« Le malheur n'est jamais pur, pas plus que le bonheur. Un mot permet d'organiser une autre manière de comprendre le mystère de ceux qui s'en sont sortis : la résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit d'adversité. »
Boris Cyrulnik
Trois semaines après le diagnostic.
J'ai pris mon petit déjeuné seul ce jour-là. Lucie était de poste de matin et était déjà partie travailler. Les enfants dormaient encore. Je profitais donc de ce calme matinal pour me réveiller en douceur.
Les yeux encore fatigué, je fixais les motifs de la nappe de la table de la cuisine. Ils représentaient un enchevêtrement de cubes dont le sens semblait changer selon la façon dont on les observait.
Trois semaines étaient passées et j'arrivais au terme de mon arrêt maladie. Nous étions jeudi, il me restait donc encore quatre jours pour me reposer. Je n'avais cependant pas encore senti d'amélioration notable. En effet, le quotidien pesait lourd sur mes épaules. Je pensais que le fait de reprendre le travail pouvait me faire du bien et surtout me permettre de m'occuper l'esprit. De plus, cela m'enlèverait le poids de la culpabilité d'abandonner mes collègues.
C'est aujourd'hui que j'avais enfin rendez-vous avec mon médecin généraliste ainsi qu'avec le psychologue. J'étais impatient d'y aller car j'avais beaucoup de questions qui restaient pour l'heure sans réponse.
Ma montre indiquait 7h07 lorsque j'eu fini mon café. J'avais déjà pris un peu de retard. En effet, j'avais à nouveau mis trop de temps à être capable de sortir du lit.
La douche attendra. Va réveiller les petits et ne traîne pas à les préparer.
Une fois les deux garçons déposaient, il me fallut plusieurs minutes avant de retrouver mon calme. Les choses simples de la vie comme leur préparer le petit déjeuner et les habiller me demandaient un effort considérable. J'étais en conséquence désagréable avec eux. Ils avaient pourtant été adorables. Je ne me reconnaissais plus et cela me rendait triste. Je repensais à Valentin et à la phrase qu'il m'avait dite en rejoignant sa classe :
« Je t'aime papa chéri. »
Les pauvres petits, je ne les mérite pas. Tu n'as pas réussi à les préserver. Ils seraient plus heureux sans moi. Stop mec ! Ne recommence pas à penser à ce genre de chose.
Je me suis empressé de m'allumer une blonde pour calmer mon anxiété.
Le médecin me prit à peu près à l'heure. La pièce dans laquelle il réalisait ses consultations était épurée. Un bureau, trois chaises, un divan d'examen et un plan de travail sur lequel se trouvait du matériel médical en vrac. Les seules décorations murales étaient des tests d'acuité visuelle. C'est lui qui prit la parole en premier :
« Alors Monsieur Blondar, comment-vous sentez-vous depuis notre dernière rencontre ?
— Je ne sais pas trop docteur, c'est un peu bizarre à expliquer.
— Prenez votre temps, exprimez-vous avec les mots qui vous viennent à l'esprit.
— Pour commencer, je me sens régulièrement angoissé. J'ai souvent une boule dans le ventre. J'ai conscience que c'est psychologique mais j'ai l'impression de ressentir une gêne physique.
— Les deux sont liés vous savez. Notre corps répond à notre état psychique. D'où proviennent ces angoisses selon vous ?
— Surtout de la culpabilité je pense.
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Mes trois meilleures amies
Mystery / Thriller"Mes trois meilleures amies" est un livre qui vous emmène au plus profond de la pire des prisons : notre tête. Jérémy est un papa et un mari comblé. Pourtant il traîne avec lui un lourd passé. Un concours de circonstances va le faire sombrer peu à...