La douleur est insupportable, et je ne sais pas comment la décrire, à part que les enfers à côté de cette douleur sont presque accueillants. Parce que oui, moi aussi je t'aime Emerik et c'est pour ça que je ne veux pas qu'on soit ensemble, pour te protéger, même si ça me fait extrêmement mal au fond de moi d'être séparé comme ça de la seule personne que j'aime encore sur cette terre. Et pour les traitements, je vais y réfléchir mais je ne garantis rien.

Il prend entre ses deux doigts la mèche de mes cheveux qui est encore suspendue devant mes yeux et qui pend devant mon visage. Il la replace en arrière de mon oreille et me chuchote à celle-ci.

-Si tu m'aimes pour vrai et que le « c'est pour te protéger » n'est pas une excuse pour ne pas être avec moi, le reste on s'en fou.

Il ramène son visage face au mien et ses yeux verts forêt sont fixés dans les miens. À plusieurs reprises son regard dévie sur mes lèvres et le mien sur les siennes. Il s'approche doucement de moi et nos lèvres se frôle. Elles se contactent dans un premier baiser et chaque fois qu'elles se décollent elles sont attirées les unes vers les autres comme des aimant.

J'abandonne, c'est comme ça que je veux vivre ma fin de vie. Je veux savoir ce que c'est d'être amoureuse. S'il me dit qu'il sera capable de gérer avec tout ça après ma mort et que je n'ai pas besoin de le protéger, alors je vais l'écouter et lui faire confiance.

Heureuse malgré tout (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant