Chapitre 1

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Premier jour :

Le voyage est un art délicat. Il s'apprend et cela prend du temps. Oui, il faut de la patience pour bien voyager. Cela réserve souvent des surprises, ce qui suppose de ne pas céder à ses premières inclinations. Bref, se laisser aller.

Je connaissais un peu la Bretagne mais pas Carnac. J'allais la découvrir un après-midi de juin. Bord de mer, ciel bleu, soleil, tout cela sentait bon les vacances. Et après deux heures de train me voilà arrivé, mais à l'arrêt : pas d'Antoine !

Je me rends alors à l'arrêt suivant, mon billet n'étant pas très clair. C'était bien le précèdent et il me faut faire demi tour. Il me conseillera de prendre le taxi : un taxi pour Carnac ! Finalement ce sera pieds que je décide d'abattre ces cinq kilomètres. À ce moment je m'interroge : ce voyage en vaut-il la peine. Patience !

Une collègue d'Antoine de Paris, en vacances dans le coin, sera assez aimable pour me récupérer sur le chemin et m'ôter ce mauvais goût de la bouche. Et puis j'arrive et là c'est le ravissement : une maison donnant à même la plage. Pas une de ces vilaines constructions mais une maison en pierres dures, de celles qui résistent à l'épreuve du temps.

Installés dehors, le soleil descendant se coucher, Antoine me fait découvrir la recette du Rhum caramel : un bon litre de rhum pour une trentaine de carambars qu'on laisse macérer. C'est simple mais à ne pas mettre entre toutes les mains ! Il fait beau et un peu frais en cette fin de journée et nous mangeons dehors dans l'attente des cinq parisiens : Julie, Loovaso, Christine, Emmanuelle et Guillaume.

Ils arrivent et le week-end peut commencer. Au repas, le ton du week-end est donné, en partie du moins. Je moque, alors de la quantité de mails échangée chaque jour par mes amis. Mais que font ils au boulot ? Etant prof j'ignore les particularités, les rythmes de la vie de bureau. Je taquine en particulier Julie qui a tout l'air d'affectionner de ce genre de messages. Mais Julie c'est tout autre chose qu'une simplement gratte-papier. La paysanne de Dom Juan, qui me donna la répliqu, impassible derrière de beaux yeux bleus, cache en réalité une grande douceur et beaucoup d'attention portée à ceux qui l'entourent.

Malgré l'heure et le voyage nous trouvons l'énergie de danser. Dans l'excitation je fais tomber mon verre de rhum caramel. Oups ! Les effets commencent à se faire sentir. Et puis, coup de folie ? Nous sortons sur la plage. Virilement nous allons à l'eau, Guillaume, Antoine et moi. Et là c'est un moment que je n'oublierai sans doute jamais où, sur le dos, un ciel étoilé s'est dévoilé à moi, à nous, dans toute sa pureté.

Deuxième jour :

Je ne suis pas le premier levé mais il est étrangement tôt lorsque je sors les pieds du lit. Au bruit des vagues, on dort bien. Petit déjeuner. Et puis nous allons en ballade à quelques mètres de la maison sur la plage. Le petit groupe suit Antoine, fin connaisseur des lieux. Cela lui vaudra le surnom de G.O. Le week-end sera d'ailleurs marqué par une série de surnoms dont j'ai oublié la plupart. La marée est encore basse et nous pouvons nous aventurer assez loin. Et c'est tout un monde que nous fait découvrir notre G.O : crabes, algues, planctons... Il commente le tout avec humour. Il saisit un petit crustacé dans les mains, l'agite et l'approche près de l'un de nous qui s'enfuit en courant. Nous avons tout l'air de découvrir cette faune, jeunes parisiens hébétés devant une nature ignorée que nous connaissions si mal et voyons si peu.

Nous nous rendons sur un semblant d'île découverte et accessible par marée basse. Allongés sur le sable nous nous sentons réellement en vacances. Nous nous livrons aussi à un petit jeu. Lequel ou laquelle de nous sortira ? Dans ces temps de loft et début de télé-réalité nous nous prêtons au jeu. On insiste, ou plutôt j'insiste sur Christine, sans raison. J'ai l'humour taquin et un certain comique de répétition. Mais je dois dire, la découvrant tout au long de ces quatre jours, son humour, sa joie de vivre, ses goûts littéraires ont achevé d'en faire une personne chère à mes yeux.

Un taxi pour CarnacWhere stories live. Discover now